mercredi 1 juillet 2015
Corridas en Catalogne 2015
Céret
samedi 11 juillet
Dolores Aguirre
Fernando Robleño - Alberto Aguilar - Alberto Lamelas
dimanche 12 juillet
matin Juan Luis Fraile
Sanchez Vara - Morenito de Aranda - Perez Mota
tarde Adolfo Martin
Luis Miguel Encabo - Diego Urdiales - Fernando Robleño
site de l'ADAC
Millas
dimanche 9 août
novillada-concours
Concha y Sierra - Valverde - Meynadier
Hubert Yonnet - Gallon - L'Astarac
Lilian Ferrani - Joaquin Galdos - Pablo Aguado
dimanche 21 juin 2015
Corrida de La Brède : mais où est donc passé Lopez Simon?
Samedi 20 juin 2015
6 toros de Pedres (6 piques) pour Eugenio de Mora (silence et silence), Curro Diaz (1 oreille, 2 oreilles) et Juan Leal (saluts, 2 oreilles).
Rien dans la presse, rien sur internet, pas d'affiche à la taquilla ni sur la porte des arènes. La surprise est donc totale lorsque, assis sur les gradins et parcourant la feuille de sorteo distribuée par un placier, je vois le nom d' Eugenio de MORA en lieu et place de celui de Lopez Simon. Mais où est donc passé Lopez Simon?
Le remplaçant, il est vrai mal servi, joua parfaitement le rôle du fantôme de l'absent (silence et silence).
Curro DIAZ fut en revanche the right man in the right place. Conjuguant élégance torera et desmayo, le styliste de Linares eut tout au long de ses deux faenas des gestes magnifiques. Son toreo, toujours précis, épuré, était parfaitement adapté à la noblesse de ses vis à vis. Le premier, plus vif, tutoya parfois sa muleta; il sut toréer sans l'obliger son second, un réserve burraco du même élevage, qui n'aurait pas supporté un toreo plus engagé. On regrettera simplement ses estocades desprendidas.
Face au 3, un caniche écorné, Juan LEAL torchonna quelques aller-retours sans intérêt. Guère mieux face au dernier, le meilleur toro de l'après-midi, mais sa jeunesse souriante, un final encimiste comme il les affectionne et une excellente estocade au second essai lui valurent deux oreilles.
Les toros de PEDRES correctement présentés, sauf le 3, laid et sans cornes, imprésentable même dans une portative. Faibles, nobles, de peu de caste; le 2 et le 6 un ton au-dessus.
PS Réponse à la question : que l'on se rassure Lopez Simon n'est ni blessé, ni malade, il se porte même à merveille. Pourtant annoncé ici dès avant ses triomphes madrilènes, ce qui lui a laissé du temps pour préparer son itinéraire, il a tout simplement confondu le chemin de La Brède avec celui d'Istres, où il remplaçait José Maria Manzanares dimanche matin (Internet m'apprend qu'il y a même indulté un "toro" de Zalduendo). Voilà qui témoigne de bien peu d'égard envers ceux qui lui avaient fait confiance lorsque sa situation n'était pas aussi florissante qu'aujourd'hui. Muy mal torero!
6 toros de Pedres (6 piques) pour Eugenio de Mora (silence et silence), Curro Diaz (1 oreille, 2 oreilles) et Juan Leal (saluts, 2 oreilles).
Rien dans la presse, rien sur internet, pas d'affiche à la taquilla ni sur la porte des arènes. La surprise est donc totale lorsque, assis sur les gradins et parcourant la feuille de sorteo distribuée par un placier, je vois le nom d' Eugenio de MORA en lieu et place de celui de Lopez Simon. Mais où est donc passé Lopez Simon?
Le remplaçant, il est vrai mal servi, joua parfaitement le rôle du fantôme de l'absent (silence et silence).
Curro DIAZ fut en revanche the right man in the right place. Conjuguant élégance torera et desmayo, le styliste de Linares eut tout au long de ses deux faenas des gestes magnifiques. Son toreo, toujours précis, épuré, était parfaitement adapté à la noblesse de ses vis à vis. Le premier, plus vif, tutoya parfois sa muleta; il sut toréer sans l'obliger son second, un réserve burraco du même élevage, qui n'aurait pas supporté un toreo plus engagé. On regrettera simplement ses estocades desprendidas.
Face au 3, un caniche écorné, Juan LEAL torchonna quelques aller-retours sans intérêt. Guère mieux face au dernier, le meilleur toro de l'après-midi, mais sa jeunesse souriante, un final encimiste comme il les affectionne et une excellente estocade au second essai lui valurent deux oreilles.
Les toros de PEDRES correctement présentés, sauf le 3, laid et sans cornes, imprésentable même dans une portative. Faibles, nobles, de peu de caste; le 2 et le 6 un ton au-dessus.
PS Réponse à la question : que l'on se rassure Lopez Simon n'est ni blessé, ni malade, il se porte même à merveille. Pourtant annoncé ici dès avant ses triomphes madrilènes, ce qui lui a laissé du temps pour préparer son itinéraire, il a tout simplement confondu le chemin de La Brède avec celui d'Istres, où il remplaçait José Maria Manzanares dimanche matin (Internet m'apprend qu'il y a même indulté un "toro" de Zalduendo). Voilà qui témoigne de bien peu d'égard envers ceux qui lui avaient fait confiance lorsque sa situation n'était pas aussi florissante qu'aujourd'hui. Muy mal torero!
mardi 16 juin 2015
Flor de Jara
La flor de jara c'est la fleur de ciste. Carlos Aragon Cancela qui a racheté à Javier Buendía la ganaderia Bucaré (origine santa coloma issue directement du partage des Joaquin Buendía) a choisi ce nom parce qu'au printemps, les contreforts de la sierra de Guadarrama, près de Colmenar Viejo, sont couverts de cistes en fleur dont la couleur rappelle le pelage cárdeno claro qui domine dans l'élevage.
S'il est poète - et le paysage idyllique dans lequel grandissent ses toros incite à l'être - le ganadero est aussi revendicatif. Il regrette que les figuras d'aujourd'hui imposent systématiquement les toros d'origine domecq au détriment des autres encastes. Il estime que cela produit une uniformisation de la fiesta et que le public se lasse de savoir à l'avance ce qui va se passer dans l'arène. Il pense que les encastes aujourd'hui marginalisés, tels que le sien, permettraient de rompre cette uniformisation, ce qui attirerait davantage de public aux arènes.
L'an dernier l'élevage a fait lidier, essentiellement en Castille, 19 novillos et une cinquantaine d'erales. Au cours de la présente temporada deux novilladas piquées devraient être combattues dont une à Villaseca de la Segra. Si tout se déroule comme prévu, on pourrait revoir en 2016 des toros (cinqueños) de Flor de Jara dans d'importantes arènes françaises et espagnoles.
En France l'élevage s'est surtout illustré à Vic Fezensac : excellente novillada en 2009, conclue par un tour de piste du mayoral; Generoso vainqueur de la corrida-concours de 2011; brave corrida enfin en 2012 avec une vuelta à Rabinegro, second de la tarde. Depuis, de ce côté-ci des Pyrénées, les sorties de l'élevage ont été discrètes. Alors en 2016, peut-être...
Generoso vainqueur de la corrida-concours vicoise en 2011
Les cuatreños devraient connaitre un printemps de plus. L'éleveur justifie les fundas par le fait que l'encaste santa coloma produit des animaux aux cornes peu développées et qu'une trop grande usure les empêcherait de paraitre dans des plazas importantes.
Un semental avec son lot de vaches. Pour avoir un plus grand nombre de familles et éviter ainsi la consanguinité Carlos Aragon Cancela utilise un grand nombre de sementals (plus d'une quinzaine).
photos Velonero
jeudi 28 mai 2015
Une photo de Medhi Savalli
Le hasard du clic a fait rentrer dans mon petit appareil cette photo de Medhi Savalli toréant le cinquième toro de Valdellan dimanche matin à Vic.
Je ne me sens pas particulièrement compétent pour analyser la technique du toreo - les commentaires d'aficionados plus pointus sont les bienvenus - mais il me semble que cette photo montre bien pourquoi et comment l'Arlésien est passé à côté (au sens propre comme au figuré) de ce noble toro de Valdellan.
Résumons la situation : Medhi Savalli a été mis en difficulté par la caste de son premier adversaire mais son second, Huerfanito, seul cárdeno du lot, fait preuve d'une belle noblesse en particulier sur la corne droite. Medhi s'en rend parfaitement compte et exploite la longue et claire charge en plusieurs séries de derechazos templés. Pourtant le public reste tiède, la faena ne monte pas aux étagères.
Sur la photo on voit bien que torero et toro sont sur des lignes parallèles. Le toro est dirigé par le pico de la muleta. Le torero s'appuie comme il le doit sur la jambe de sortie mais c'est pour allonger la passe en ligne droite et non pour charger la suerte en dirigeant le toro vers l'intérieur par une ligne courbe, ce qui marquerait la domination et l'emprise de l'homme sur le toro.
Certes il se donne chaque dimanche des dizaines de derechazos comme celui-ci, ils permettent même de couper des oreilles. Mais, devant un public plus exigeant, si l'on veut obtenir un succès indiscutable susceptible de relancer une carrière, cette manière de toréer ne suffit pas.
mercredi 27 mai 2015
Vic : les mystères de Dolores
Plus je vois de corridas de Dolores Aguirre et plus je trouve cet élevage passionnant. Voilà des toros qui rompent avec le formatage et la prévisibilité installés dans les arènes par l'envahissement du sang domecq.
Si l'on prend en compte uniquement leur comportement au cheval, les toros du jour peuvent être qualifiés de braves. En témoignent les 17 piques qu'ils ont prises en poussant le plus souvent avec rage et fixité. A noter à nouveau après Aire, l'excellente prestation de Juan Antonio Agudo au second toro de l'après-midi. Agudo est, à ma connaissance, le seul picador capable de piquer dans le morillo.
Si l'on considère le reste de leur combat, ce serait plutôt le qualificatif de manso qu'il faudrait employer. Ils furent abantos à leur sortie puis, face à la muleta, ils hissèrent le drapeau blanc avec la mobilité galopante de ceux qui cherchent clairement la fuite.
