lundi 14 septembre 2009

A moitié plein ou à moitié vide



Une corrida de Victorino MARTIN c'est maintenant, presque chaque fois, comme l'histoire du verre : on peut le trouver à moitié plein ou à moitié vide.
Commençons par le positif, le verre à moitié plein.
- le lot est d'un tamaño modeste mais homogène, cinq d'entre eux sont bien roulés, harmonieux, dans le type de la maison.
- braves en général au cheval sous 12 piques avec mention pour le 2 qui, après une sérieuse première rencontre, vient de loin pour une excellente deuxième pique (ovation au picador Chano Garrido). Après une forte pétition du public Porquesi sera honoré du mouchoir bleu présidentiel. Porque no? mais à condition d'être bien conscient que le toro n'était pas exceptionnel en soi, ce qui était exceptionnel - parce que trop rare - fut de voir simplement sortir un toro brave et noble. Bon toro également le 5.
- cinq toros nobles (attention là on s'approche du vide, si on se penche trop on tombe)
- le grand intérêt du sixième, Venezolano, une alimaña dont la lidia fut passionnante. Un toro déconcertant par ses changements de rythmes incessants; en effet, il alterna en permanence douceur de charge, accélérations, arrêts en milieu de suerte, brusques retours. Un vrai Chaviste.
Passons maintenant à la moitié vide du verre.
- le manque de trapío du cinquième toro, une sardine.
- la grande faiblesse du 3, frisant l'invalidité
- la grande soseria de 3 toros (les 1, 3 et 4). Manque de moyens physiques ou manque de caste? La question est posée...Personnellement, je pencherais pour le manque de caste lié à une recherche excessive de noblesse de la part des éleveurs (les trois étaient très nobles).
Heureusement qu'il y eut Venezolano pour nous rappeler, au final, qu'on avait bien assisté à une corrida de Victorino Martin et que c'est avant tout ce genre de toro qui fait la spécificité et l'intérêt de l'élevage.
La question que tout le monde se posait concernait bien sûr l'état physique et moral du FUNDI, de retour après les graves blessures que l'on sait. Alors le Fundi? Et bien, en un mot : rassurant. Certes sans brio particulier et devant deux toros nobles et fades qui, pour un torero de sa trempe, ne posaient pas de problème particulier. Mais de la confiance et de l'envie, en particulier avec son second. Le Fundi n'est pas fini et on peut espérer le retrouver tel qu'en lui-même la saison prochaine.
Alberto AGUILAR s'est inscrit dans la catégorie des bons seconds couteaux à qui l'on peut faire confiance pour animer l'après-midi.
David MORA se verrait davantage dans le rôle de l'artiste (magnifiques véroniques à son premier, c'est si rare) mais il n'éluda pas le combat avec le 6 même si son mince bagage ne lui permit pas de s'imposer au toro.

Porquesi face au piquero

2 commentaires:

Xavier KLEIN a dit…

Plutôt que manque de caste, je dirai plutôt manque de race!
Bien sûr que notre ami Fundi n'est pas fini... juste légèrement surmené!
Amitiés.

velonero a dit…

Xavier,
à vrai dire j'ai du mal à utiliser le mot race. Pour Alvaro Domecq (El toro bravo), il s'agit de la sublimation de la bravoure "donde todo lo bravo se magnifica"; elle illumine le ruedo et tous les spectateurs la perçoivent; elle s'exprime par exemple au moment de la mort lorsque le toro résiste, debout, jusqu'à son dernier souffle.
J'utilise plus facilement le mot caste même si la caste peut aussi exister chez le toro manso, les fameux mansos con casta si intéressants à voir lidier.
Mais Santiaguito pourrait nous mettre d'accord lorsqu'il écrit : " Nous prêtons au taureau des pulsions qui nous sont propres et nous lui attribuons sans bien y réfléchir, nos vices et nos vertus. Nous faisons, en quelque sorte, de l'antropomorphisme. Et rien n'est moins raisonnable" (Taureaux braves, revue Toros, n°1249 avril 1985)

NB bravo pour ton intéressantissime texte sur les problèmes des petites plazas, telle Orthez.