samedi 31 décembre 2011

Quelques photos de la temporada 2011


 Vic Fezensac  cite d'un Dolores Aguirre par Joselillo





Le toro sérieux de Bilbao (Fuente Ymbro)





Bilbao  Diego Urdiales face à un Fuente Ymbro




Arnedo   novillo de Prieto de la Cal berrendo en melocoton aparejado

samedi 24 décembre 2011

Cadeau de Noël

Un poème de Michel Deguy,  extrait de N'était le cœur son dernier livre paru cette année aux éditions Galilée (avec des dessins d'Alain Lestié).


Animalières

Je ne voulais pas déranger le chat qui dort dans mon fauteuil. On me le reproche. Mais pourquoi le chasser? N'était-il pas là avant moi? Je me glisse furtif, précautionneux.
Ils étaient là bien avant, en effet, le toucan, sur les berges et le petit saurien d'Amazonie ou le piranha vorace. Je ne reconnais pas ce droit sur le fleuve et la forêt où nous prétendons.
Or malgré cette pudeur, je n'insulte pas la tauromachie comme font beaucoup aujourd'hui. Est-ce contradictoire? Non. Cette belle cérémonie où l'homme conduit le fauve à la mort avec les honneurs et en risquant d'y périr, c'est comme s'il soutenait enfin du regard la mort des animaux. Il assume la responsabilité de les condamner - sans être plus tout à fait dupe de son tribunal : dans la désuétude de son propre apparat hispanique, c'est comme s'il se parodiait; digne et conventionnel comme un juge britannique à perruque, il perpétue sa sentence, mais de manière à compenser par ce combat dangereux l'abattage clandestin, le carnage insensé des espèces dont il engraisse sa propre engeance démographique.

Je me souviens
   de "l'ours et [du] singe animaux sages"
   des chevaux bouclés de Vélasquez et du lion de Barye,
   du taureau de Manet, des tigres de Delacroix et des gorilles de Camilla Adami

Le mauvais traitement c'est le domptage. Je le déteste; mais non la domestication, qui anime la maison animalière. Je n'aime pas le cirque, les dresseurs d'orques éclabousseuses à touristes ou des singes pavloviens et des panthères qu'ils font trop obéir. Je hais la synchronie servile, les récompenses diabétiques, la tyrannie puérilisante, et que les animaux miment l'esclavage. Le zoo même, je ne m'y rends pas volontiers, où les Galapagos sont déportées, et les grands prédateurs souillés.
Que faire? Il est trop tard pour arrêter la contamination du dessin animé. Tous les enfants du monde s'y contr'éduquent, dressés à l'américantropomorphisme, se mirant au miroir maléfique où les animaux ressemblent aux mômeries qu'entretiennent leurs parents, où les souris ont des culottes et les biches des yeux de poupée Barbie : bébé en singe d'un singe inoffensif consomme le remake de l'Éden américain.

Eugène Delacroix Jeune tigre jouant avec sa mère (1830)

dimanche 18 décembre 2011

Cinquante raisons de défendre la corrida (3)

Corrida et valeurs humanistes

    36.   Dans l'arène, un des plaisirs essentiels de l'aficionado est de tenter de comprendre le comportement du taureau, de penser avec lui : on est loin des jouissances perverses.
    37.   Le plaisir du spectateur vient aussi de son admiration pour l'intelligence du torero. Tel est le sens de la corrida : montrer l'intelligence humaine triomphant de la force naturelle, leçon constante et universelle de tout humanisme.
    38.   On admire également les vertus morales du torero : courage, panache, maîtrise de soi, sincérité, solidarité.
    39.   On ne peut confondre les principes de l'humanisme avec ceux de l'animalisme : l'animalisme n'est pas une extension des valeurs humanistes, il en est la négation.


Corrida et valeurs esthétiques

    40.   La corrida est un spectacle aussi puissant que singulier, un spectacle total de la grandeur et de la démesure.
    41.   L'art du toreo consiste à créer de la beauté. Le torero met de l'ordre là où il n'y avait que du chaos, il crée du beau à partir de son contraire, la peur de mourir.
    42.   L'art du toreo est à la fois classique par sa recherche du beau et contemporain par sa présentation brute du corps, de la blessure, de la mort.
    43.   La corrida est un drame tragique à qui il revient de montrer la mort dans sa réalité. Tout y est représenté comme au théâtre et pourtant tout y est vrai comme dans la vie.
    44.   La corrida est aussi liée à la fête, moment où toute une communauté se voit elle-même dans l'arène, communiant dans une même cérémonie, avec un même sentiment de vivre ensemble un évènement unique.


