Si je fais appel à mes plus anciens souvenirs taurins, je ne trouve pas trace, dans ma mémoire, de cette pratique par les toreros des années 70, à l'exception de Damaso González, le fakir d'Albacete, qui en abusait lors de ses interminables faenas.
Dans les années 80, Paco Ojeda s'appropria le procédé. Il parvint à lui donner une touche personnelle qui enflamma les publics de l'époque. Ainsi légitimée, cette manière de toréer, restée jusque là cantonnée dans le répertoire trémendiste et pueblerino, fut reprise par tous ceux qui, limités dans leur expression artistique, voyaient là un bon moyen de substitution pour toucher le public.
Et pourtant quoi de plus anti-taurin et anti-esthétique que le site culero. Le torero tourne le dos au toro, lui montre ses fesses (Quel manque de respect!). Il s'est contorsionné inesthétiquement pour aller chercher la corne contraire et se contorsionne à nouveau lorsqu'il fait tourner le toro autour de lui. En outre, l'objectif de faire accomplir un tour complet au toro nécessite de le faire passer assez loin du corps et de le guider le plus souvent avec le pico de la muleta ce qui réduit d'autant la valeur de la suerte.
Je ne résiste pas ici au plaisir de vous faire partager cette citation de Claude Pelletier extraite d'une de ses reseñas dans la revue Toros (n° 1254, juin 1985) :
"Une seule scorie : il tend soudain son postérieur et lorgne par dessus l'épaule pour l'affreuse passe du ''pétomane convulsif'' qu'on appelait jadis la ''bilbaina''. C'est laid à faire peur, mais je suppose que le torero à ce moment ne résiste pas à la tentation de se donner la preuve terminale et giratoire de sa domination."
Preuve de domination?... peut-être en certaines occasions mais lorsque la suerte est donnée plusieurs fois de suite, et parfois jusqu'à la nausée, elle met surtout en évidence l'excessive docilité du toro. Et, lorsqu'elle est donnée sur la corne gauche (circulaire inversée), cas le plus fréquent de nos jours, elle se substitue alors aux naturelles, prive le public de la plus belle (et la plus risquée) des passes et signe ainsi l'incapacité du matador à toréer de verdad.
On pourra objecter que ce toreo culero vient souvent en conclusion d'une faena complète et qu'il peut alors être considéré comme un adorno. Mais que penser d'un adorno qui enlaidit?...Je préfère quant à moi aidées par le bas et kikirikis riches du parfum d'Andalousie ou ayudados por alto plus empreints d'austérité castillane.
Le toreo culero est inesthétique, irrespectueux du toro et il révèle l'insuffisance du toreo avec la main gauche : une escroquerie trop souvent applaudie par des publics consentants.
4 commentaires:
Je ne me rappelle pas avoir vu un maestro effectuer cette passe à un miura ou a un victorino.
Sinon je suis d'accord avec toi.
Cet article me fait bien plaisir!!!
Rien à jeter.
A entendre les orgasmes taurins qui jaillissent lors de cette suerte galvaudée et vulgaire, je pensais être l'un des seuls a en être profondément insupporté.
Surtout lorsque, comme tu le dis, elle se substitue aux fondamentaux, et en plus devant des toros compatissants.
Culero....Otro simbolo del aburrimiento de pùblicos incultos, acudidos para solamente participar al baile de los pañuelos, aplaudir lo peor, y distribuir orejas, rabos, indultos.... Arte culero para pùblico hipnotisado por los charlatanes de la corrida "moderna" o NO corrida.
Merci pour le plaisir pris à vous lire, Velonero
Cette suerte est vraiment vulgaire.Elle s'insère très bien dans le "toreo artistique" de nos "figuras",rajoutant un peu plus de superflu aux faenas interminables d'un Ponce,Castella et compères.
Et ce " toreo culero " devient quasi-systématique,les trois fois où j'ai vu Castella l'été dernier,autant de fois j'ai pu le subir.
Phénomène qui s'étant aux jeunes novilleros, et s'ils pensaient à apprendre à toréer.
Maxime
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