"Le premier matador prit la corne au travers de la main droite et il sortit sous les huées. Le second matador glissa et le taureau lui transperça le ventre ; le matador s'accrocha à la corne d'une main tandis que l'autre se pressait contre la blessure, puis le taureau le projeta, boum, contre la barrière et la corne sortit; le matador tomba dans le sable, puis il se releva comme pris d'une ivresse folle et se débattit contre les hommes qui l'emportaient, hurlant qu'on lui rende son épée, mais il s'évanouit bientôt. Le gosse entra dans l'arène et il dut tuer cinq taureaux car il n'y a jamais plus de trois matadors et au dernier taureau il était si fatigué qu'il n'arrivait pas à enfoncer l'épée. Il pouvait à peine lever le bras. Il essaya cinq fois, mais la foule resta calme car c'était un bon taureau et cela semblait être lui ou le taureau, puis il finit par réussir. Il s'assit par terre et se mit à vomir; on le recouvrit d'une cape tandis que la foule hurlait des vivats et lançait des choses dans l'arène."
Extrait des Nouvelles complètes d'Ernest Hemingway, Quarto, Gallimard, traduction de Céline Zins
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