Ce paradoxe nous conduit à un autre.
Ils étaient difficiles car leur puissance et leurs courses désordonnées pouvaient être ardues à canaliser.
Ils étaient faciles car leur fuite n'eut jamais de mauvaises intentions. D'ailleurs, les vieux briscards que sont Rafaelillo et Sanchez Vara passèrent un après-midi confortable, se contentant de les toréer élégamment sur leur voyage naturel, se gardant bien de les contraindre, jusqu'à ce que, inéluctablement, leur mansedumbre les conduise à refuser le jeu proposé. Pas de triomphe, mais pas d'échec et des risques limités à la gestion des affaires courantes.
L'attitude d'Alberto Lamelas fut autrement intéressante et révélatrice. A ses deux toros, il se croisa, alla chercher la corne contraire et, malgré un défaut de temple évident, réussit à soumettre leur charge à sa volonté. Et ses deux toros se grandirent, oublièrent les planches et se centrèrent sur la muleta dominatrice que leur proposait le torero. Ils retrouvèrent la bravoure qu'ils avaient exprimée face au cheval.
Si l'on prend en compte uniquement leur comportement au cheval, les toros du jour peuvent être qualifiés de braves. En témoignent les 17 piques qu'ils ont prises en poussant le plus souvent avec rage et fixité. A noter à nouveau après Aire, l'excellente prestation de Juan Antonio Agudo au second toro de l'après-midi. Agudo est, à ma connaissance, le seul picador capable de piquer dans le morillo.
Si l'on considère le reste de leur combat, ce serait plutôt le qualificatif de manso qu'il faudrait employer. Ils furent abantos à leur sortie puis, face à la muleta, ils hissèrent le drapeau blanc avec la mobilité galopante de ceux qui cherchent clairement la fuite.
Ce paradoxe nous conduit à un autre.
Ils étaient difficiles car leur puissance et leurs courses désordonnées pouvaient être ardues à canaliser.
Ils étaient faciles car leur fuite n'eut jamais de mauvaises intentions. D'ailleurs, les vieux briscards que sont Rafaelillo et Sanchez Vara passèrent un après-midi confortable, se contentant de les toréer élégamment sur leur voyage naturel, se gardant bien de les contraindre, jusqu'à ce que, inéluctablement, leur mansedumbre les conduise à refuser le jeu proposé. Pas de triomphe, mais pas d'échec et des risques limités à la gestion des affaires courantes.
L'attitude d'Alberto Lamelas fut autrement intéressante et révélatrice. A ses deux toros, il se croisa, alla chercher la corne contraire et, malgré un défaut de temple évident, réussit à soumettre leur charge à sa volonté. Et ses deux toros se grandirent, oublièrent les planches et se centrèrent sur la muleta dominatrice que leur proposait le torero. Ils retrouvèrent la bravoure qu'ils avaient exprimée face au cheval.
mardi 26 mai 2015
Un dimanche à Vic
Matin
6 toros de Valdellan (19 piques, vuelta au 6 Cubano) pour Paulita (applaudissements, silence), Medhi Savalli (silence, silence) et Curro Valencia (une oreille, une oreille avec blessure).
Vuelta finale de la cuadrilla de César Valencia en compagnie des deux picadors Alberto Sandoval et Ivan Garcia et du mayoral.
Après-midi
6 toros de José Escolar Gil (13 piques) pour Fernando Robleño (silence, silence), Alberto Aguilar (silence, silence) et Rafael Cerro (silence, silence).
Deux corridas à la présentation indiscutable aussi bien au niveau des armures que du volume des toros. De beaux et imposants toros comme on veut les voir ici à Vic. En revanche une grande différence entre la matinée, passionnante de bout en bout, et la soirée, qui se traîna dans un ennui profond. Et cette différence nous la devons à la caste, notion pas toujours facile à définir mais dont la journée offrait une belle démonstration pratique de ce qu'elle est et de ce qu'est son absence. Les toros du matin en étaient abondamment pourvus, ceux de l'après-midi en manquaient cruellement. Y mettre des mots : vivacité, énergie, tempérament, agressivité, pouvoir.
Les toros de Valdellan possédaient toutes ces qualités. De fait, ils poussèrent avec force sous les piques et trois d'entre eux offraient au troisième tiers de réelles possibilité de succès. Le troisième auquel Cesar Valencia coupa une oreille, le quatrième que Paulita ne toréa jamais et le cinquième à côté duquel passa Medhi Savalli. La matinée se termina en apothéose avec l'imposant Cubano, un magnifique combattant comme on les aime ici. Il enflamme le public dans un tercio de pique d'anthologie malgré quelques ratés du piquero. Il mettra ensuite la cuadrilla en difficulté au deuxième tiers. Puis, sa tête toujours haute, sa puissance, sa mobilité en feront un adversaire redoutable pour le jeune Vénézuélien qui sera pris en tentant de porter l'estocade à toro non fixé.
Il m'a semblé retrouver chez certains Valdellan la caste des Fraile bayonnais de la grande époque (même origine Graciliano), jusque dans la manière du quatrième de se briser une corne contre le burladero (il fut remplacé par un toro du même fer).
Malgré leur trapío digne de tous les éloges, les Escolar Gil de l'après-midi ont souffert de la comparaison. Sosería, toros allant a menos, se décomposant. Une perte de caste assez inquiétante pour un élevage qui, il y a peu, chassait sur les terres de Victorino. Aujourd'hui ils ressemblaient davantage à de mauvais buendías qu'à des albaserradas encastés.
La terna de la tarde, médiocre du début à la fin - on regretta l'absence de Sergio Aguilar - n'aura rien arrangé mais elle n'aurait pu, au mieux, que masquer les carences de fond du lot.
La sortie de Cubano (photo Velonero)
vendredi 22 mai 2015
Notes sur quelques jours passés à Madrid (2)
Le tercio de piques
Je m'étais imaginé innocemment que le temps des chevaux-forteresses était révolu y compris à Madrid. Il n'en est rien. Le cheval de Madrid est toujours un char d'assaut entouré d'un caparaçon muraille de Chine. Les toros se estrellan consciencieusement deux fois chacun contre eux puis repartent dégoûtés vers d'autres combats. Un toro de 600 kilos réussit à peine à les faire trembloter.
Même Tito Sandoval aux ordres de Miguel Abellan pique comme un cochon et refuse un cite de loin.
Le 7, juste derrière, qui monte sur ses grands chevaux dès qu'un toro trébuche ou qu'un torero se trouve un poil décentré, est quasiment aphone lors du tercio de piques.
Dans de telles conditions, ce sont les toros braves et puissants qui ne peuvent s'exprimer et montrer leurs qualités au premier tiers. A Madrid aussi les corridas sont incomplètes.
Je m'étais imaginé innocemment que le temps des chevaux-forteresses était révolu y compris à Madrid. Il n'en est rien. Le cheval de Madrid est toujours un char d'assaut entouré d'un caparaçon muraille de Chine. Les toros se estrellan consciencieusement deux fois chacun contre eux puis repartent dégoûtés vers d'autres combats. Un toro de 600 kilos réussit à peine à les faire trembloter.
Même Tito Sandoval aux ordres de Miguel Abellan pique comme un cochon et refuse un cite de loin.
Le 7, juste derrière, qui monte sur ses grands chevaux dès qu'un toro trébuche ou qu'un torero se trouve un poil décentré, est quasiment aphone lors du tercio de piques.
Dans de telles conditions, ce sont les toros braves et puissants qui ne peuvent s'exprimer et montrer leurs qualités au premier tiers. A Madrid aussi les corridas sont incomplètes.
mercredi 20 mai 2015
Notes sur quelques jours passés à Madrid
La blessure de Jiménez Fortes
Jiménez Fortes est venu à Las Ventas a por todas.
D'entrée sa volonté et ses bonnes manières lui valent la sympathie du public. Il a coupé une oreille à son premier toro et la puerta grande est à moitié ouverte lorsque sort Droguero, 640 kg, cinqueño, un colorado de Salvador Domecq, le toro le plus lourd de la soirée. Comme ses frères il semble limité en caste et en force et pour cela il est peu châtié en deux piques. Le Malagueño commence sa faena par des doblones peu appuyés par crainte de faire chuter l'animal. Puis, malgré le vent violent il cite au centre de l'arène, de loin, pour des derechazos. Le toro vient avec force et donne des hachazos, il accroche la muleta puis désarme le torero. Celui-ci sent que le triomphe lui échappe et joue son va-tout. Il se plante en los medios, à bonne distance, la muleta dans la main gauche. Mais le vent empêche tout cite précis. Le toro charge, prend le matador, le projette à terre où il lui transperce le cou d'un coup de corne. Jiménez Fortes se relève, porte la main à son cou ensanglanté et court vers l'infirmerie avant d'y être emporté par son valet d'épée et deux peons. La plaza est frappée de stupeur. Sur le ruedo de Las Ventas restent une cape, un lot d'épées et face au tendido 7 Uceda Leal qui estoque Droguero.
On apprendra plus tard que le pire est évité, mais une fois de plus Jiménez Fortes aura payé au prix fort sa soif de triomphe.
Puertas gayolas
Huit puertas gayolas en trois corridas, ça en dit beaucoup sur la détermination des toreros à Madrid mais, pour le public, l'habitude finit par user, par émousser l'émotion.
C'est au Prado, face aux toiles du Greco, de Zurbaran, de Ribera, que j'ai compris que les hommes qui s'agenouillent sur le sable de Las Ventas sont de la même trempe que les mystiques hallucinés que j'avais sous les yeux.
Parte facultativo de JF, photo Velonero
Jiménez Fortes est venu à Las Ventas a por todas.
