mercredi 24 juillet 2019

Ma Madeleine 2019

   Les aficionados aiment bien cette petite feuille qui donne le nom des toros, leur âge, leur robe, leur ordre de sortie. On y trouve aussi le nom des banderilleros et des picadors. C'est une source d'informations mais aussi une forme d'hommage à ceux, subalternes et toros qui vont jouer leur vie sur le sable de l'arène. On s'y réfère pendant la course mais on peut aussi, le soir, le lendemain, l'annoter, la ranger et plus tard la retrouver au fond d'un tiroir pour un doux moment de nostalgie. Toutes les arènes sérieuses offrent aux aficionados ce modeste mais précieux feuillet, toutes sauf la plaza de Mont de Marsan qui, depuis l'an dernier, a décidé de les en priver. Ridicule économie de bouts de chandelle quand on songe au cachet de la moindre figure.

Mercredi 17 juillet
     corrida de La Quinta
   La noblesse a ses quartiers, ses hiérarchies, ses abâtardissements aussi. Il en va de celle des toros comme de celle des hommes. Les trois derniers La Quinta courus ce jour en sont un bon exemple.
   Le quatrième possède une charge douce, pastueña comme en rêvent tous les toreros dans leurs rêves de gloire et de triomphe. Daniel Luque, depuis quelque temps au plus haut sommet de son art, y trouve un partenaire de luxe qui lui permet d'atteindre au sublime. Toutefois, en fin de faena, au moment de ramener le toro vers les barrières pour l'estoquer, le Sévillan commet une très légère erreur : il se fait accrocher la muleta, se retrouve dans un terrain compromis en direction du toril. Toute la caste du bon santacoloma qu'il est resurgit alors chez le toro : il poursuit le torero sur plusieurs mètres, la mise en place devient difficile puis, frappé à mort par l'estocade, il renverse le matador et, malgré les sollicitations des péons, fond sur sa proie avec une rage qu'il n'a jamais montrée durant sa lidia. Le maestro se sauvera de peu et perdra, moindre mal, la deuxième oreille dans l'aventure.
   Le cinquième n'aura pas ce retour de flamme. C'est un noble dégénéré, sans le moindre surgissement d'esprit combatif. Sa vie publique est une succession de trottinements innocents, comme un dégoulinement sirupeux qui, finalement, met tout le monde mal à l'aise, public et torero. La corrida ce ne peut être cela.
   Heureusement, entre en piste le sixième. Voici maintenant un noble encasté, d'une lignée toujours prête au combat. A droite sa charge est vibrante et soutenue, sa corne gauche semble offrir de grandes possibilités. Un toro qui permet beaucoup mais demande les papiers. Hélas Thomas Dufau, bien loin de ses précédentes actuations, semble inhibé (On apprendra le soir qu'il a été hospitalisé après la corrida, souffrant des séquelles d'une maladie contractée lors d'un récent voyage au Pérou). Bien vite, c'est le toro qui, fort de tous ses quartiers de noblesse, mène le bal.

Vendredi 19 juillet
     corrida de Fuente Ymbro
   Il y a eu de tout sur le sable du Plumaçon pour la corrida de FuenteYmbro.
   Du positif :
- un toro très noble qui offre ses oreilles (le 2, vuelta) : il en faut de temps en temps.
- beaucoup de variété dans le comportement des andalous avec abondance de charges brusques, inconstantes : ça oblige les toreros à montrer leurs capacités, leur courage.
- le triomphe légitime de Lopez Simon, celui que l'on n'attendait pas.
- un bon Perera, tenace et combatif face à un toro difficile  (le 1)
- la classe et le temple virtuels de Pablo Aguado : à ce stade on en est encore à imaginer ce que ça pourrait être si ...
   Du négatif :
- de la faiblesse, une caste souvent déficiente : des toros à mille lieues des bons Fuente Ymbro (ceux de 2012 ici-même par exemple, ou ceux de Valence cette année).
- l'échec de Perera à son second.
- Aguado entre deux eaux : de la classe oui, mais pas assez d'expérience, de confiance en soi pour améliorer et façonner deux toros médiocres.


   










photo : Camille Duma

1 commentaire:

christian a dit…

Super!! Nous allons sans doute avoir ton retour sur le naufrage victorino.
A nimes le précieux papier "le sorteo"comme ils disent est supprimé pour les corridas du matin.n'importe quoi.