Les dangers de l'animalisme

    45.   L'idéologie dont le mouvement anti-taurin est porteur consiste à mettre sur le même plan animaux et hommes. Qu'en est-il des valeurs de justice, de générosité, de fraternité, des valeurs du "vivre ensemble" si l'on réduit la communauté humaine à celle, infiniment moins exigeante, des animaux?
    46.   L'image aseptisée et doucereuse que l'on se fait actuellement de l'animal dans nos sociétés industrialisées et urbanisées gagne du terrain. La corrida contredit cette vision ingénue et irresponsable.
    47.   Si l'on interdisait la corrida ne faudrait-il pas interdire aussi la chasse, la pêche, la production de foie gras etc.? Jusqu'où cette folie prohibitionniste pourrait-elle aller?
    48.   Les principes animalistes trouvent actuellement leur source dans l'impérialisme culturel anglo-saxon.
    49.   L'actuelle vague animaliste, même si elle n'a pas atteint son apogée, s'appuie sur des valeurs morales trop faibles et douteuses pour mettre à mal la corrida qui a déjà, au cours de sa jeune histoire, surmonté des oppositions autrement plus importantes.
    50.   Si un jour la corrida meurt c'est qu'elle ne déclenchera plus aucune passion. D'ici-là, il est sage pour le législateur de faire prévaloir le principe de liberté. 


"D'un coup vous supprimez la corrida. Que perd-on? On perd d'abord un rapport à l'animalité. Quelle image de l'animal restera-t-il, pour alimenter l'imaginaire de l'homme et la réalité de ses relations avec son Autre qu'est l'animal, en dehors des caniches nains du salon? Toutes les bêtes au travail ont été progressivement remplacées par des machines, et toutes les bêtes productrices de viande sont progressivement remplacées par des machines à viande qu'on n'ose pas appeler "animaux".  Est-ce cela la "nature"? Quel rite païen allons-nous conserver, dans une société qui abandonne progressivement toutes ses cérémonies? Voulons nous vraiment n'avoir plus le choix qu'entre l'utilitarisme et le radicalisme religieux? ...
Pour ceux qui l'aiment et la comprennent, la corrida est un lieu de résistance à tout ce que notre post-modernité nous fait perdre chaque jour." (Conclusion)

 

vendredi 16 décembre 2011

Cinquante raisons de défendre la corrida (2)


L'environnement

    19.   Défendre la corrida c'est défendre une des dernières formes d'élevage extensif existant en Europe.
    20.   Les dehesas (lieux d'élevage du taureau de combat) sont des réserves écologiques incomparables pour la faune et la flore.
    21.   La suppression des corridas entraînerait l'extinction du bos taurus ibericus, le taureau de combat d'origine espagnole.
    22.   Le taureau de combat est élevé de la façon la plus naturelle possible conformément à sa nature d'animal agressif.
    23.   L'homme n'est pas un animal comme les autres, il a le devoir de traiter les autres animaux en fonction de leur nature : en ce qui concerne le taureau de combat en lui permettant de vivre de la manière la plus libre possible puis de mourir en combattant dans l'arène.


Le spectacle

    24.   La corrida n'est pas un spectacle barbare, elle est née au siècle des Lumières comme une illustration du pouvoir de l'homme et de la civilisation sur la nature brute.
    25.   Les aficionados ne sont ni pervers, ni sadiques; en témoignent Mérimée, Lorca, Bergamin, Picasso et bien d'autres artistes.
    26.   La plus grande émotion éprouvée dans une arène par les spectateurs est l'admiration : admiration pour la puissance et la bravoure du taureau, admiration pour le courage et le sang-froid de l'homme.
    27.   Contrairement à ce qui se passe dans les stades de football on n'a jamais vu des actes de violence commis par des spectateurs pendant ou après une corrida; car la corrida est une école de respect : pour le rituel, pour l'animalité et la manière dont elle s'exprime, pour l'humanité.
    28.   Assister à une corrida c'est pour un enfant l'occasion de dialoguer avec un adulte sur la vie et la mort, d'avoir des explications sur le comportement animal, sur l'art humain, sur les signes du rituel.


