jeudi 28 août 2014

Quelques jours à Bilbao

























 Les toros de Domingo Hernandez "Garcigrande"
   La ganaderia Domingo Hernandez "Garcigrande" n'est pas celle qui vend actuellement le plus de toros pour rien. Elle semble avoir réussi à produire en série des toros que tout le monde aime. Les matadors car leur noblesse naïve permet beaucoup et gêne peu, les aficionados car la corrida est brillante sans être scandaleuse, le grand public car on coupe des oreilles et les organisateurs pour toutes ces raisons réunies. Le hic : l'uniformité, le manque de personnalité, de passion. Le règne du prévisible.
   Hechicero le 3 était sans doute un toro brave car il n'a cessé de charger. Il n'a impressionné personne lors du tercio de pique mais il faut reconnaitre que les toreros n'ont rien fait pour l'y mettre en valeur. Ce que je lui reprocherais c'est l'impression qu'il m'a donné de n'être qu'une mécanique, une machine à embestir (mais peut-être cela tient-il aussi à celui qui l'a toréé). Deux fois, lors des remates, il a perdu de vue la muleta et il s'est arrêté, perdu, tête en l'air, montrant le cul à son torero. Un signe habituel de decastamiento.


















Miguel Angel Perera
   Je n'ai pas aimé non plus la faena que lui a donné Miguel Angel Perera, trop facile, trop superficielle. Son toreo, en ce qui me concerne, ne passe pas la rampe devant ce genre de toro.
   Une minorité d'âmes sensibles ayant demandé l'indulto de la brave bête, Miguel Angel s'en trouva tout déconcentré et tua de manière calamiteuse.
   Que les Péréristes se rassurent (j'ai l'impression que tout le monde, cette année, est devenu pérériste) j'ai, en revanche, bien aimé l'Extremeño à son second toro. Celui-ci était loin d'être un foudre de guerre, mais il sut le mettre en confiance et le dominer sans brusquerie. Faena précise, templée, parfaitement construite. Un travail encore mal conclu, épée en main par un  bajonazo qui passa inaperçu d'une partie du public - le toro tomba illico foudroyé - mais pas du président (une seule oreille, donc).
   Et je l'ai carrément trouvé formidable le lendemain face à un Jandilla atypique, à la charge d'une extrême brusquerie - il sautait dans la muleta -  que le maestro, d'une sérénité imperturbable, domina remarquablement. Oreille encore envolée après nouvel échec à l'épée.

Être matador
   Matador, c'est l'honorable profession qu'exercent Miguel Angel Perera et Ivan Fandiño. Or, en huit toros, tous deux ont accumulé un nombre incroyable d'échecs épée en main. L'Extremeño a perdu ainsi au moins quatre oreilles. Ses bajonazos à répétition ont marqué son incapacité à se livrer sans appréhension au moment où il est nécessaire de quitter des yeux la tête de son adversaire. Une limitation regrettable à son dominio muleta en main.
   En ce qui concerne Ivan Fandiño, la qualité de ses coups d'épée a toujours été un élément non négligeable de son succès. Pourtant, en deux jours, lui aussi a complètement failli en ce domaine et a accessoirement perdu plusieurs oreilles. Ses pinchazos tendidos à répétition semblaient être portés par un novillero débutant qui ne maitrise pas encore la coordination des gestes indispensable pour porter une bonne estocade.

Les toros de Jandilla
   Les toros de Jandilla furent inégaux en caste mais intéressants par la variété de leur comportement.
   Dans l'ordre :
   - deux colorados faibles et décastés
   - un cinqueño avisé et brusque
   - un quatrième listo et revoltoso
   - un cinquième cinqueño à l'étrange embestida: sa charge était longue et galopante mais il sautait pour essayer d'attraper la muleta; il permit à M. A. Perera de montrer l'étendue de son dominio
   - enfin le dernier au comportement plus attendu, un burraco très noble et faible.

Juan José Padilla
   Réflexes amoindris, champ de vision réduit, Juan José Padilla ne put lutter à armes égales contre Trailero le quatrième Jandilla, d'autant que son pundonor toujours intact le poussa à relever le défi que lui imposait la caste du toro. Celui-ci, en le prenant deux fois, pour deux grosses cogidas au cours desquelles on frôla un nouveau drame, envoya un message très clair au Jerezano : "Torero, l'heure de la retraite a sonné!"

Le président
   En refusant la deuxième oreille à Perera après un bajonazo et en ne prenant pas en compte la demande (il est vrai très minoritaire) d'indulto pour Hechicero, le président Matias Gonzalez fut
encore une fois parfait dans son rôle de gardien du temple. Au grand dam des démagogues de la fiesta!


















photos velonero : vuelta à Hechicero de Garcigrande
                            vue depuis Artxanda (on aperçoit la plaza de toros)

Nota : Je reviendrai plus tard sur les toros de La Quinta

1 commentaire:

el Chulo a dit…

Toujours juste et mesuré, velonero. Je suis de ceux qui pensent que perera est un torero puissant et lidiador. Devant du bétail facile il perd beaucoup de son intérêt, celui de peser sur les toros pour tomber dans une faena où son aisance tue l'émotion éventuelle et lasse.