D'entrée sa volonté et ses bonnes manières lui valent la sympathie du public. Il a coupé une oreille à son premier toro et la puerta grande est à moitié ouverte lorsque sort Droguero, 640 kg, cinqueño, un colorado de Salvador Domecq, le toro le plus lourd de la soirée. Comme ses frères il semble limité en caste et en force et pour cela il est peu châtié en deux piques. Le Malagueño commence sa faena par des doblones peu appuyés par crainte de faire chuter l'animal. Puis, malgré le vent violent il cite au centre de l'arène, de loin, pour des derechazos. Le toro vient avec force et donne des hachazos, il accroche la muleta puis désarme le torero. Celui-ci sent que le triomphe lui échappe et joue son va-tout. Il se plante en los medios, à bonne distance, la muleta dans la main gauche. Mais le vent empêche tout cite précis. Le toro charge, prend le matador, le projette à terre où il lui transperce le cou d'un coup de corne. Jiménez Fortes se relève, porte la main à son cou ensanglanté et court vers l'infirmerie avant d'y être emporté par son valet d'épée et deux peons. La plaza est frappée de stupeur. Sur le ruedo de Las Ventas restent une cape, un lot d'épées et face au tendido 7 Uceda Leal qui estoque Droguero.
On apprendra plus tard que le pire est évité, mais une fois de plus Jiménez Fortes aura payé au prix fort sa soif de triomphe.
Puertas gayolas
Huit puertas gayolas en trois corridas, ça en dit beaucoup sur la détermination des toreros à Madrid mais, pour le public, l'habitude finit par user, par émousser l'émotion.
C'est au Prado, face aux toiles du Greco, de Zurbaran, de Ribera, que j'ai compris que les hommes qui s'agenouillent sur le sable de Las Ventas sont de la même trempe que les mystiques hallucinés que j'avais sous les yeux.
Parte facultativo de JF, photo Velonero
mardi 19 mai 2015
Réflexions sur le public de Madrid
Sans doute faudrait-il parler des publics plutôt que du public tant on rencontre de divergences d'opinion sur les étagères madrilènes. Il est bien loin le temps des broncas féroces et unanimes de la fin des années soixante-dix. Je me souviens en particulier d'une corrida de Pablo Romero au cours de laquelle chaque matador avait entendu une bronca à la mort de chaque toro. Nous étions en 1976 et il est évident que, dans la période politique très incertaine que vivait l'Espagne à ce moment-là - Franco venait juste de mourir et c'était le tout début de la Transition - Las Ventas était un des seuls endroits de la capitale où il était possible de protester en toute impunité. El País venait juste d'être créé et l'on pouvait, au petit matin, se faire arrêter pour le simple fait de l'avoir acheté en bas de chez soi. Dans les années qui ont suivi j'ai toujours trouvé le public vif, nerveux, excessif dans ses rejets aussi bien que dans ses admirations.
En ce printemps 2015, où je retrouvais les gradins venteños après de nombreuses années de purgatoire, le public m'a semblé beaucoup plus froid et mou qu'auparavant. C'est un public déséquilibré, qui va claudicant, avec une jambe faible, celle des gens désireux de pasarlo bien, et une jambe excessivement réactive et puissante, le tendido 7. Toujours au complet, semblant bien organisé, inébranlable dans ses certitudes, bruyant dans ses manifestations, le tendido 7 est vraiment impressionnant. L'aficionado vivant au pays de Montaigne que je suis a parfois du mal à supporter la rigidité et l'intolérance de ces bataillons braillards. Il faut reconnaître toutefois qu'ils ont souvent raison et que, sans ces gardiens du temple, Madrid aurait tôt fait de devenir une arène comme les autres. Je vois pourtant quelques inconvénients à l'excessive place qu'ils ont acquise par leur comportement. Tout d'abord, en se regroupant en un même lieu et en cristallisant le mécontentement depuis leur tendido ils ont conduit le reste de l'arène à la passivité. Inutile de broncher, le 7 s'en charge. Ensuite la systématisation de leurs protestations finit par banaliser leur action et la rendre vaine. A force de crier au loup... Enfin, et c'est peut-être le plus gênant, je ne pense pas que, si je découvrais la corrida parmi eux, j'aurais envie de devenir aficionado.
En ce printemps 2015, où je retrouvais les gradins venteños après de nombreuses années de purgatoire, le public m'a semblé beaucoup plus froid et mou qu'auparavant. C'est un public déséquilibré, qui va claudicant, avec une jambe faible, celle des gens désireux de pasarlo bien, et une jambe excessivement réactive et puissante, le tendido 7. Toujours au complet, semblant bien organisé, inébranlable dans ses certitudes, bruyant dans ses manifestations, le tendido 7 est vraiment impressionnant. L'aficionado vivant au pays de Montaigne que je suis a parfois du mal à supporter la rigidité et l'intolérance de ces bataillons braillards. Il faut reconnaître toutefois qu'ils ont souvent raison et que, sans ces gardiens du temple, Madrid aurait tôt fait de devenir une arène comme les autres. Je vois pourtant quelques inconvénients à l'excessive place qu'ils ont acquise par leur comportement. Tout d'abord, en se regroupant en un même lieu et en cristallisant le mécontentement depuis leur tendido ils ont conduit le reste de l'arène à la passivité. Inutile de broncher, le 7 s'en charge. Ensuite la systématisation de leurs protestations finit par banaliser leur action et la rendre vaine. A force de crier au loup... Enfin, et c'est peut-être le plus gênant, je ne pense pas que, si je découvrais la corrida parmi eux, j'aurais envie de devenir aficionado.
lundi 18 mai 2015
Madrid
Vendredi 15 mai plaza de toros Monumental de Las Ventas Madrid.
Soleil, vent violent.
Lleno de no hay billetes.
6 toros de Parladé (cinqueños, 12 piques, ovation aux 4 et 6) pour Miguel Abellán (une oreille, division d'opinions), Miguel Angel Perera (applaudissements, silence) et Ivan Fandiño (silence, pétition d'oreille).
Salut du banderillero Joselito Gutierrez au 2.
La corrida a été marquée par le vent violent qui a pratiquement empêché tout toreo de cape et a considérablement gêné les matadors durant les faenas de muleta.
Les toros de Parladé, d'excellente présentation, ont fait preuve à des degrés divers de bravoure et de noblesse mais, sauf le 4, tous ont manqué d'alegria dans les charges et sont allés a menos.
Oreille un peu bénévole pour Miguel Abellán au 1 pour quelques belles naturelles données une à une en se croisant au maximum. Il resta en revanche en dessous du 4, le plus mobile de la soirée. Son échec fut souligné avec cruauté par le tendido 7.
Le vent et la fadeur de ses adversaires ne permirent à Miguel Angel Perera de montrer la douceur et le temple de sa muleta que parcimonieusement.
Après l'échec de son encerrona du début de la temporada, Ivan Fandiño s'est enlevé l'épine du pied grâce à une excellente faena au 6. Pinchazo avec violente cogida qui laisse le matador groggy dans l'émotion générale, puis belle entière qui, elle, laisse le président de marbre malgré la pétition. Le soir, au tablao flamenco La Quimera, la magnifique énergie des artistes faisait écho en moi à l'impression de force retrouvée chez le Basque.
lundi 11 mai 2015
Juin 2015 : Toros en Gironde
CAPTIEUX
dimanche 7 juin
17h novillada
El Tajo La Reina
Lilian Ferrani - Louis Husson - Andrés Roca Rey
Rugby y toros, le blog

LA BREDE
samedi 20 juin
11h30 novillada sans picadors
Frères Bats "Alma Serena"
Baptiste Cissé - Tibo Garcia
18h corrida
Pedres
Curro Diaz - Lopez Simon - Juan Leal
programme
samedi 2 mai 2015
Novillada-concours d'Aire : une belle réussite
Pour qu'un concours de ganaderias soit réussi il faut deux conditions:
- que les hommes à pied et à cheval soient prêts à jouer le jeu et qu'ils aient les capacités techniques pour le faire
- que les toros sélectionnés possèdent suffisamment de bravoure pour ne pas rendre l'exercice vain.
Mais lorsque l'on a en plus un novillo brave et de fort tempérament et un torero d'excellent niveau qui donne deux leçons de bon toreo, il y a de quoi sortir entièrement satisfait d'un spectacle qui constitue toujours un pari.
Le concours opposait six novillos d'origine santacoloma.
Escribano de José ESCOLAR GIL (ligne Albaserrada) est un cárdeno sans puissance ni fixité en deux piques puis mobile et noble (sur la corne droite) bien que distrait. Applaudissements.
Torrealta de VALDELLAN (ligne Graciliano) sera le novillo de l'après-midi. Negro. 4 piques prises en partant avec un franc galop mais un défaut, celui de ne pas pousser très longtemps, on peut se demander si le fait que le picador retire très vite la pique n'incite pas le novillo à cesser son effort. Au troisième tiers il est vif, codicioso avec une charge franche et soutenue en particulier sur la corne droite. Vuelta al ruedo.
Africanito de FLOR DE JARA (ligne Buendía), cárdeno, peu fait, semble posséder les bonnes qualités de son encaste (bravoure et noblesse) mais sa faiblesse l'empêche de les exprimer.
Quirurgico de RASO DE PORTILLO (encaste Buendía par Dionisio Rodriguez, le romantisme, mais aussi son comportement, voudrait qu'il subsistât en lui quelques gouttes de la vieille race de Castille). Negro, charpenté. Puissant en quatre piques remarquablement citées et données par Juan Antonio Agudo. Il y pousse par à coups, puis au troisième tiers il est mobile et noble mais sort des passes la tête haute. Ovation.
Clarinero de Pablo MAYORAL (ligne Buendía). Cárdeno oscuro, peu armé. 4 piques. C'est un toro que l'on sent en permanence tenté par la fuite; à la muleta il chargera avec noblesse, voire candeur. Applaudissements.
Jabato de COQUILLA de SANCHEZ ARJONA. Noir, haut, bien armé. 2 piques prises avec plus de nerf que de bravoure. Sa charge est brusque et piquante, remarquablement canalisée et modelée par son matador. Ovation.
Si l'on doit tirer un enseignement de l'ensemble de ces combats c'est la facilité avec laquelle tous les novillos sont allés au cheval - même si aucun n'y a poussé de verdad, ainsi que leur capacité à charger au troisième tiers avec noblesse et sin rajarse. Un bon point pour l'encaste santacoloma.
Borja ALVAREZ, basto, hésitant, plein de bonne volonté mais très limité en tout, joua le jeu et réussit quelques droitières méritantes à ses deux novillos.