Histoire et culture

    29.   La corrida permet de maintenir le sens des rites, de la mort, de l'animalité dont notre époque s'est considérablement éloignée.
    30.   La corrida n'est pas liée au franquisme (elle existait bien avant et a continué à se développer après); comme toute grande création culturelle, elle est politiquement neutre.
    31.   Les populations qui, en Espagne et dans le Monde, ont adopté le rituel et les valeurs de la corrida les ont intégrés à leur culture et à leurs traditions particulières, parce qu'elles y ont reconnu une part de leur humanité.
    32.   La corrida est autorisée en France là où existe une tradition car cette tradition a forgé une sensibilité, une culture taurine.
    33.   La culture taurine, régionale et minoritaire, est un élément de résistance à la mondialisation de la culture, à l'uniformisation des mœurs portées par la toute-puissance d'une civilisation anglo-saxonne dominante et conquérante.
    34.   La corrida est elle-même diverse dans ses interprétations : selon les villes, les régions, elle se vit et se sent différemment.
    35.   Si tant de grands artistes sont été inspirés par la corrida c'est que, loin d'être une manifestation folklorique, elle porte en elle de profondes valeurs humanistes.

suite

jeudi 15 décembre 2011

Cinquante raisons de défendre la corrida (1)

Voici , en plusieurs épisodes, un résumé (personnel) du petit livre de Francis Wolff paru tout d'abord aux éditions Suerte en 2010, puis repris la même année aux éditions Mille et une nuits. Le livre a été édité ensuite en Espagne aux éditions Almuzara en 2011.

Torture?
  1. La corrida n'a pas pour but de faire souffrir un animal.
  2. La corrida a pour fondement la combativité du taureau, sans elle la corrida perdrait son sens.
  3. Le deuxième fondement de la corrida est l'engagement du torero qui doit affronter le taureau en se mettant lui-même en danger de mort.
  4. Loin de fuir, dans l'arène le taureau combat en redoublant ses attaques : le combat est le contraire de la torture.
  5. Parler de torture à propos de la corrida est une insulte pour tous les suppliciés du monde.

Souffrance?

    6.   D'après les études expérimentales du professeur Illera del Portal le taureau souffre lors de son embarquement et lors de sa sortie dans l'arène (stress).
    7.    Puis lors du combat, il produit des bêtaendorphines et des neurohormones qui anesthésient la douleur et provoquent une excitation agessive.
    8.   De ce fait il ne réagit pas aux blessures par la fuite mais par l'attaque.
    9.   Si le taureau combat  c'est donc parce qu'il agit conformément à sa nature.
    10.  La corrida est un combat inégal (le taureau doit mourir, illustration de la supériorité de l'intelligence humaine sur la force brute animale) mais il faut que ce combat soit loyal (le taureau doit avoir des armes - sa puissance, ses cornes - qui peuvent lui permettre de tuer l'homme).


Mort du toro

    11.   A l'inverse de la mort honteuse et cachée des animaux dans les abattoirs industriels, la mort du taureau dans l'arène a lieu au cours d'un rite respectueux.
    12.   Le taureau est tué pour des raisons symboliques (l'animal vaincu par l'homme doit mourir), éthiques (la mise à mort est l'acte le plus risqué pour l'homme), esthétiques (une estocade réussie achève l'œuvre du matador).
    13.   Ce serait s'il était tué après la corrida que le taureau souffrirait le plus, blessé, enfermé dans un espace confiné, attendant la mort sans pouvoir combattre.
    14.   Dans la corrida, le taureau est combattu avec respect, et non abattu comme une bête nuisible ou achevé à la sauvette comme une simple machine à produire de la viande.
    15.   L'éthique de la corrida veut que l'homme ne s'estime en droit de tuer le toro qu'au péril de sa propre vie.
    16.   Le taureau de corrida est considéré comme un individu singulier doté d'un nom propre et d'un lignage, les aficionados admirent sa beauté et sa combativité.
    17.   Ce qui est conforme à la nature sauvage et rebelle du taureau c'est une vie libre et une mort en combattant.
    18.   C'est un sort beaucoup plus enviable que celui du bœuf de boucherie.


