mardi 25 février 2025

Les trois ferias

    Elles ne jouent pas dans la même catégorie que la quasi-totalité des autres ferias de la planète taurine dont l'objectif principal est de permettre aux matadors de couper des oreilles à gogo après avoir instrumenté des faenas d'au moins  cinquante passes. Elles, les trois ferias, ont une ambition bien supérieure : offrir la lidia complète de toros de caste et d'irréprochable présentation. La cause est belle et difficile à atteindre. On ne peut que souhaiter que toros et toreros soient le plus souvent possibles au rendez-vous à San Agustin del Guadalix en avril, à Vic-Fezensac en juin et à Céret en juillet.
   Voici pour cette temporada 2025 leurs cartels : 

 

 
Samedi 26 avril   
12h   novillada
Barcial - Alicia Chico
Miguel Andrades - Jesús de la Calzada 

18h   corrida
Prieto de la Cal - Cuadri
Luis Gerpe -  Juan de Castilla - Cristobal Reyes
 
Dimanche 27 avril   
12h   corrida
Dolores Aguirre
Damián Castaño 
 
 
 




Samedi 7 juin   
11h   novillada
Prieto de la Cal
Jesús de la Calzada - Pepe Luis Cirugeda - Cristiano Torres
   
18h   corrida
Saltillo 
Sanchez Vara - Gomez del Pilar - Luis Gerpe
 
Dimanche 8 juin   
11h   corrida concours
Miura - Prieto de la Cal - Villamarta
Veiga Teixeira - Pallares - Pagès Mailhan
Esaú Fernandez - José Garrido - Roman
 
18h   corrida
Dolores Aguirre
Fernando Robleño - Damian Castaño - Juan de Castilla
 
Lundi 9 juin   
11h   novillada sans picadors
 
17h   corrida
Arauz de Robles - Flor de Jara
   Morenito de Aranda
 
 
 
Samedi 12 juillet   
18h   corrida 
Saltillo
Rafael de Julia - Damian Castaño - Cristobal Reyes
 
Dimanche 12 juillet   
11h   novillada
Hermanos Quintas
Jesús de la Calzada - Pepe Luis Cirugeda - Mario Vilau
 
18h   corrida
Sobral
Curro Diaz - Fernando Robleño - Juan de Castilla
 
 
   Honneur aux braves qui participeront aux trois ferias : le novillero Jesus de la Calzada et les matadors Juan de Castilla et Damian Castaño. Avec pour ce dernier l'épreuve majeure d'affronter seul le 27 avril à San Agustin del Guadalix six pensionnaires de Dolores Aguirre. Ce sera un des cartels cumbres de la temporada. À Vic c'est Morenito de Aranda, grand triomphateur de la temporada 2024 dans le Sud Ouest, qui affrontera seul six toros le lundi de Pentecôte. Suerte Maestros !
   Côté toros, on retrouvera avec plaisir les classiques du genre (Dolores Aguirre, Saltillo) mais on pourra aussi découvrir des fers peu connus. La ganaderia Alicia Chico d'origine Arranz est la dernière à pratiquer la transhumance de son bétail (de la province de Teruel à celle de Jaen); il semble que, malgré le décès d'Alicia il y a quelques années, la tradition se perpétue. Arauz de Robles a la particularité de posséder une multiplicité d'origines, ce qui apparait dans les robes très variées de ses  toros; ils n'avaient pas foulé le sable d'une arène française depuis trente ans. Enfin les novillos des Hermanos Quintas, présents à la novillada cérétane, sont annoncés d'origine Vicente Martinez, prestigieux élevage madrilène du début du XXe siècle. On pourra en revanche regretter la surreprésentation des pensionnaires de Prieto de la Cal dont la caste est trop souvent en berne depuis longtemps déjà.
 
   Je voudrais pour terminer mentionner la cité béarnaise d'Orthez qui, le dimanche 27 juillet, organise une journée taurine particulièrement attractive avec une novillada de Yonnet le matin et une corrida de Veiga Teixeira et Dolores Aguirre l'après-midi.
 
