L'Épopée de Gilgamesh est la première œuvre littéraire que nous connaissions. Il s'agit d'un récit légendaire de l'ancienne Mésopotamie (Irak actuel) qui se présente sous la forme de tablettes d'argile gravées il y a plus de 3000 ans en cunéiforme, premier système d'écriture inventé par les hommes.
On peut le considérer comme un texte fondateur pour la culture occidentale. Il décrit le déluge bien avant la Bible. Il préfigure les dieux et les mythes grecs. La quête de l'immortalité en est le thème central, mais, l'échec de Gilgamesh le conduit à accepter la mort, destin de chaque humain, et à accomplir une œuvre au service des autres : bâtir, écrire.
Au cœur du récit, Gilgamesh doit combattre un féroce taureau envoyé par la déesse Ishtar qui veut se venger de lui car il a repoussé ses avances. La manière dont il l'abat n'est pas sans rappeler l'estocade des toreros d'aujourd'hui. "Gilgamesh habilement de ses mains enfonce son glaive entre le cou et les cornes et frappe à mort le taureau céleste."
On peut ici se demander si les lointains auteurs du texte ont fait œuvre d'imagination pure ou s'ils se sont inspirés de pratiques existantes : sacrifices rituels d'animaux domestiques à caractère religieux ou bien combats organisés contre des taureaux sauvages qui pourraient, dans ce cas, constituer les premières manifestations humaines à caractère tauromachique.
Voici le texte complet du combat contre le taureau dans la version publiée par Berg International Éditeurs (texte établi d'après les fragments sumériens, babyloniens, assyriens, hittites et hourites, traduit de l'arabe et adapté par Abed Azrié) :
Anou entendant ces paroles
donne à Ishtar la longe du taureau céleste.
Ishtar le fait descendre sur la terre
elle le conduit sur la terre d'Ourouk.
Son arrivée répand la terreur.
A son premier mugissement
cent hommes, deux cents puis trois cents hommes tombent.
A son deuxième mugissement
cent hommes, deux cents puis trois cents hommes tombent.
A son troisième mugissement
il se dirige vers Enkidou
mais Enkidou fait un saut de côté
il attrape le taureau céleste par les cornes
le taureau céleste lui lance au visage son écume et sa bave
et avec sa queue l'asperge de sa bouse.
Enkidou dit à Gilgamesh :
"Mon ami
nous avons parlé de victoire avant le temps
comment allons nous vaincre ce taureau?
Mon ami
nous devons nous partager la tâche :
moi je saisirai le taureau par la queue
et toi, de ton glaive tu devras le frapper
entre le cou et les cornes."
Enkidou pourchasse le taureau céleste
il l'attrape par la queue
et Gilgamesh habilement de ses mains
enfonce son glaive entre le cou et les cornes
et frappe à mort le taureau céleste.
Après la mort du taureau céleste
ils lui arrachent le cœur
ils le déposent devant le dieu Shamash en offrande
et se prosternent.
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