Louis HUSSON montra une grande aisance dans le maniement de la cape et fut souvent remarquable dans les mises en suerte. Excellent tueur aussi, qui s'engage à fond. Sa marge de progression à la muleta est encore très grande. Une oreille du novillo de Valdellán.
Dès que ROCA REY s'est ouvert de cape on a senti que l'on était dans une autre dimension, celle d'un novillero puesto qui semble déjà prêt à tutoyer les figures sur leur terrain. Sitio, élégance, temple, rythme, tout avait chez lui la saveur des élus. Avec un tel niveau il peut retirer de son répertoire les culerinas par lesquelles il termina ses faenas. Grande estocade et deux oreilles après avoir canalisé et dominé la charge brute du Coquilla. On pourra le revoir en juin à Captieux et pour le 15 août à Roquefort.
prix au meilleur novillo : Torrealta de Valdellán
prix au meilleur picador : Juan Antonio Agudo qui piqua le Raso de Portillo
- que les hommes à pied et à cheval soient prêts à jouer le jeu et qu'ils aient les capacités techniques pour le faire
- que les toros sélectionnés possèdent suffisamment de bravoure pour ne pas rendre l'exercice vain.
Mais lorsque l'on a en plus un novillo brave et de fort tempérament et un torero d'excellent niveau qui donne deux leçons de bon toreo, il y a de quoi sortir entièrement satisfait d'un spectacle qui constitue toujours un pari.
Le concours opposait six novillos d'origine santacoloma.
Escribano de José ESCOLAR GIL (ligne Albaserrada) est un cárdeno sans puissance ni fixité en deux piques puis mobile et noble (sur la corne droite) bien que distrait. Applaudissements.
Torrealta de VALDELLAN (ligne Graciliano) sera le novillo de l'après-midi. Negro. 4 piques prises en partant avec un franc galop mais un défaut, celui de ne pas pousser très longtemps, on peut se demander si le fait que le picador retire très vite la pique n'incite pas le novillo à cesser son effort. Au troisième tiers il est vif, codicioso avec une charge franche et soutenue en particulier sur la corne droite. Vuelta al ruedo.
Africanito de FLOR DE JARA (ligne Buendía), cárdeno, peu fait, semble posséder les bonnes qualités de son encaste (bravoure et noblesse) mais sa faiblesse l'empêche de les exprimer.
Quirurgico de RASO DE PORTILLO (encaste Buendía par Dionisio Rodriguez, le romantisme, mais aussi son comportement, voudrait qu'il subsistât en lui quelques gouttes de la vieille race de Castille). Negro, charpenté. Puissant en quatre piques remarquablement citées et données par Juan Antonio Agudo. Il y pousse par à coups, puis au troisième tiers il est mobile et noble mais sort des passes la tête haute. Ovation.
Clarinero de Pablo MAYORAL (ligne Buendía). Cárdeno oscuro, peu armé. 4 piques. C'est un toro que l'on sent en permanence tenté par la fuite; à la muleta il chargera avec noblesse, voire candeur. Applaudissements.
Jabato de COQUILLA de SANCHEZ ARJONA. Noir, haut, bien armé. 2 piques prises avec plus de nerf que de bravoure. Sa charge est brusque et piquante, remarquablement canalisée et modelée par son matador. Ovation.
Si l'on doit tirer un enseignement de l'ensemble de ces combats c'est la facilité avec laquelle tous les novillos sont allés au cheval - même si aucun n'y a poussé de verdad, ainsi que leur capacité à charger au troisième tiers avec noblesse et sin rajarse. Un bon point pour l'encaste santacoloma.
Borja ALVAREZ, basto, hésitant, plein de bonne volonté mais très limité en tout, joua le jeu et réussit quelques droitières méritantes à ses deux novillos.
Louis HUSSON montra une grande aisance dans le maniement de la cape et fut souvent remarquable dans les mises en suerte. Excellent tueur aussi, qui s'engage à fond. Sa marge de progression à la muleta est encore très grande. Une oreille du novillo de Valdellán.
Dès que ROCA REY s'est ouvert de cape on a senti que l'on était dans une autre dimension, celle d'un novillero puesto qui semble déjà prêt à tutoyer les figures sur leur terrain. Sitio, élégance, temple, rythme, tout avait chez lui la saveur des élus. Avec un tel niveau il peut retirer de son répertoire les culerinas par lesquelles il termina ses faenas. Grande estocade et deux oreilles après avoir canalisé et dominé la charge brute du Coquilla. On pourra le revoir en juin à Captieux et pour le 15 août à Roquefort.
prix au meilleur novillo : Torrealta de Valdellán
prix au meilleur picador : Juan Antonio Agudo qui piqua le Raso de Portillo
lundi 27 avril 2015
Miura ganaderia d'avenir
Ce fut un plaisir de voir (à travers le prisme du petit écran) ces six magnifiques toros de Miura. Certes les pitones sont toujours aussi fragiles et leur robe a, depuis quelques années, tendance à se déployer dans toutes les nuances du gris au détriment de la variété traditionnelle des pelages de la maison, mais l'harmonie si particulière du toro de Miura demeure.
Le comportement du lot a suscité un intérêt permanent dans le ruedo sévillan; et on peut penser qu'il correspond à ce que les ganaderos souhaitent pour leur élevage. A savoir un équilibre entre le danger (pressant ou sournois) dont les miuras doivent faire preuve pour rester fidèles à ce que l'on attend d'eux et les possibilités offertes de pratiquer un toreo de troisième tiers. Aujourd'hui le danger était bien présent chez les six à des degrés divers, et trois d'entre-eux offrirent des possibilités de construire des faenas. Ainsi le très brave Trapero, deuxième du jour, se laissa-t-il donner - comme un vulgaire domecq - deux cambios por la espalda avant de faire naufrager, par sa caste, un Manuel Escribano très décidé mais à la muleta bien trop inconsistante. Ainsi le magnifique cinquième, Bandolero, dont la fixité et la noblesse permirent le desquite au même Escribano fut-il à deux doigts de l'étriper lors d'une statuaire donnée au fil des tablas en début de faena.
L'élevage célébrait rien moins que 75 années de présence ininterrompue à la feria de Séville et, après les six toros de ce jour, tous les espoirs sont permis pour les 75 prochaines années!
Le comportement du lot a suscité un intérêt permanent dans le ruedo sévillan; et on peut penser qu'il correspond à ce que les ganaderos souhaitent pour leur élevage. A savoir un équilibre entre le danger (pressant ou sournois) dont les miuras doivent faire preuve pour rester fidèles à ce que l'on attend d'eux et les possibilités offertes de pratiquer un toreo de troisième tiers. Aujourd'hui le danger était bien présent chez les six à des degrés divers, et trois d'entre-eux offrirent des possibilités de construire des faenas. Ainsi le très brave Trapero, deuxième du jour, se laissa-t-il donner - comme un vulgaire domecq - deux cambios por la espalda avant de faire naufrager, par sa caste, un Manuel Escribano très décidé mais à la muleta bien trop inconsistante. Ainsi le magnifique cinquième, Bandolero, dont la fixité et la noblesse permirent le desquite au même Escribano fut-il à deux doigts de l'étriper lors d'une statuaire donnée au fil des tablas en début de faena.
L'élevage célébrait rien moins que 75 années de présence ininterrompue à la feria de Séville et, après les six toros de ce jour, tous les espoirs sont permis pour les 75 prochaines années!
vendredi 17 avril 2015
Mont de Marsan : cartels de la Madeleine 2015
mardi 21 juillet
concours landais
mercredi 22 juillet
Domingo Hernandez "Garcigrande"
Diego Urdiales - Miguel Angel Perera - Alejandro Talavante
jeudi 23 juillet
matin : novillada sans picadors
Juan Pedro Domecq
Juan José Padilla - José Maria Manzanares - Thomas Dufau
vendredi 24 juillet
Victoriano del Rio
Enrique Ponce - Ivan Fandiño
soir : corrida portugaise
samedi 25 juillet
matin : novillada
Jean Louis Darré
Clemente - Gines Marin
Cebada Gago
Rafaelillo - Javier Castaño - Perez Mota
dimanche 26 juillet
Victorino Martin
Antonio Ferrera - El Cid - Alberto Aguilar
Lorsque j'ai pris connaissance des cartels, ma réaction spontanée a été le soulagement. Pour la bonne (et égoïste) raison que, ayant prévu de batifoler sous d'autres cieux au moment où se donnera la feria montoise, je n'ai rien trouvé dans les combinaisons annoncées qui pût me faire regretter mon absence.
Certes, à l'analyse, les cartels peuvent paraitre solides. Sur les trois corridas pour vedettes, deux proviennent de ganaderias qui, lors de la temporada passée, ont fait preuve, dans leur catégorie, d'une régularité de bon aloi (Garcigrande et Victoriano del Rio). Et finir la feria avec les élevages de Cebada Gago et de Victorino Martin est un gage de sérieux. Rien à redire.
Côté hommes en revanche, on a l'impression que les cartels ont été conçus à l'heure de la sieste. Ça ronronne gentiment. On a connu les productions Simon Casas & Co plus inspirées. Passons sur le mano a mano Ponce - Fandiño. Pourqui pas? Approuvons sans réserve la mise sur la touche d'El Juli et de Morante de la Puebla largement justifiée par leurs médiocres prestations de l'an dernier sur le sable du Plumaçon ainsi que par les prétentions exorbitantes de leurs cachets. Mais une question se pose : où sont passés les jeunes? A Mont de Marsan, comme en trop d'autres lieux, la feria semble être l'antichambre de la maison de retraite.
mercredi 8 avril 2015
Mugron
Temps ensoleillé, vent froid
Arènes pleines
6 novillos de Baltasar Iban (17 piques, 4 chutes, vuelta au 2 Peletero) pour Alejandro Marcos (silence, salut), Louis Husson (salut, une oreille) et Pablo Aguado (silence, applaudissements)
Le lot de novillos de Baltasar Iban, puissant et encasté a largement débordé les novilleros du jour. Toutefois, Louis Husson, en se montrant à son avantage au cinquième après avoir subi la loi de Peletero, a prouvé qu'il possédait des ressources morales. Le Sévillan Pablo Aguado eut quelques gestes de classe au dernier; il avait auparavant connu (ainsi que sa cuadrilla) une déroute totale face au très sérieux troisième. Le Salmantin Alejandro Marcos passa inaperçu.
