mardi 21 mai 2013

Impressions vicoises (1)



   Étrangement, la feria de Vic commence cette année à Madrid! En effet, la pluie qui tombe sans discontinuer samedi impose le report de la corrida-concours au lundi matin et laisse le temps à l'aficionado de se rendre à Las Ventas, plan B qui n'est pas sans intérêt : 6 Victorino Martin attendent  Alejandro Talavante, le cartel estrella de la San Isidro. C'est hélas un fracaso général : fracaso du temps (on a l'habitude), fracaso des toros de Victorino (qui risque de laisser des traces si le sorcier de Galapagar ne sort pas quelques lots de grande qualité d'ici la fin de la temporada), fracaso des cuadrillas (comment peut-on avoir des cuadrillas si médiocres dans une corrida si importante?), fracaso du matador enfin (à la dérive, sans les moyens de ses ambitions).

   Mais revenons au cœur de la Gascogne, à Vic Fezensac, arène de première catégorie, elle aussi.
La première surprise de la feria est divine. Ô miracle, les deux ridicules cercles concentriques ont fait place à un tracé de corrida-concours et désormais un seul picador est de sortie dans le petit ruedo vicois. Le tercio de pique et la brega ont été grandement facilité par cette mesure de bon sens.
Encore un effort Vicois, il faut maintenant rénover le revêtement de la piste, un véritable bac à sable dès la sortie du deuxième toro. Lidier sur un ruedo dans un tel état rajoute du danger au danger. Lundi, plusieurs toreros ont trébuché, la cuadrilla de Javier Castaño a été mise en danger à plusieurs reprises.

   La grande qualité de la corrida de CEBADA GAGO a été de permettre les deux formes de tauromachie : la tauromachie de combat et la tauromachie artistique.
Le troisième, avec son armure agressive, sa bravoure brute et ses charges broncas a tout du toro que l'on apprécie ici. David Mora saura le lidier à la perfection.
Le suivant, s'il est moins imposant au physique, affiche un moral de grand combattant : une charge rapide, irrégulière, tantôt longue, tantôt plus courte, avec des retours fulgurants. Un toro pour Fernando Robleño qui fera front avec courage dans une faena de combattant qui portera sur le public.
Sonambulo enfin est le toro dont rêvent ganaderos et toreros. Il est parfaitement brave et noble, se prêtant à la tauromachie esthétique que David Mora pratique avec bonheur. Il sera honoré d'une vuelta posthume non sans une certaine réticence d'une partie du public dont le cœur penche plutôt du côté des toros aux aspérités plus prononcées.
Personnellement, je me réjouis d'avoir pu trouver ces deux extrêmes dans un même lot et me réjouirai plus encore s'il pouvait en être de même tout au long de la temporada.
Quelques regrets en revanche concernant les toreros. Que Fernando Robleño ne soit pas parvenu à imposer son rythme et son parcours à son adversaire (c'eut été sublime mais c'était sans doute impossible). Que, face à Sonambulo, David Mora  ait privilégié l'esthétique au détriment de la profondeur.
Ce fut triste enfin de voir Fernando Cruz digne mais sans recours.


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