jeudi 27 avril 2017

Palomo Linares

   En 1972, à Madrid comme partout en Espagne, l'aficion est déclinante, usée par plus de trente ans de franquisme durant lesquels le peuple aficionado est mis, lui aussi, sous l'éteignoir de la dictature. Les puissants en profitent : les toros ne sont la plupart du temps que des novillos afeités; partout les figures coupent, à bon compte, des montons d'oreilles. Mais lorsque le 22 mai, en pleine San Isidro, le président Pangua octroie une queue à Palomo Linares dans une corrida où il ne se coupa pas moins de neuf oreilles et une queue, face aux gentils et très peu armés toros d'Atanasio Fernandez (les domecqs de l'époque), au delà de l'euphorie de l'instant, le scandale est d'importance. La polémique enfle et dans les jours qui suivent le président doit démissionner.
   Auparavant, Palomo Linares avait été un novillero puntero, épigone du Cordobés dont il avait l'allure de chulo ainsi que l'origine sociale modeste (fils de mineur de Linares et lui-même apprenti cordonnier). Pris en charge durant toute sa carrière par les Lozano, son parcours de torero sera toujours relativement protégé. A ce titre, la temporada 1969 est restée dans les annales. En compagnie d'El Cordobés il écuma plazas de troisième catégorie et portatives devant un bétail indécent.
   Tout ceci n'empêche pas qu'il fut un bon torero et un homme à la personnalité accusée. Il était un matador populaire bien que le public lui fît parfois cher payer ses facilités et ses protections.
   Lorsque, à la fin des années soixante-dix, j'eus l'occasion de le voir, à Pamplona (devant des Pablo Romero), à Séville (en compagnie relevée : Curro et le Viti), son toreo, déjà assagi, ne m'a pas laissé de souvenir marquant, si ce n'est celui de sa silhouette fluette dans ses costumes blancs.
   Qu'il repose en paix.


















   NB :  Palomo Linares fut longtemps propriétaire, avec les Lozano, du prestigieux et ancien fer de Graciliano Pérez-Tabernero. Le fer appartiendrait aujourd'hui à ses fils mais j'ignore totalement s'il reste encore à la finca El Palomar de Seseña des descendants des fameux santacolomas de Graciliano.





















La personnalité complexe de Sebastian Palomo l'a poussé à s'exprimer également à travers la peinture. Après avoir parcouru la toile en quête de son œuvre j'ai été très agréablement surpris par le niveau de ses créations. Le hasard fait qu'a lieu actuellement au palais de l'infante Luis à Boadilla del Monte (Madrid) une rétrospective de son œuvre. Palomo Linares torero et artiste peintre!

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