Le héros du jour fut le second novillo, Peletero, quintessence de ce que peut engendrer une grande maison comme Baltasar Iban. Formes parfaites, bravoure supérieure qu'il exprima tout au long de son combat et particulièrement au cours du premier tiers (3 piques, 1 batacazo) et noblesse muy encastada qui demandait une main de fer.
mardi 31 mars 2015
Toreos (4)
Je relis ce que j'ai écrit dans les textes précédents sur le toreo et je m'aperçois que ce ne sont que des mots, des mots qui classent, qui catégorisent et donc qui séparent (le bon grain de l'ivraie?). Dans la réalité de l'arène bien souvent tout se mélange : le pur et l'impur, le classique et le moderne, le sincère et le ventajista.
Rien n'est immuable dans le style d'un matador. On a vu une figure du toreo tremendiste, Pedres, devenir un maestro classique. Je me souviens avoir admiré à Madrid, à la fin de sa carrière, l'art épuré d'Espartaco. Et Frascuelo, aujourd'hui icône du toreo pur, avait commencé à se faire une place comme torero bullidor y valiente avant qu'une terrible blessure reçue à Bilbao en donnant une larga a puerta gayola ne l'écarte du circuit. Non, rien n'est écrit : "Chaque homme doit inventer son chemin".
On a parfois l'impression qu'il n'y a plus de place que pour le toreo moderne. Pourtant José Tomas, Morante de la Puebla, El Cid, Ivan Fandiño, Diego Urdiales n'y ont recours qu'accessoirement. Et ces cinq toreros, dans l'histoire taurine de ce début de siècle, pèsent lourd, très lourd.
Il existe des formes de toréer qui ne passent pas obligatoirement par cette ligne de partage entre classique et moderne. Lorsque l'aspect physique, la puissance, la malignité du toro imposent à l'homme un combat qui semble disproportionné, nous entrons dans le domaine de l'épique. Archétype de cette situation : Alberto Lamelas et Gabin Rehabi face à Cantinillo de Dolores Aguirre (Vic 2014). C'est l'essence même de la tauromachie et c'est, paradoxalement, une circonstance exceptionnelle car elle n'est possible que lorsque se rencontrent un toro extrêmement puissant ou particulièrement difficile à lidier et un torero extrêmement motivé. Dans les temps anciens, lorsque le cheval n'était pas protégé et le picador encore une vedette - en témoigne toujours l'or de son costume - c'est le premier tercio qui était celui de l'épique. Aujourd'hui, le cheval ultracaparaçonné et la volonté de préserver la mobilité du toro pour la faena de muleta ont le plus souvent réduit le tercio de pique à une simple formalité.
Il est temps maintenant de rappeler que le toreo n'existe pas en soi. Il est l'art de toréer ... un toro et dépend donc entièrement de cet élément premier qu'est le toro de combat.
Ce qui rend le toreo - qu'il soit moderne ou classique - passionnant c'est, pour le spectateur, la capacité de percevoir de quelle manière le torero adapte sa stratégie aux qualités ou défauts du toro, mais aussi de quelle manière il transforme le comportement du toro pour l'adapter au toreo qu'il veut réaliser. Il y a dans cette alchimie dialectique, portée par le courage et l'intelligence du matador, démonstration de la domination de l'homme sur la bête, une grandeur qui fait toute la richesse et la valeur du toreo et de la corrida.
L'ennui c'est la recherche d'une trop grande facilité, qui conduit l'aficionado à se désintéresser de ce qui n'est plus un combat. Chaque fois que le rapport de force leur a été favorable, les figures et leur entourage ont cherché à imposer le toro jeune, voire afeité. Aujourd'hui, certains ganaderos tentent d'élever un type de toro dont l'âge et l'apparence physique sont irréprochables mais dont la bravoure est si proche de l'innocence qu'il donne l'impression de se faire la faena lui-même. Dès lors peut-on parler de toreo? A moins que cette impression ne vienne de l'excellence des hommes qui les toréent, rétorqueront certains...
Au delà des préférences de chacun, il me parait normal et sain pour la tauromachie qu'une temporada taurine offre aux publics la possibilité de voir toute la palette des différents toreos. Variété indispensable en ce qui concerne les styles, les formes de toreo mais variété non moins indispensable en ce qui concerne les toros, donc les encastes. En agissant pour imposer cette variété aux organisateurs, les aficionados évitent à la corrida de sombrer dans le prévisible et l'uniformité qui la réduiraient à n'être plus qu'un produit standardisé que l'on vend à des consommateurs à l'occasion des ferias.
Jackson Pollock Number 8 Neuberger Museum New York
samedi 28 mars 2015
L'évènement de la temporada
Quel qu'en soit le résultat, la corrida de demain à Madrid est l'évènement de la temporada, celui qui fait battre le cœur de tous les aficionados a los toros de la planète taurine.
Un homme seul et face à cet homme seul rien moins que ça.
Merci Ivan FANDIÑO et ¡chapeau!
photo de l'affiche : Antonio Sevi
Un homme seul et face à cet homme seul rien moins que ça.
Merci Ivan FANDIÑO et ¡chapeau!

photo de l'affiche : Antonio Sevi
mercredi 18 mars 2015
Le printemps des novilladas en Aquitaine
Début de temporada particulièrement attractif en ce printemps 2015 avec un cycle de novilladas qui, toutes, donnent envie de montrer son nez sur les gradins. Encastes variés, élevages peu connus ou prestigieux, novilleros que l'on imagine remplis d'illusion. Et le rappel - pour ceux qui en douteraient - que ces novilladas offrent souvent bien plus d'intérêt que la plupart des corridas pour vedettes des grandes ferias de l'été.
Dimanche 22 mars
Samadet
Philippe Cuillé
Manolo Vanegas - Guillermo Valencia - Alvaro Garcia
Lundi 6 avril
Mugron
Baltasar Iban
Alejandro Marcos - Louis Husson - Pablo Aguado
Dimanche 19 avril
Garlin
Pedraza de Yeltes
Alejandro Marcos - Joaquin Galdos - J. E. Colombo ou L. M. Terron
Vendredi 1 mai
Aire sur Adour
Escolar Gil - Valdellan - Raso de Portillo
Pablo Mayoral - Flor de Jara - Coquilla de Sanchez Arjona
Borja Alvarez - Louis Husson - Andrés Roca Rey
Dimanche 7 juin
Captieux
El Tajo La Reina
Lilian Ferrani - Louis Husson - Andrés Roca Rey
paseo à Garlin
Dimanche 22 mars
Samadet
Philippe Cuillé
Manolo Vanegas - Guillermo Valencia - Alvaro Garcia
Lundi 6 avril
Mugron
Baltasar Iban
Alejandro Marcos - Louis Husson - Pablo Aguado
Dimanche 19 avril
Garlin
Pedraza de Yeltes
Alejandro Marcos - Joaquin Galdos - J. E. Colombo ou L. M. Terron
Vendredi 1 mai
Aire sur Adour
Escolar Gil - Valdellan - Raso de Portillo
Pablo Mayoral - Flor de Jara - Coquilla de Sanchez Arjona
Borja Alvarez - Louis Husson - Andrés Roca Rey
Dimanche 7 juin
Captieux
El Tajo La Reina
Lilian Ferrani - Louis Husson - Andrés Roca Rey
paseo à Garlin
samedi 7 mars 2015
Feria de Vic Fezensac 2015 : les cartels
Samedi 23 mai 18h
Cebada Gago
Manuel Escribano - Perez Mota - Thomas Dufau
Dimanche 24 mai 11h
Valdellan
Paulita - Medhi Savalli - César Valencia
18h
Escolar Gil
Fernando Robleño - Sergio Aguilar - Alberto Aguilar
Lundi 25 mai 17h
Dolores Aguirre
Rafaelillo - Sanchez Vara - Alberto Lamelas
Bien sûr on aurait souhaité la présence d'Ivan Fandiño et de Diego Urdiales ... Quoiqu'il en soit ce sont des cartels sains, loyaux et marchands d'une feria toriste dont il faut souhaiter qu'elle connaisse la même réussite que l'an passé.
NB : Que s'est-il passé à Vic? L'annonce - très attendue - des cartels en a déçu plus d'un. En effet, au cours de ces dernières semaines, la rumeur a couru que le réputé diestro sévillan Morante de la Puebla avait donné son accord pour sa participation à la feria vicoise. D'après les échos parvenus à l'oreille de l'œil contraire, l'artiste se serait dédit au dernier moment, non comme on aurait pu le penser pour une question financière, mais au prétexte que les cartels manquaient de catégorie. D'aucuns pensent que le maestro, dont la fragilité d'esprit est bien connue, aurait pu être manipulé par ses mentors de la FIT dans le but de déstabiliser les actuels organisateurs vicois. Car nul ne doute plus aujourd'hui que la plaza gersoise est un élément clé dans la stratégie du consortium fusionnel international pour étendre son pouvoir à l'ensemble de la planète taurine.
NB2 : Pour justifier la palinodie du matador de La Puebla - qui a laissé beaucoup d'amertume à Vic - la FIT a publié un communiqué si alambiqué qu'on à peine à croire que tant de maladresse ne soit volontaire. Nous ne serons sans doute pas les seuls à y voir une déclaration de guerre à l'empresa actuelle de Vic Fezensac ... ainsi qu'à toutes celles de France, d'Espagne et du Mexique qui ne se trouvent encore sous l'empire de la Fusion.
Cebada Gago
Manuel Escribano - Perez Mota - Thomas Dufau
Dimanche 24 mai 11h
Valdellan
Paulita - Medhi Savalli - César Valencia
18h
Escolar Gil
Fernando Robleño - Sergio Aguilar - Alberto Aguilar
Lundi 25 mai 17h
Dolores Aguirre
Rafaelillo - Sanchez Vara - Alberto Lamelas
Bien sûr on aurait souhaité la présence d'Ivan Fandiño et de Diego Urdiales ... Quoiqu'il en soit ce sont des cartels sains, loyaux et marchands d'une feria toriste dont il faut souhaiter qu'elle connaisse la même réussite que l'an passé.
NB : Que s'est-il passé à Vic? L'annonce - très attendue - des cartels en a déçu plus d'un. En effet, au cours de ces dernières semaines, la rumeur a couru que le réputé diestro sévillan Morante de la Puebla avait donné son accord pour sa participation à la feria vicoise. D'après les échos parvenus à l'oreille de l'œil contraire, l'artiste se serait dédit au dernier moment, non comme on aurait pu le penser pour une question financière, mais au prétexte que les cartels manquaient de catégorie. D'aucuns pensent que le maestro, dont la fragilité d'esprit est bien connue, aurait pu être manipulé par ses mentors de la FIT dans le but de déstabiliser les actuels organisateurs vicois. Car nul ne doute plus aujourd'hui que la plaza gersoise est un élément clé dans la stratégie du consortium fusionnel international pour étendre son pouvoir à l'ensemble de la planète taurine.
NB2 : Pour justifier la palinodie du matador de La Puebla - qui a laissé beaucoup d'amertume à Vic - la FIT a publié un communiqué si alambiqué qu'on à peine à croire que tant de maladresse ne soit volontaire. Nous ne serons sans doute pas les seuls à y voir une déclaration de guerre à l'empresa actuelle de Vic Fezensac ... ainsi qu'à toutes celles de France, d'Espagne et du Mexique qui ne se trouvent encore sous l'empire de la Fusion.
dimanche 1 mars 2015
Toreos (3) le toreo moderne
Ce qui est moderne c'est ce qui est actuel, contemporain, qui bénéficie des progrès récents, qui correspond au goût, à la sensibilité actuels, me dit le Petit Robert. Ce qui est moderne est donc mouvant : moderne aujourd'hui, classique ou démodé demain. La tauromachie n'échappe pas à la règle. Ainsi le toreo moderne initié par Juan Belmonte et perfectionné par ses successeurs dans les années 20 et 30 est-il aujourd'hui devenu le toreo classique. Dans les années 40, sous l'influence de Manolete la modernité s'incarna dans le toreo de profil. Toreo de profil que les tremendistes des années 50 (Litri, Chicuelo II, Pedres) puis El Cordobes dans les années 60, Damaso Gonzalez enfin dans les années 70, ont considérablement baroquisé. Mais ''comme il n'existe pas trente six mille manières de capter l'élan d'un monstre avec un morceau d'étoffe mais seulement et fondamentalement quelques-unes, toute rupture radicale avec des règles (comme en peinture avec le sujet, en musique avec l'harmonie, en sculpture avec la forme, notre époque a été ivre de ça) a été interdite à l'art de toréer" (Jean Cau). Aussi, lorsqu'arrive Paco Ojeda dans les années 80, son génie fut d'être à la fois un rénovateur du toreo classique et, pour sa face moderne, un réinventeur du toreo de proximité en utilisant les acquis des toreos trémendistes qui l'avaient précédé.Le toreo moderne que l'on pratique aujourd'hui doit encore beaucoup aux apports du Tartesico.
Petit panorama du toreo moderne actuel : les principales suertes, celles qui plaisent le plus au public
Cambio por la espalda ou pase del pendulo
Issue du répertoire trémendiste (litrazo, pedresina) et mexicain (dans Tauromachie à l'usage des aficionados, Alejandro Silveti dit l'avoir vu realisée pour la première fois par Carlos Arruza), cette passe a connu en quelques années un succès foudroyant au point que rares sont les toreros qui ne la donnent pas au moins de temps en temps au cours de la temporada sans compter ceux, tel Sébastien Castella ou Miguel Angel Perera, chez qui elle est presque systématique. Donnée en début de faena quand le toro est encore vif et capable de longues courses elle est d'un effet certain sur le public. Pour une étude plus complète de la passe voir ici.
Le toreo en redondo de liaison continue
Depuis les apports de Belmonte, la recherche d'une solution au problème de la liaison entre les passes a été le principal moteur de l'évolution du toreo de muleta. Il me semble que ces dernières années des diestos tels que El Juli, Miguel Angel Perera puis José Maria Manzanares fils ont réussi à mettre au point une technique qui leur permet de guider l'embestida du toro dans des lignes courbes infinies.
Cite sur l'œil contraire avec le pico de la muleta dirigé vers l'extérieur (por fuera), corps situé dans l'œil du cyclone, c'est à dire hors de la ligne de charge du toro par le positionnement de la jambe contraire en retrait, et espace important maintenu entre le corps du torero et celui du toro (torear despegado) sont les clés de la réussite. Lorsque le matador fait preuve de temple et de mando et si le toro est de la catégorie des toros boyantes, une infinité de trajectoires deviennent possibles en alternant parcours naturels, contraires et changements de main. Miguel Angel Perera est actuellement un maitre dans cette façon de toréer.
Le toreo encimista
En fin de faena lorsque le toro est alourdi, pour obtenir les mêmes effets en utilisant les mêmes bases techniques, un aménagement est nécessaire. La solution, portée à sa perfection par Paco Ojeda, consiste à raccourcir les distances (toreo encimiste) et à se présenter de dos au toro (toreo culero) exerçant une torsion de son corps de façon à pouvoir présenter la muleta du côté choisi (en trajet naturel ou cambiado) et à dérouler la passe au fur et à mesure que le corps retrouve une position normale. Le terrain foulé - au plus près du toro - suscite l'émotion mais oblige le matador à citer vers l'extérieur (por fuera) pour rendre la passe possible.
Cette façon de faire est fréquente dans les arènes de troisième et deuxième catégorie mais assez peu utilisée dans des arènes comme Séville ou Madrid.
A noter une variante, donnée genou plié par Enrique Ponce, la poncina.
Une nouvelle suerte est apparue il y a peu utilisée elle aussi en fin de faena : la luquesina (de Daniel Luque) qui consiste, après avoir jeté l'épée au sol, à donner une succession de passes de la main droite et de la main gauche, le changement de main étant facilité par l'absence de l'épée. La suerte est peu usitée bien que reprise récemment par Juan Bautista.
Mais le toreo moderne ne concerne pas uniquement la faena de muleta. Il convient de mentionner une suerte de cape, la zapopina, importée du Mexique par Julian Lopez "El Juli" et donnée régulièrement par Joselito Adame, ainsi que, aux banderilles, la pose al violin qui nous vient du rejoneo.
Toutes les suertes que je viens d'énumérer ont une caractéristique commune : la recherche du spectaculaire et de la virtuosité. Ce sont, me semble-t-il, les deux ressorts sur lesquels s'appuie le toreo moderne pour toucher le public. Il est en cela en totale opposition avec le toreo classique qui utilise, lui, le minimum d'effets.
Pour terminer, une question que se posent beaucoup d'aficionados. On a vu précédemment que le toreo classique avait une forte valeur éthique en ce qu'il reposait sur une acceptation maximale du risque encouru par le fait de dévier la charge du toro en chargeant la suerte. A partir du moment où, dans le toreo moderne, le matador fait le choix de se tenir plus à l'écart de la charge du toro ne doit-on pas considérer que sa valeur morale est moindre?
Oui, répondent certains et ils tiennent le toreo moderne pour un signe de décadence de l'art taurin.
Non, répondent d'autres; les facilités que se donnent les toreros sont compensées par un aguante supérieur et par une maitrise de la charge du toro (temple et mando) sur une distance et un temps plus longs; en outre les exercices de virtuosité nécessaires pour obtenir l'adhésion du public constituent une réelle prise de risque.
A suivre ...
PS : Sur la complexité de ces problèmes, je voudrais mentionner un article de Thierry Vignal Toreo classique et toreo moderne : le fond et la forme paru dans Toros n°1990, novembre 2014.
Guy Berthou Chemins tracés
Petit panorama du toreo moderne actuel : les principales suertes, celles qui plaisent le plus au public
Cambio por la espalda ou pase del pendulo
Issue du répertoire trémendiste (litrazo, pedresina) et mexicain (dans Tauromachie à l'usage des aficionados, Alejandro Silveti dit l'avoir vu realisée pour la première fois par Carlos Arruza), cette passe a connu en quelques années un succès foudroyant au point que rares sont les toreros qui ne la donnent pas au moins de temps en temps au cours de la temporada sans compter ceux, tel Sébastien Castella ou Miguel Angel Perera, chez qui elle est presque systématique. Donnée en début de faena quand le toro est encore vif et capable de longues courses elle est d'un effet certain sur le public. Pour une étude plus complète de la passe voir ici.
Le toreo en redondo de liaison continue
Depuis les apports de Belmonte, la recherche d'une solution au problème de la liaison entre les passes a été le principal moteur de l'évolution du toreo de muleta. Il me semble que ces dernières années des diestos tels que El Juli, Miguel Angel Perera puis José Maria Manzanares fils ont réussi à mettre au point une technique qui leur permet de guider l'embestida du toro dans des lignes courbes infinies.
Cite sur l'œil contraire avec le pico de la muleta dirigé vers l'extérieur (por fuera), corps situé dans l'œil du cyclone, c'est à dire hors de la ligne de charge du toro par le positionnement de la jambe contraire en retrait, et espace important maintenu entre le corps du torero et celui du toro (torear despegado) sont les clés de la réussite. Lorsque le matador fait preuve de temple et de mando et si le toro est de la catégorie des toros boyantes, une infinité de trajectoires deviennent possibles en alternant parcours naturels, contraires et changements de main. Miguel Angel Perera est actuellement un maitre dans cette façon de toréer.
Le toreo encimista
En fin de faena lorsque le toro est alourdi, pour obtenir les mêmes effets en utilisant les mêmes bases techniques, un aménagement est nécessaire. La solution, portée à sa perfection par Paco Ojeda, consiste à raccourcir les distances (toreo encimiste) et à se présenter de dos au toro (toreo culero) exerçant une torsion de son corps de façon à pouvoir présenter la muleta du côté choisi (en trajet naturel ou cambiado) et à dérouler la passe au fur et à mesure que le corps retrouve une position normale. Le terrain foulé - au plus près du toro - suscite l'émotion mais oblige le matador à citer vers l'extérieur (por fuera) pour rendre la passe possible.
