Cette balade continue avec un magnifique petit livre de poésie édité, avec un raffinement palimpsestueux par Atelier Baie et à nouveau signé Ludovic Pautier. Sous-titré Poésie et flamenco, cet Ivoire brisé nous mène aux confins de la terre promise qui surgit parfois au cours d'une soirée flamenca lorsque le duende s'empare du cantaor.
Hommage à des artistes, évocations de chants, d'accords, de lieux, d'instants, qui par la magie des mots du poète demeurent comme l'écho de moments de vie qui se refusent à disparaître.
Ludovic Pautier est un passeur. Ses mots ont de la saveur, ses poèmes du rythme.
L' étoile ployée de sa bouche dit
d'une langue
l'huile et le limon,
se couvre
de fragiles craies
et fronce
le silence.
Au second souffle
il y a secousse
d'ivoire brisé,
celui de la hanche d'El Viejo, son père
qui alignait les rails sans se plaindre jusqu'au feu de camp.
Sa seguiriya
ralentissait les locomotives.
"Agujetas"
avec le poing encore haut,
quand ta langue
se tait,
son incision
un infime suinté de sang,
se prolonge
jusqu'au souffle de l'autre
jusqu'au poids de sa chair.
(fin du poème "Agujetas", p. 9)
Ludovic Pautier, Ivoire brisé. Poésie & flamenco, Atelier Baie, 2011
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire