Un grand moment
La lidia de Matemáticas, troisième toro de la tarde et second du fer de Victorino MARTIN a été le grand moment de la corrida et, pour moi, un des grands moments de la temporada. Il mit à rude épreuve la cuadrilla de Morante, Morante lui même, mais celui-ci en acceptant et en gagnant (sauf à la mort) le combat proposé a mis en évidence le poderío de son toreo y compris donc devant ce que la cabaña brava propose de plus difficile. Car Matemáticas, magnifique exemplaire de Victorino, negro entrepelado, bien armé, connaît surtout le grec et le latin. Il montre sa bravoure magnifique dans une première pique où il pousse avec franchise et sans discontinuer jusqu' au centre et retour. Il accuse le coup et semble en tirer la leçon car à la seconde pique il se montre plus défensif, donnant essentiellement des coups de tête. Dès lors il sera un démon.
Première paire de banderilles : il crochète Antonio Jimenez ''Lili", le reprend au sol et s'acharne sur lui (fracture du poignet pour le banderillero). Deuxième paire : une banderille au razet. Troisième paire : Paco Peña, prudent, garde ses distances; en vain, Matemáticos le jette au sol, fond sur lui et le lance en l'air. Simple culotte déchirée pour l'homme de plata (ouf!) qui donnera un grand tercio de banderilles au 5 (olé!).
Quand Morante prend la muleta la tension est à son comble. Le public se partage entre les sceptiques qui ne voient pas comment l'homme de la Puebla va pouvoir s'en tirer, les malsains qui commencent à exprimer leur mauvaise humeur et les fervents qui encouragent le torero. Qu'est-ce qui fait que Morante décide de se lancer à l'abordage? Mystère d'un homme et mystère de la tauromachie.
Matemáticas est inabordable à gauche, ce que saura montrer le torero, mais sur la droite peut-être ... Le maestro s'arrime. Son sitio est sûr. Il aguante les charges violentes, conduit, essaie de prolonger le parcours, y parvient parfois, réussit même à lier les passes. En un mot il domine la fiera. Un grand moment de tauromachie.
A l' heure de la mort Morante se désunit, l'affaire traîne un peu. Tout se termine par une grosse ovation avec salut du maestro, les sifflets des imbéciles se mêlant aux acclamations des aficionados.
NB : Ceux que j'appelle imbéciles, exquise politesse de ma part, sont en l'occurrence les spectateurs qui vont aux arènes depuis 15 ou 20 ans et ne font toujours pas la différence entre, pour rester simple, un toro facile, un toro exigeant et un toro très difficile, voire assassin. Ils s'imaginent qu'à chaque toro on peut balancer sa faena préfabriquée. Indécrottables!
Il serait injuste de ne pas dire un mot de Sébastien Castella qui, face à un Victorino museau au ras du sol mais faible et un Garcigrande piquant, montra ses bonnes dispositions et excella dans les naturelles (oreille aux deux).
2 commentaires:
Tout-à-fait d'accord avec la reseña
MORANTE a été génial,une fois de plus,évidemment,mais cette fois dans le bon sens,face à un toro très difficile,assassin à gauche,qui en aurait mis beaucoup en déroute à droite(j'ai des noms).
Respect total.
Le hautbois mélancolique
Cher VALONERO
Que reseña hombre ! Et quel grand moment nous avons vécu avec le Morante ! À tous ceux qui n'ont pas perçu le grand combat entre Matematicas et Morante de la Puebla , je ne peux rien pour vous ! Si vous n'aimez pas le Morante restez chez vous ou alors quand il est en piste , descendez l'escalier et allez boire un demi , 2 euros le demi ! 2 euros !
Pffffff .....comment peut on passe à côté d'un moment aussi fort ? Comment ?
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