lundi 7 septembre 2009

La corrida de Pedro Cordoba - citations

L'auteur souhaite donc un lecteur à la fois neutre et curieux, un non-aficionado qui ne se sente pas tenu de déverser des bannes d'injures sur ceux qui voient dans la corrida le plus beau spectacle du monde et y trouvent une exigence de courage et de vérité, peu habituelle dans une société où abondent les formes stéréotypées et maussades de l'imaginaire, la tarification de bonheurs insignifiants et les consensus majoritaires que suscite toujours l'absence de désirs. (Introduction, p.10)

La corrida émerge lentement dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, se développe, s'organise et se codifie tout au long du XIXème et son esthétique, telle qu'on peut l'apprécier aujourd'hui, a été créée par le torero Juan Belmonte peu avant 1920. La tradition, si tradition il y a, est particulièrement courte. Comme le flamenco - dont la chronologie est strictement parallèle - la corrida est un art contemporain. (La corrida, ça remonte à la nuit des temps, p. 13)

Les 450 000 hectares aujourd'hui consacrés en Espagne à l'élevage des taureaux de combat constituent des écosystèmes complexes où le taureau est roi mais où existent aussi une flore et une faune très variées, souvent en danger d'extinction. Actuellement préservé grâce à la corrida, cet espace naturel - la dehesa - serait lui aussi condamné à disparaître dans sa quasi-totalité. On trouverait à la place des OGM, des autoroutes et des lotissements. (Je suis écologiste, il faut laisser vivre les taureaux, p. 63)


Écologie et féminisme sont devenus deux forces politiques majeures, deux pouvoirs dans nos sociétés. Nul ne songerait à s'en plaindre si, les minant de l'intérieur, ne se manifestait en leur sein la tendance à communier dans les platitudes du "politiquement correct". Du coup, leur force de contestation s'en trouve érodée. Et ces mouvements finissent par basculer dans un conformisme du consensus où chacun peut se reconnaître, à condition de renoncer à penser par soi-même. C'est à cause de cette "pensée chewing-gum", infiniment sensible à l'air du temps, que les écologistes sont très majoritairement hostiles à la corrida alors qu'ils devraient la défendre. (Je suis féministe, la corrida, c'est pour les machos, p. 65)

Mais, pour l'heure, le combat, si peu démocratique, dans lequel sont engagés les militants anti-corrida, est déjà perdu : dans les régions où il est devenu signe d'identité locale, l'amour des taureaux ne fait que se développer. Parce que la corrida est un phénomène contemporain et aussi - mais ceci implique cela - parce qu'elle oppose des valeurs universelles à ce qu'il y a de plus irrespirable dans le monde actuel. (Conclusion, p. 121)

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