Cette façon de faire est fréquente dans les arènes de troisième et deuxième catégorie mais assez peu utilisée dans des arènes comme Séville ou Madrid.
A noter une variante, donnée genou plié par Enrique Ponce, la poncina.
Une nouvelle suerte est apparue il y a peu utilisée elle aussi en fin de faena : la luquesina (de Daniel Luque) qui consiste, après avoir jeté l'épée au sol, à donner une succession de passes de la main droite et de la main gauche, le changement de main étant facilité par l'absence de l'épée. La suerte est peu usitée bien que reprise récemment par Juan Bautista.
Mais le toreo moderne ne concerne pas uniquement la faena de muleta. Il convient de mentionner une suerte de cape, la zapopina, importée du Mexique par Julian Lopez "El Juli" et donnée régulièrement par Joselito Adame, ainsi que, aux banderilles, la pose al violin qui nous vient du rejoneo.
Toutes les suertes que je viens d'énumérer ont une caractéristique commune : la recherche du spectaculaire et de la virtuosité. Ce sont, me semble-t-il, les deux ressorts sur lesquels s'appuie le toreo moderne pour toucher le public. Il est en cela en totale opposition avec le toreo classique qui utilise, lui, le minimum d'effets.
Pour terminer, une question que se posent beaucoup d'aficionados. On a vu précédemment que le toreo classique avait une forte valeur éthique en ce qu'il reposait sur une acceptation maximale du risque encouru par le fait de dévier la charge du toro en chargeant la suerte. A partir du moment où, dans le toreo moderne, le matador fait le choix de se tenir plus à l'écart de la charge du toro ne doit-on pas considérer que sa valeur morale est moindre?
Oui, répondent certains et ils tiennent le toreo moderne pour un signe de décadence de l'art taurin.
Non, répondent d'autres; les facilités que se donnent les toreros sont compensées par un aguante supérieur et par une maitrise de la charge du toro (temple et mando) sur une distance et un temps plus longs; en outre les exercices de virtuosité nécessaires pour obtenir l'adhésion du public constituent une réelle prise de risque.
A suivre ...
PS : Sur la complexité de ces problèmes, je voudrais mentionner un article de Thierry Vignal Toreo classique et toreo moderne : le fond et la forme paru dans Toros n°1990, novembre 2014.
Guy Berthou Chemins tracés
jeudi 19 février 2015
Toreos (2) le toreo pur
Il arrive que l'on parle du toreo puro de tel ou tel matador, mais que veut-on dire lorsque l'on attribue ce qualificatif de pur au toreo? L'adjectif est ambigu. Dans l'histoire de l'humanité, bien trop d'exactions et de massacres ont été commis au nom d'une hypothétique pureté pour que son utilisation n'entraine pas une certaine méfiance dès qu'on l'entend ou qu'on le voit écrit. Il a néanmoins gardé un sens positif lorsqu'on le cantonne au champ artistique. Musique pure, poésie pure, couleur pure, geste pur, toreo pur. Dire d'un torero qu'il torée avec pureté est sans doute un des plus beaux compliments qu'on puisse lui faire.
Le toreo puro selon Rafael Ortega
En 1986 est paru un petit livre signé Rafael Ortega, écrit en collaboration avec Angel Fernandez Mayo, intitulé El toreo puro.
Dans une première approche, le maestro gaditan englobe suffisamment de styles différents sous l'étiquette toreo puro pour qu'on puisse considérer qu'il s'agit davantage d'un état d'esprit que d'une question de technique.
"A mí siempre me ha gustado el toreo rondeño, el toreo puro que han hecho, por exemple, Ordóñez y Antoñete, sin menospreciar el toreo sevillano cuando también se haze con pureza. (Il cite alors Pepe Luis Vazquez, Pepin Martin Vazquez, Manolo Gonzalez et Manolo Vazquez) (...) Con otro estilo, sentí gran admiración por Manolete, que a su manera hacía un toreo puro y estoquea muy bien."
Le toreo puro est aussi pour lui une question de répertoire. La véronique, la naturelle et la passe de poitrine, l'ayudado por bajo en constituent la base. Les adornos doivent être rares. Mais surtout le toreo puro a un ennemi : le toreo en redondo.
"Dar los pases totalmente en redondo, eso no es el toreo; eso les gusta hoy a los públicos, pero a mí no. El pase debe darse, cuanto más largo, mejor, pero con cite y con remate, y quedándose uno colocado para ligar el siguiente."
Les considérations techniques reprennent alors toute leur importance. Ainsi pour pratiquer le toreo pur Rafael Ortega nous dit que le torero doit :
- citer avec la muleta avancée
- parar
- attirer le toro dans la panse de la muleta
- charger la suerte, c'est à dire avancer la jambe contraire et s'appuyer dessus
- templer
- mandar.
Le tout permettant de lier les passes - qui sont bien différenciées l'une de l'autre - dans le même terrain.
Ce sont là les fondements techniques qui correspondent à ce que l'on appelle aussi aujourd'hui le toreo classique.
"El natural no es puro si no se carga la suerte. Yo lo he dado asi siempre que he podido. Ahí está la pureza y el riesgo."
En établissant un lien entre pureté et risque, Rafael Ortega rappelle que le toreo puro, en exigeant de l'homme une prise de risque maximale, est celui qui respecte le mieux l'éthique taurine. En effet tuer un toro en public implique de la part du matador un engagement tel que la possibilité de blessure et la menace de la mort s'en trouvent accrus.
Dans un même ordre d'idée, l'estocade, donnée sincèrement, exercice dans lequel El Tesoro de la Isla était un maitre, est bien sûr, l'apothéose du toreo pur.
Dernier élément important pour le maestro, celui de la maitrise des terrains. Faire le choix du bon terrain : "La regla de oro del toreo es saber cual es el terreno mas favorable para hacerlo." Être capable de conserver ce terrain : "No me cansaré de insistir en la importancia de hacer la faena en un solo terreno, porque asi es como el torero manda en el toro." Et pour cela, maitriser par son temple et son mando la charge du toro : "La última parte del pase ha de permitir que el toro te deje colocarte de nuevo sin modificarte el terreno, pues lo más classico y lo más puro es que, en la faena, cuanto menos andas, mejor."
Assurément être capable de mettre en pratique tous ces préceptes est une tache colossale qui trouve son accomplissement, parfois, dans quelques minutes de toreo rêvé.
Pour conclure je dirai que si le toreo puro reprend beaucoup des critères du toreo classique il va au-delà par sa dimension de quête spirituelle. Il y a d'abord la recherche d'une pureté des origines qui s'exprime par une préférence pour l'utilisation des passes de base, celles qui ont été créées par les inventeurs de la tauromachie. Il y a ensuite une recherche de pureté morale par la volonté de pratiquer un toreo qui assume une prise de risque maximale face au toro. Il y a enfin la recherche de la pureté du geste. Le toreo pur ne se conçoit que sans brusquerie, sans geste ni suerte superflus, avec, dans son élaboration, un dépouillement et une sobriété qui nécessitent une justesse totale dans les effets produits sur le toro.
Traductions
"Le toreo qui m'a toujours plu c'est le toreo rondeño, le toreo pur qu'ont pratiqué, par exemple, Ordoñez et Antoñete, sans sous-estimer le toreo sévillan quand il est pratiqué aussi avec pureté. (...) Dans un autre style, j'ai éprouvé une grande admiration pour Manolete, qui à sa manière pratiquait un toreo pur et estoquait très bien."
"Donner les passes entièrement en rond, cela n'est pas le toreo; ça plait aujourd'hui aux publics, mais à moi non. La passe doit se donner, plus elle est longue mieux c'est, mais elle doit avoir un cite et une terminaison, nous laissant en position pour lier la suivante."
"La naturelle n'est pas pure si l'on ne charge pas la suerte. Je l'ai moi même donnée ainsi chaque fois que j'ai pu. Là est la pureté et le risque."
"La règle d'or du toreo est de savoir quel est le terrain le plus favorable pour l'accomplir."
"Je ne me lasserai pas d'insister sur l'importance de faire la faena en un seul terrain, parce que c'est ainsi que le torero commande au toro."
" La dernière partie de la passe doit permettre que le toro te laisse te placer de nouveau sans modifier ton terrain, ainsi le plus classique et le plus pur est que, durant la faena, moins tu te déplaces mieux c'est."
Robert Wylie Les joueurs de cartes 1870
Le toreo puro selon Rafael Ortega
En 1986 est paru un petit livre signé Rafael Ortega, écrit en collaboration avec Angel Fernandez Mayo, intitulé El toreo puro.
Dans une première approche, le maestro gaditan englobe suffisamment de styles différents sous l'étiquette toreo puro pour qu'on puisse considérer qu'il s'agit davantage d'un état d'esprit que d'une question de technique.
"A mí siempre me ha gustado el toreo rondeño, el toreo puro que han hecho, por exemple, Ordóñez y Antoñete, sin menospreciar el toreo sevillano cuando también se haze con pureza. (Il cite alors Pepe Luis Vazquez, Pepin Martin Vazquez, Manolo Gonzalez et Manolo Vazquez) (...) Con otro estilo, sentí gran admiración por Manolete, que a su manera hacía un toreo puro y estoquea muy bien."
Le toreo puro est aussi pour lui une question de répertoire. La véronique, la naturelle et la passe de poitrine, l'ayudado por bajo en constituent la base. Les adornos doivent être rares. Mais surtout le toreo puro a un ennemi : le toreo en redondo.
"Dar los pases totalmente en redondo, eso no es el toreo; eso les gusta hoy a los públicos, pero a mí no. El pase debe darse, cuanto más largo, mejor, pero con cite y con remate, y quedándose uno colocado para ligar el siguiente."
Les considérations techniques reprennent alors toute leur importance. Ainsi pour pratiquer le toreo pur Rafael Ortega nous dit que le torero doit :
- citer avec la muleta avancée
- parar
- attirer le toro dans la panse de la muleta
- charger la suerte, c'est à dire avancer la jambe contraire et s'appuyer dessus
- templer
- mandar.
