lundi 18 août 2014

Un lot extraordinaire de Pedraza de Yeltes



   Il est rare, extrêmement rare, d'assister au combat d'un lot aussi complet que celui lidié en ce samedi 14 août dans les arènes de Dax.
   Et d'abord à la pique où 17 fois les Pedraza partirent à l'assaut de la cavalerie en galopant puis en poussant  longuement et sans jamais relâcher leur pression sur le cheval, avec toute leur bravoure de véritables toros de combat. Le point d'orgue étant le tercio d'anthologie offert par Miralto, troisième toro de la tarde. 4 grandes piques prises de plus en plus loin, la dernière depuis l'opposé de la piste, et tenues d'une main de fer par cet authentique maestro qu'est Tito Sandoval.
   Puis, à l'exception du deuxième, tous nobles avec de la fixité et le désir, toujours, d'aller jusqu'au bout de leur charge. La noblesse des authentiques braves.
   Il est certain que ce lot marquera de son empreinte la temporada et il faut féliciter les organisateurs dacquois pour l'avoir présenté en leur feria. Il est certain aussi que la présence physique et le comportement de ces toros remet en cause quelques idées reçues.
   La première concerne le poids. Lorsque j'en ai pris connaissance (autour de 600 kg) sur le programme distribué à l'entrée, j'ai un peu tordu le nez, craignant que des toros si lourds ne tiennent pas la distance. Il n'en a rien été. Au contraire, leur masse physique leur a sans doute donné un surcroit de puissance. Bien élevé et doté de bravoure et de caste il semblerait que l'encaste Parladé - Domecq (contrairement à d'autres) ait plus à gagner qu'à perdre à fleurter avec les 600 kg.
   On accuse souvent les toros d'origine domecq de n'être que des toros de troisième tiers et c'est souvent vrai. Les Pedraza de Yeltes ont prouvé qu'il pouvait en être autrement. Tous ont eu suffisamment de ressources physiques  pour que leur caste puisse à la fois s'exprimer pleinement au cours du premier tiers, mais aussi, par la suite, au dernier tiers au cours duquel ils ont développé des charges puissantes et longues - y compris les deux de Ferrera qui avaient été sciemment massacrés aux piques ( le 4 avant de s'arrêter, visiblement au bout du rouleau, avait chargé avec une étonnante vivacité). Les toros de Pedraza de Yeltes ont été sans conteste des toros complets.
   Il faut en venir maintenant aux points noirs de la course car, trois fois hélas, il y eut aussi beaucoup de ratés en cette après-midi qui aurait dû être triomphale et qui ne le fut pas en raison de l'insuffisance de certains éléments humains. La fameuse équation taurine Toros + Matadors = Constante fut une fois de plus parfaitement respectée.
   Antonio Ferrera s'est contenté de toucher le cachet. Il gâcha deux grands toros et repartit sous les sifflets. Honte à lui!
   On connait les limites de Javier Castaño muleta en main, on les accepte en contrepartie des qualités de sa cuadrilla. Mais voir les deux toros de bandera qui lui échurent aujourd'hui mourir tristement sous une kyrielle de pinchazos mal portés par un torero de troisième catégorie laissa en bouche un goût amer.
   En comparaison, Diego Urdiales fait figure de génie. Pourtant sa tarde - même si c'est à lui que l'on doit les moments de meilleur toreo - fut loin d'être glorieuse. Il connut d'abord les affres des trois avis face à un toro haut, puissant et incertain de comportement auquel il répondit lui-même par l'incertitude de ses actions. Si l'on ajoute à cela les préalables atermoiements sur la troisième pique  qui finalement ne fut pas donnée et l'affolement de sa cuadrilla dans les dernières minutes, les trois avis sonnèrent comme une fatalité.
   Il eut le mérite de reprendre confiance face au cinquième au point de réussir une assez bonne faena suivie d'une entière desprendida. Le tout ne méritant pas les deux oreilles accordées par un président inconséquent. Car, de ce fait, la grande tarde de toros offerte par les Pedraza de Yeltes se termina dans le ridicule avec la sortie a hombros dans l'indifférence générale d'un matador qui avait reçu trois avis pendant que le public réclamait à pleins poumons la présence dans le ruedo d'un mayoral par trop discret.
  Dacquois, il va falloir apprendre aussi à mettre en scène le triomphe des élevages!




