Avec Ruiz Miguel, Angel Teruel a été le premier torero que j'ai aimé. Rien de commun pourtant entre les deux. Si Francisco Ruiz Miguel a toujours fait partie du camp des belluaires, Angel Teruel, avec ses airs de petit marquis poudré était à mille lieu d'incarner l'idéal viril du dominateur de toros. Et pourtant, les Miuras de Madrid ou de Bilbao qu'il a combattus à plusieurs reprises ne lui faisaient pas peur ! Et surtout ne posaient aucun problème à sa maestria faite d'un mélange de froide intelligence, apanage des fins stratèges et d'un art sincère et subtil qui le rendait capable d'émouvoir aussi le public de la Maestranza.
En 1967, à l'âge de 17 ans et après 18 novilladas piquées seulement, il prit l'alternative avec succès lors de la feria de Burgos. Il suivait en cela l'exemple de prestigieux prédécesseurs : Paco Camino et José Gomez "Joselito". Lorsque l'on fait preuve de capacités évidentes, point n'est besoin de s'attarder inutilement dans les rangs des novilleros : ce ne peut être que devant des toros que l'on apprend à toréer les toros !
Au mitan des années soixante-dix, il fut durant quelques temporadas, le torero le plus intéressant et le plus régulier de l'escalafon. Sa froideur de technicien, son affectation furent alors transcendées par sa volonté de s'imposer à tous les toros, à tous les publics et à tous les toreros. Une fois cela acquis, il relâcha ses efforts et quitta les ruedos dans une relative indifférence.
Le Madrilène était un torero de classe dont l'élégance pouvait parfois passer pour de la préciosité. Le voir traverser lentement le ruedo de son pas mesuré, port altier et lèvres pincées était en soi un spectacle ... que l'on acceptait car on savait qu'il y avait du fond derrière : une lidia précise et dominatrice, un toreo classique et sincère.
1 commentaire:
Bravo et merci pour cet hommage à ce grand torero dont l'incontestable talent aurait mérité une plus grande reconnaissance.
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