vendredi 10 novembre 2023

Bilan 2023

 
Ma corrida rêvée
 
 
                              6   toros de Victorino MARTIN   6 
               El JULI   -   Sébastien CASTELLA  -  Borja JIMENEZ


   Les toros blessent et parfois tuent. Cette année ils se sont contentés de blesser. Morante, Roca Rey et Daniel Luque ont dû interrompre leur temporada alors que celle-ci, au plus ardent du mois d'août, était à son zénith. Après un début d'imperator romain (les deux oreilles et la queue à Séville), Morante n'a pu renouveler sa marche triomphante de l'an passé, Daniel Luque n'a pu s'imposer définitivement en Espagne et Roca Rey a laissé sans sommeil de nombreuses empresas.
   Mais il y avait Sébastien Castella. À partir de son triomphe de la San Isidro, sa saison a été une succession de jours heureux avec, en hauts faits d'armes, sa porte du Prince sévillane  (il en rêvait) suivie quelques jours plus tard d'une faena épique et dominatrice qui constitue un des sommets de la temporada face à un manso perdido de Victoriano del Rio lors de la feria d'Automne madrilène. Heureusement que sortent encore des chiqueros des toros - braves ou mansos - avec du caractère, de la caste, comme ceux de l'éleveur madrilène qui permirent au Français de montrer chaque fois sa trempe et son talent.
   El Juli est figure de la tauromachie depuis 25 ans et depuis 25 ans il a triomphé dans toutes les arènes de la planète taurine et pourtant il n'avait jamais figuré dans mon cartel de rêve. Son julipié - qui restera, pour toujours, une ombre à sa carrière, et le peu d'intérêt que présentaient ses prestations devant des toros de peu de présence et de caste en sont les causes. Pourtant ces dernières années, il a illuminé de sa maestria de nombreuses tardes, particulièrement à Las Ventas ce qui lui a permis de retourner en sa faveur un public qui lui avait été longtemps hostile. Aujourd'hui il s'en va, laissant des regrets : pour ce qu'il a été et pour ce qu'il aurait pu être.  
   Borja Jimenez, lui, représente l'avenir. Après une longue période de maturation (alternative en 2015) qui semble être aujourd'hui nécessaire à l'éclosion de beaucoup de matadors, il a gravi cette année le premier échelon qui peut mener à la gloire : s'extraire du monton et imposer sa sincérité aux toros et aux aficionados. Il lui reste à accomplir le plus difficile : confirmer et durer. La force du rêve. ...
   
   L'excellente temporada réalisée par les toros de Victorino Martin est une bonne nouvelle. Les élevages toristes capables de se maintenir en haut de l'affiche sont rares et pour cela précieux. On ne peut que se réjouir d'y voir les victorinos à leur meilleur niveau. En espérant que quelques figures auront le pundonor lors des prochaines temporadas de s'afficher face à eux.

   Je ne voudrais pas terminer sans un mot sur Paco Ureña, injustement oublié cette année par les organisateurs français. Il a rappelé lors de la mémorable corrida de Victoriano del Rio de l'automne madrilène à quel point il était un torero de pundonor, de sincérité et d'art. De ceux qui méritent d'être en haut de l'escalafon et qui, pour d'obscures raisons, ne s'y trouvent pas.
 




4 commentaires:

christian a dit…

Ma corrida rêvée:
N'importe quel torero artiste devant n'importe quelle ganaderia de psychopathes.
Genre juan ortega devant un escolar.
Mais je pourrais aimer tout autant un belluaire devant un sucre d'orge!!
J'ai faim d' anachronisme et le mundillo en aurait bien besoin.
J'ai bien aimé cette temporada. Et quelques images me resteront au coeur.
Ce qui m'a le plus marqué? Le buzz caron qui a amené les curieux sur les gradins!
Cet idiot ne s'attendait surement pas à pareil résultat.cocasse.
Et si pour dix curieux,un ou une c'est vu(e) crucifié(e) par le jaillissement d'un toro du toril ou le relachement d'un torero a gusto alors c'est une énorme victoire et un sursis pour notre mundillo.
Te rencontrer ainsi que frédéric à céret fut aussi un bon moment.
À 2024 !!!!

christian a dit…

Il me revient en tete la volontè d'alvaro de la calle devant cet escolar de terreur à céret.
Il n'avait pas le niveau ,il le savait .comme il savait qu'il allait finir par prendre une volée mais il n'a jamais cessé d'y aller.
Ca restera un souvenir et une lecon jusqu'à mon dernier souffle.
Corrida lecon de vie!

Anonyme a dit…

Je vais établir mon podium uniquement à partir des corridas que j'ai vues depuis les gradins.
Et je n'ai pas la moindre hésitation. par ordre d'ancienneté :

Castella (Madrid en octobre)
Gomez del Pilar ( deux faenas d'anthologie à Céret face aux Escolar)
Borja Jimenez (Madrid en octobre)

Mais comme vous je ne peux passer sous silence Paco Ureña pour sa faena dans l'enfer d'un Victoriano del Rio qui n'aurait pas déparé à Céret.
Et une mention pour Damian Castaño (Céret et Madrid en septembre) et pour Clemente (Faena inspirée à Mt-de-Marsan mais aussi Arles face aux Victorinos).

2023 s'est terminée en beauté pour moi à Madrid les 6 et 8 octobre. Du coup j'ai hâte de voir arriver Pâques 2024.

Beñat

velonero a dit…

Merci Christian et Beñat pour vos commentaires inspirés.
Quelle chance, Beñat, d'avoir assisté à la corrida de Victoriano del Rio! Je ne l'ai vue que devant mon écran mais ce fut un moment extraordinaire.
On ne peut que souhaiter d'en vivre d'aussi exaltants au cours de la prochaine temporada ...