5 commentaires:

el Chulo a dit…

velonero,

non seulement tu es un aficionado que je respecte voir admire pour tes convictions, mais il me semble nécessaire de sortir de ce ghetto de ces 11 aficionados qui savent et ne jurent que par les infects prieto de la cal ou adolfos encore plus indeterminés sans parler de quelques portugais aussi surs d'origine qu'un enfant abandonné à madagascar.
merci en tous cas de faire comprendre que le problème est la sélection, ce qui devrait être un message encourageant.
enhorabuena

velonero a dit…

Merci, cher et rare Chulo, pour ton commentaire.
Je me suis effectivement déjà interrogé sur ce blog à propos des élevages que tu cites. Cette temporada ne fait que confirmer leur situation inquiétante. Prieto de la Cal serait intéressant avec du poder mais ils sont actuellement presque tous invalides. Adolfo est en train de vendre de la bibine au prix des grands crus. Le lot de Pampelune était honteux de laideur et de decastamiento.
La sélection tout est là ... sans doute. En souhaitant que Pedraza ne suive pas le mauvais exemple de Fuente Ymbro.

Rafael a dit…

Luis Uranga et l'ancien Torero José Ignacio Sánchez confirment , n'en déplaisent à certains , que l'on peut , même avec du pur Domecq ( El Pilar par Aldanueva ) réaliser des choses formidables avec cette encastes. Pedraza de Yeltes c'est du sérieux . Depuis 2010 et sa présentation à Madrid en Novillada , Les Pedrazas vont a más . Pour les Aficionados présents à Azpeitia ces deux dernières années , le résultat de la course de Dax est une demi-surprise. Personnellement je ne m'attendais pas à voir une course aussi complète . Quelle puissance ! Quelle bravoure au cheval et tout au long de leur combat ! Et cette noblesse ! Ouah !!!! Une énorme émotion m'a envahi lors du tercio de pique du 3ème ! Vrai , je me suis pincé l'avant bras pour être sur que j'étais bien présent , vivant , que tout cela n'était pas un rêve ! En parlant de vie.....Miralto , ce Grand Brave et Noble Toro de Pedraza....il lui manquait quoi pour avoir la Grâce de nous tous ? Il nous faut quoi ? On part sur quelle base pour laisser vie à un tel Toro ? Il est ou le problème avec ce Miralto ? Il n'a pas eu 70-80 passes ....En ces mêmes arène Desgarbado a reçu un " Picotazo " a chargé 80 -90 fois , et on connaît tous le résultat ! Ils ont même fait des " Décalcomanies " .....pour se souvenir ? De quoi ? De rien....nous avions l'occasion de prendre une revanche par rapport à toutes ces conneries ! On ne l'a pas fait ! Je ne l'ai pas fait ! Pas assez conscient que nous étions entrain de vivre un grand moment de notre vie taurine .....
Attention ! Cette corrida imposait des passeports valables aux trois toreros , visiblement ceux de Ferrera et Castaño étaient périmés .....celui d'Urdiales est en cours de renouvèlement .....
Remerciements : aux organisateurs Dacquois d'avoir programmer cette course de Pedraza , à Luis Uranga et José Ignacio Sánchez pour la grande qualité de leurs toros et enfin pour ce grand Torero Cavalier au bras de fer qu'est Tito Sandoval

velonero a dit…

Merci Rafael pour ton commentaire enthousiaste.
C'est vrai que la question de l'indulto se posait et je crois que, après celui de Desgarbado, l'indulto de Miralto eut été une belle revanche toriste. Mais moi non plus je ne l'ai pas demandé ... A la réflexion, pour deux raisons : d'abord parce que je suis traumatisé par tous ces indultos pueblerinos de chèvres et de moutons, ensuite parce que je ne souhaite pas que cette pratique qui me paraît dangereuse pour l'avenir de la corrida (elle remet en cause la suerte de matar) se développe.

Ricou a dit…

Les Pedraza sortent extraordinairement bien en novilladas comme en corridas !
voir Garlin , Azpeitia , St Perdon , Salamanque .
Dommage que le public dacquois ne fut pas à la hauteur !
ce même lot au Plumaçon ......