   (On peut cliquer sur les mots en bleu pour de plus amples renseignements) 
   
   
 
 
 
 

samedi 15 février 2025

Exposition Goya à Bordeaux

 

 
   On peut voir en ce moment et ce jusqu'au 13 avril quatre lithographies taurines de Goya au MusBA (Musée des Beaux-Arts de Bordeaux). On sait que le célèbre peintre espagnol passa en exil à Bordeaux les dernières années de sa vie (1824 - 1828). Il y retrouva nombre de ses concitoyens afrancesados, c'est à dire aux idées politiques libérales, et pour cette raison en butte à l'absolutisme de Fernando VII.
   Ces fameux ''Taureaux de Bordeaux''  montrent à quel point sa créativité et son aficion a los toros sont restées intactes malgré les épreuves. Son ami, exilé comme lui, Leandro Fernandez de Moratin témoigne : "Goya dit qu'il a toréé dans sa jeunesse, et que l'épée à la main, il ne craint personne. Dans deux mois il fêtera ses quatre-vingts ans."
   On regrettera l'absence d'une lithographie de la série bordelaise (la 4, la plaza partida) mais on se consolera en admirant l'épreuve unique de "Combat de taureaux", unique car écartée au moment du tirage. En tout état de cause, cette modeste exposition se veut un simple amuse-bouche par rapport à celle en préparation pour 2028 qui célèbrera le bicentenaire de la mort du génial Aragonais.
 
 
 
 
 

 
 illustrations : - Goya   Taureaux de Bordeaux  n°3   1825
                       - statue de Goya   Bordeaux   place du Chapelet  (réplique de l'œuvre de Mariano Benlliure)

mercredi 5 février 2025

Les cogitations taurines de Jérôme Forsans

 

   Jérôme Forsans a plusieurs cordes à son arc : chimiste, artiste plasticien, voyageur, philosophe, écrivain et, bien sûr, aficionado a los toros. Dans des articles toujours passionnants parus dans des revues taurines (Toros et Mexico Aztecas y Toros) ainsi que dans les deux livres qu'il a publiés (Alchimie taurine en 2003 et Cogitoro en 2024), le natif d'Orthez s'attache à montrer en quoi la corrida conserve toute sa valeur et sa raison d'être dans le monde d'aujourd'hui.
   Il est vrai que les mutations de notre société ont connu une rapidité extrême, inconnue aux époques antérieures, à tel point que, comme le dit avec à propos Annie Ernaux, nous sommes passés - et particulèrement les gens de ma génération, les boomers -, d'une enfance dans un roman de Giono à une vie actuelle dans un film de science-fiction. Dans Cogitoro, récemment paru, Jérôme Forsans met en évidence la pertinence que garde justement la tauromachie dans les enjeux de notre époque.
   Ainsi, par la place accordée au toro, la corrida est un art qui permet de relier nature et  culture. "Nous venons au monde nus et à l'état d'ébauche comme le taureau entre dans l'arène nu et dans l'attente de la main qui le rendra à lui-même. Nos deux formes de vie convergent ici dans ce chemin à parcourir vers notre accomplissement."
   Il voit dans l'art taurin un rempart contre le divertissement inoffensif que veulent nous imposer, en guise de culture, les gurus de la Silicon Valley.
   Et, en lieu et place d'une écologie intolérante et coupée du peuple qui voudrait régir le monde en l'uniformisant selon ses propres notions du bien et du mal il aspire à une écologie plus ouverte sur la diversité des cultures et dans laquelle la tauromachie a toute sa place.
   Voilà quelques uns des thèmes abordés par l'auteur qui n'hésite pas à s'appuyer sur de nombreuses références philosophiques dont l'austérité se voit compensée par plusieurs illustrations de sa création.

Jérôme Forsans,   Cogitoro,  60 p,  2024    contact
 
 
 
 
 

 Il y a vingt ans Jérôme Forsans avait publié le très recommandable Alchimie taurine.