suite

lundi 12 décembre 2011

Liste de livres récents pour défendre et expliquer la corrida

L'offensive des anti-taurins en Catalogne espagnole a eu pour mérite d'inciter les aficionados à reprendre un combat militant pour la défense de la corrida.
S'il est nécessaire de porter ce combat sur plusieurs fronts, en particulier sur celui de la qualité et de l'éthique irréprochable des corridas, un domaine me paraît particulièrement important : celui des idées et des représentations. Important car il ne s'adresse pas prioritairement aux aficionados (déjà convaincus) ni aux antis (idem dans l'autre sens) mais il est avant tout destiné à la grande majorité des gens (y compris les hommes politiques), celle qui n'est ni pour ni contre et ne connaît de la corrida que les  clichés habituellement véhiculés par les médias.
C'est le philosophe Francis Wolff qui a été l'initiateur de ce mouvement, avec la grande vertu de ne pas borner son action à une attitude défensive mais en revendiquant au contraire pour la corrida une exemplarité éthique, écologique et artistique, en même temps qu'il démontrait la dangerosité des thèses animalistes pour la pensée humaniste.

Voici une liste des ouvrages parus ces dernières années :

  • Francis WOLFF   Philosophie de la corrida   Fayard   2007
  • P. CORDOBA - F. WOLFF   Ethique et Esthétique de la corrida   revue Critique   n° 723-724   2007
  • A. MAÏLLIS - F. WOLFF   D'un taureau l'autre - la tauromachie dans tous ses états   Au diable Vauvert   2008
  • GARDÈRE - GARZELLI - MANO - NORMANDIN   Les pourquoi de la corrida   Cairn   2008
  • CHAY - Le GUELLAUT - MASSIP   250 réponses à vos questions sur la tauromachie   Gerfaut   2009
  • Pedro CORDOBA   La Corrida   Le Cavalier Bleu   2009
  • Francis WOLFF   Cinquante raisons de défendre la corrida   Suerte   2010     Mille et une nuits   2010
  • A. MAÏLLIS - F. WOLFF   Nous n'irons plus à Barcelone - Posture et impostures du mouvement ant-corrida   Cairn   2011
  • Francis WOLFF   L'appel de Séville - discours de philosophie à l'usage de tous   Au Diable Vauvert   2011


En espagnol :
  • Francis WOLFF   Filosofia  de las corridas de toros    Edicions Bellaterra   2008
  • Fernando SAVATER   Tauroética   Turpial   2010
  • Rodrigo de ZAYAS   La Tauromaquia y el afán totalitario de su prohibicion   Almuzara   2010
  • Francis WOLFF   50 razones para defender la corrida de toros   Almuzara   2011  
  • Salvador BOIX   Toros si : una defensa razonada   Ediciones Temas de Hoy   2011
                                    

mardi 6 décembre 2011

Arène yankee (sans toros)


Au pays des Yankees existent des enceintes qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à des arènes.





Ce sont des lieux de grande convivialité où l'on se rend en famille ou avec des amis. Je me suis demandé si on n'y allait pas avant tout pour manger et pour boire car, sachez-le, il y a à l'intérieur du Yankee Stadium plus de bars et de restaurants que dans toutes les arènes d'Espagne réunies. La bière y coule à flots mais attention, pas question de mettre du gin ou du rhum dans son soda!





Comme chez nous, lorsqu'il pleut on protège la piste avec de grandes bâches.





 Ma place en balconcillo est très confortable mais un peu éloignée de l'action. Son prix : 57$, soit 42 €.




"Pizza, bière, hot-dogs, un homerun de temps en temps. C'est agréable. Ça ressemble plus à un pique-nique à la campagne qu'à un sport. Je ne sais pas , il y a tellement de choses qui m'échappent. Une balle courbe, un mouvement stratégique pour couvrir les bases. Nous ne l'avons pas dans le sang. En réalité on ne peut pas vraiment apprécier un jeu auquel on n'a jamais joué." (Ray Loriga)
Il faut imaginer un type qui lance une balle en direction d'un autre type muni d'un gros bâton en bois. Ce dernier tente de frapper la balle, en fait il s'évertue à la rater ou à l'envoyer là où il ne fallait pas. Et puis tout à coup, allez savoir pourquoi,  le stade s'enflamme et, sur le terrain, des tas de gens se mettent à courir dans tous les sens. Comme ça pendant trois bonnes heures!
Heureusement à mon côté un jeune frenchie déjà initié me fait découvrir les subtilités de l'art. Et ce qui aurait pu être une soirée d'un mortel ennui  prend peu à peu de l'intérêt. En fin de compte le baseball est un jeu fin et complexe, et comme tel je conçois qu'il puisse susciter de l'aficion. Son seul défaut pour un indécrottable Landais  : pas le moindre lâcher de bête à cornes dans le ruedo.

photos : Velonero
(On peut cliquer sur les photos)