Le tout permettant de lier les passes - qui sont bien différenciées l'une de l'autre - dans le même terrain.
Ce sont là les fondements techniques qui correspondent à ce que l'on appelle aussi aujourd'hui le toreo classique.
"El natural no es puro si no se carga la suerte. Yo lo he dado asi siempre que he podido. Ahí está la pureza y el riesgo."
En établissant un lien entre pureté et risque, Rafael Ortega rappelle que le toreo puro, en exigeant de l'homme une prise de risque maximale, est celui qui respecte le mieux l'éthique taurine. En effet tuer un toro en public implique de la part du matador un engagement tel que la possibilité de blessure et la menace de la mort s'en trouvent accrus.
Dans un même ordre d'idée, l'estocade, donnée sincèrement, exercice dans lequel El Tesoro de la Isla était un maitre, est bien sûr, l'apothéose du toreo pur.
Dernier élément important pour le maestro, celui de la maitrise des terrains. Faire le choix du bon terrain : "La regla de oro del toreo es saber cual es el terreno mas favorable para hacerlo." Être capable de conserver ce terrain : "No me cansaré de insistir en la importancia de hacer la faena en un solo terreno, porque asi es como el torero manda en el toro." Et pour cela, maitriser par son temple et son mando la charge du toro : "La última parte del pase ha de permitir que el toro te deje colocarte de nuevo sin modificarte el terreno, pues lo más classico y lo más puro es que, en la faena, cuanto menos andas, mejor."
Assurément être capable de mettre en pratique tous ces préceptes est une tache colossale qui trouve son accomplissement, parfois, dans quelques minutes de toreo rêvé.
Pour conclure je dirai que si le toreo puro reprend beaucoup des critères du toreo classique il va au-delà par sa dimension de quête spirituelle. Il y a d'abord la recherche d'une pureté des origines qui s'exprime par une préférence pour l'utilisation des passes de base, celles qui ont été créées par les inventeurs de la tauromachie. Il y a ensuite une recherche de pureté morale par la volonté de pratiquer un toreo qui assume une prise de risque maximale face au toro. Il y a enfin la recherche de la pureté du geste. Le toreo pur ne se conçoit que sans brusquerie, sans geste ni suerte superflus, avec, dans son élaboration, un dépouillement et une sobriété qui nécessitent une justesse totale dans les effets produits sur le toro.
Traductions
"Le toreo qui m'a toujours plu c'est le toreo rondeño, le toreo pur qu'ont pratiqué, par exemple, Ordoñez et Antoñete, sans sous-estimer le toreo sévillan quand il est pratiqué aussi avec pureté. (...) Dans un autre style, j'ai éprouvé une grande admiration pour Manolete, qui à sa manière pratiquait un toreo pur et estoquait très bien."
"Donner les passes entièrement en rond, cela n'est pas le toreo; ça plait aujourd'hui aux publics, mais à moi non. La passe doit se donner, plus elle est longue mieux c'est, mais elle doit avoir un cite et une terminaison, nous laissant en position pour lier la suivante."
"La naturelle n'est pas pure si l'on ne charge pas la suerte. Je l'ai moi même donnée ainsi chaque fois que j'ai pu. Là est la pureté et le risque."
"La règle d'or du toreo est de savoir quel est le terrain le plus favorable pour l'accomplir."
"Je ne me lasserai pas d'insister sur l'importance de faire la faena en un seul terrain, parce que c'est ainsi que le torero commande au toro."
" La dernière partie de la passe doit permettre que le toro te laisse te placer de nouveau sans modifier ton terrain, ainsi le plus classique et le plus pur est que, durant la faena, moins tu te déplaces mieux c'est."
Robert Wylie Les joueurs de cartes 1870
mercredi 11 février 2015
Toreos (1)
Toreo classique, toreo moderne, toreo pur, toreo trémendiste, toreo artistique ... On pourrait allonger la liste : baroque, ventajista, rondeño, sévillan ...
Tous ces qualificatifs disent la richesse de l'art taurin, mais ils nécessitent de prendre parfois le temps de faire le point. Quelle saison plus indiquée pour cela que la fin de l'hiver, avant la reprise de la temporada.
Je voudrais, pour commencer, signaler deux sites qui prennent un malin plaisir à analyser (photos et vidéos à l'appui) les principales manières de toréer actuelles.
Sur son site Toreo y Arte, René Philippe Arneodau "Niño de San Rafael", lui même torero practico, découpe au scalpel la technique des principales figures d'aujourd'hui. Il compare toreo moderne et toreo pur et explique pourquoi son cœur penche vers le toreo pur, plus sincère donc plus respectueux de l'éthique de la tauromachie.
Toreo y Arte, Analyses tauromachiques, Technique du toreo
De son côté, dans son richissime blog La razón incorpórea, José Morente aime bien jouer les iconoclastes. Il se plait à pourfendre les lieux communs, à relever les contradictions, à souligner les incohérences. Ça irrite parfois l'aficionado bienpensant que je suis, nourri au dogme tiopepesque, mais au final ça ouvre l'esprit et me parait donc tout à fait salutaire.
La razón incorpórea, Técnica
Tous ces qualificatifs disent la richesse de l'art taurin, mais ils nécessitent de prendre parfois le temps de faire le point. Quelle saison plus indiquée pour cela que la fin de l'hiver, avant la reprise de la temporada.
Je voudrais, pour commencer, signaler deux sites qui prennent un malin plaisir à analyser (photos et vidéos à l'appui) les principales manières de toréer actuelles.
Sur son site Toreo y Arte, René Philippe Arneodau "Niño de San Rafael", lui même torero practico, découpe au scalpel la technique des principales figures d'aujourd'hui. Il compare toreo moderne et toreo pur et explique pourquoi son cœur penche vers le toreo pur, plus sincère donc plus respectueux de l'éthique de la tauromachie.
Toreo y Arte, Analyses tauromachiques, Technique du toreo
De son côté, dans son richissime blog La razón incorpórea, José Morente aime bien jouer les iconoclastes. Il se plait à pourfendre les lieux communs, à relever les contradictions, à souligner les incohérences. Ça irrite parfois l'aficionado bienpensant que je suis, nourri au dogme tiopepesque, mais au final ça ouvre l'esprit et me parait donc tout à fait salutaire.
La razón incorpórea, Técnica
dimanche 25 janvier 2015
Frémissements
Premiers cartels, premiers projets, janvier ravive le désir de voir combattre les toros. La temporada précédente n'a pourtant pas été formidable, celle qui vient promet peu de nouveautés. Peut-être quelques jeunes matadors frais émoulus de l'alternative parviendront-ils à s'immiscer dans le club très fermé des figuritas.
Une bonne chose : les alliances de matadors constituées dans le but de défendre leurs cachets exorbitants se sont délitées. Déjà on annonce le retour de Morante de la Puebla et de José Maria Manzanares à Séville.
Une inquiétude dont il ne faut pas faire fi : la constitution d'une nébuleuse incertaine mais puissante autour du richissime Mexicain Alberto Baillères - notre Simon Casas, sorti de Madrid, en fait partie. Apoderamiento de matadors (dont Morante de la Puebla et Alejandro Talavante), gestion de 22 plazas de toros dans le monde et de plusieurs ganaderias....Ça ressemble fort à la constitution d'un trust. Mécénat et désir de promouvoir la corrida ou volonté d'augmenter encore pouvoir et profits? Les aficionados jugeront sur pièce : cartels, prix des places, présentation des toros. L'état de la fiesta dans son pays ne plaide pas en faveur du Mexicain, mais la situation économique de l'Espagne lui a permis d'y faire ses emplettes sans que personne ne fasse la fine bouche.
trust : entreprise ou groupe d'entreprises assez puissant pour exercer une influence prépondérante dans un secteur économique. (petit Robert)
vendredi 9 janvier 2015
Deux quatrains d' Omar Khayyam
Combien de temps jetterai-je des pierres dans la mer?
Je suis écœuré des idolâtres de la pagode :
Khayyam! qui peut assurer qu'il habitera l'Enfer?
Qui donc jamais visita l'Enfer? qui, jamais, revint du Ciel?
* * *
Boire du vin et étreindre la beauté
Vaut mieux que l'hypocrisie du dévot;
Si l'amoureux et l'ivrogne sont voués à l'Enfer,
Personne, alors, ne verra la face du Ciel.
Omar KHAYYAM
jeudi 1 janvier 2015
Bonne année 2015 Feliz año nuevo
Décennies après décennies, années après années, le vivier de jeunes portés par le désir d'affronter le toro est toujours aussi abondant.
Meilleurs vœux donc pour ce trio international qui représente bien la diversité, la richesse et les espoirs de l'aficion d'aujourd'hui
Clemente
2015 sera une année clé pour le jeune Bordelais, qui devrait le voir fouler le sable des arènes espagnoles de première catégorie. La qualité de son toreo pourrait y causer de bonnes surprises. Suerte!
José Garrido
Deux énormes triomphes à Séville et Bilbao lui laissent espérer une alternative de luxe et une entrée dans les cartels de figures; à condition que celles-ci, peu partageuses ces derniers temps, lui laissent une petite place.
Andres Roca Rey
Si l'on excepte la rejoneadora Conchita Cintron, le Pérou n'a jamais vu naître de matador de grand renom. Andres Roca Rey sera-t-il le premier d'entre eux?
Meilleurs vœux donc pour ce trio international qui représente bien la diversité, la richesse et les espoirs de l'aficion d'aujourd'hui
Clemente
2015 sera une année clé pour le jeune Bordelais, qui devrait le voir fouler le sable des arènes espagnoles de première catégorie. La qualité de son toreo pourrait y causer de bonnes surprises. Suerte!
José Garrido
Deux énormes triomphes à Séville et Bilbao lui laissent espérer une alternative de luxe et une entrée dans les cartels de figures; à condition que celles-ci, peu partageuses ces derniers temps, lui laissent une petite place.
Andres Roca Rey
Si l'on excepte la rejoneadora Conchita Cintron, le Pérou n'a jamais vu naître de matador de grand renom. Andres Roca Rey sera-t-il le premier d'entre eux?
Inscription à :
Articles (Atom)