lundi 9 novembre 2020

Novillada à Medina del Campo

    Nous sommes le dimanche 8 novembre 2020 et je suis devant mon écran d'ordinateur en train de regarder une novillada à Medina del Campo, province de Valladolid. Le spectacle est télévisé mais il se déroule dans une arène entièrement vide de spectateurs. Dans le callejon de la plaza, hormis les toreros, toutes les personnes présentes portent un masque sur le visage.

   Il y a très exactement un an, au cours du mois de novembre 2019, dans la ville chinoise de Wuhan, province du Hubei, quelques personnes ont été atteintes d'une pneumopathie qui, après analyse, ne correspondait à aucun virus ou bactérie connus.




   Après ce préambule qui me parait avoir quelque chose d'étrange et de vertigineux, je me contenterai de relater classiquement la très bonne novillada concours de ce jour, non sans avoir au préalable noté que, si la corrida subit en ce moment des attaques répétées, elle bénéficie également de nombreux soutiens qui ont permis tout au long de ces derniers mois de la maintenir vivante. Ce jour, sans la Junta de Castilla y León et la télévision régionale CyL, rien n'aurait été possible.
   Il s'agissait d'un concours entre ganaderias de la tierra (dénommé desafío car il y eut tirage au sort), avec des novilleros de la tierra. 

   1- Africano de Miranda de Pericalvo (domecq)
Le novillo est bien roulé mais il est défectueux d'armure (gacho y brocho). Première pique appuyée avec carioca, il part de loin sur la seconde mais n'insiste pas sous le fer. Il accuse le châtiment puis va a mas au troisième tiers. Un toro correct, sans plus.
Pablo Atienza, novillero de Ségovie, torée classiquement, avec froideur, et tue d'un bajonazo.

   2- Enfadado d'Antonio Bañuelos (domecq)
Castaño, brocho. Belle charge au capote et belles véroniques. Il pousse sous la première pique puis s'élance avec une belle arrancada pour la deuxième, vite relevée. Le novillo faiblit en début de faena mais, par la suite, il charge bien, avec noblesse.
Daniel Barbero donne une faena un peu longue mais avec de très bons moments. Il est centré, sincère et torée avec la main basse. Mise à mort laborieuse : une atravesada, un pinchazo profond, un descabello.

   3- Pomposito de Pedraza de Yeltes (domecq)
Le castaño de Pedraza fait preuve d'une grande suavité dans les véroniques de réception. Une pique mal positionnée, poussant jusqu'aux tablas, une pique de très loin en poussant. Le novillo répond bien au toreo par le bas du début de faena, puis dans les séries de derechazos et de naturelles, il a gardé beaucoup de mobilité.
Valentin Hoyos, novillero originaire de La Alberca passé par l'école taurine de Salamanque, ne se centre pas et se contente d'aligner les passes. Il garde le meilleur pour la fin avec une trinchera muy torera, puis tue mal : trois pinchazos, une entière.
Vuelta al ruedo pour le bon novillo.

   4- Marinerito de Castillo de Huebra (murube)
Negro, bien armé, le murube prend une bonne première pique mais va a menos aux suivantes : il n'insiste pas sous la deuxième et sort seul de la troisième. Au dernier tiers le novillo a gardé une bonne charge avec une pointe de nerf. Un bicho intéressant.
Pablo Atienza réussit quelques bonnes naturelles mais tue à nouveau d'un affreux bajonazo.

   5- Marques de Brazuelas (domecq)
Peu connue, la ganaderia de Brazuelas est située dans la province de Valladolid. Marques est un novillo colorado, lourdaud et bien armé. A la cape sa charge est peu claire, il faiblit et chute. Première pique violente en faisant sonner l'étrier, idem pour la seconde. Au dernier tiers il se réserve.
Mais Daniel Barbero est un novillero puesto, con sitio. Il consent son adversaire et parvient à tirer quelques naturelles de bonne facture. Deux tiers d'épée. Une oreille.

   6- Misterioso de José Escolar (albaserrada)
Le novillo est un cárdeno typique de l'encaste. Il remate au burladero. Face à la cavalerie il prend une excellente première pique puis, après quelques hésitations, une bonne deuxième (très bien Alberto Sandoval). Au troisième tiers il est d'une fixité impressionnante. Sur la corne droite il charge museau au sol, répétant sa charge à l'infini avec, qui plus est, une douceur toute mexicaine.
A ce novillo de rêve on extraira de la faena de Valentin Hoyos (quel sorteo!) deux séries de derechazos en phase avec le toro mais un peu distanciados. Pinchazo, entière desprendida (le toro mugit), descabello.
Une oreille, vuelta al ruedo pour Misterioso.

   Tous les acteurs de cette novillada concours ont joué le jeu, les mises en suerte au cheval furent impeccables, les deuxièmes tercios toujours rondement menés et bien exécutés. Tout cela permit une novillada très intéressante durant laquelle il fut prouvé que les trois tercios pouvaient être mis en valeur - pour peu que l'on en ait la volonté - pour une tarde de tauromachie complète.

   Il fait nuit, il pleut, à travers les haut-parleurs l'annonce du palmarès résonne sur les gradins de ciment entièrement vides ... Mais un cycle de neuf novilladas non piquées et de deux novilladas piquées a pu se donner en Castilla y León. La fiesta sigue.

Le palmarès
   ce jour 
      meilleur novillo : Misterioso de José Escolar
         mention à Pomposito de Pedraza de Yeltes
      meilleur puyazo : Alberto Sandoval
      meilleure brega : Andres Revuelta
      meilleure paire de banderilles : Felipe Proenza

   cycle des non piquées
      meilleure ganaderia : Valdellan
      meilleur novillo : Coquilla de Sanchez Arjona
      meilleur novillero : Ismael Martin


photo : José Salvador (site Aplausos)

1 commentaire:

christian a dit…

satisfait de voir que l'escolar a fait correctement le boulot.
j'ai pour ma part vu la corrida de la tarde du dimanche dans le cadre du gira de la reconstruccion : luque fascinant d'aisance et fortes valor (quel tueur!) devant des montalvo de fort peu d'interet.
le mundillo encore debout !!!!