lundi 21 décembre 2015

Luis Segura : suerte rare et mala suerte

   Le public qui assista le 2 octobre 1966 à la corrida donnée dans les arènes de Barcelone eut l'occasion de découvrir une suerte rare, donnée par le matador Luis Segura.
   Le diestro madrilène a réalisé une bonne faena au cinquième toro de Hoyo de la Gitana mais, en fin de combat, le toro prend querencia contre les barricades. Luis Segura appuie alors la pointe de l'épée sur la barrière et, de la main gauche, fait passer la bête sous le pont ainsi formé par l'acier, dans un espace des plus réduit. Le public n'en est pas encore revenu quand Segura entre pour un pinchazo, puis une magnifique estocade qui tombe l'animal. Oreille. (Source : reseña de José Riba Ledo dans Toros n° 803)
   J'ignore si une telle suerte avait été donnée avant lui ou si elle fut reprise par d'autres par la suite (je verrais bien un torero comme Jesulin de Ubrique dans le rôle). Ce qui peut en faire le charme ici c'est son côté improvisé et spontané. Dans son livre Tauromachies à l'usage des aficionados, José Luis Ramon la nomme "el puente del valor" et en attribue la paternité à Luis Segura, sans précisions supplémentaires.

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   Mais revenons sur l'auteur de la suerte. Bien qu'il ait connu son heure de gloire au début des années soixante, Luis Segura est aujourd'hui bien oublié. Romanesque, voire picaresque, sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille et s'acheva tragiquement.
   Il nait en 1938 à Madrid (on peut rêver époque plus facile pour débuter dans la vie). En 1958, il prend l'alternative à Las Ventas et, l'année suivante, au cours de la San Isidro, il sort a hombros de la Monumental ce qui ne manque pas de donner un coup de fouet à sa carrière. Mais l'époque est riche en figures de premier plan et, bien que son toreo classique soit reconnu d'excellente qualité, il ne parvient jamais à se hisser au plus haut niveau. Il connait toutefois quelques belles journées, en particulier en France où on le voit, en 1962, à Nîmes, donner une grande faena, pleine d'art et de dominio à un manso perdido de Graciliano Perez Tabernero. Sa fibre artistique s'exprime également à travers la peinture. En 1968 il décide de tenter sa chance au Mexique où il s'installe.
   Une tentative de retour en Espagne au début des années soixante-dix signera sa fin tragique. C'est d'abord une malencontreuse aventure. Dans l'unique but de se faire de la publicité, il organise avec son frère Everildo un remake de l'exploit du matador Diego Mazquiaran "Fortuna" qui, le 23 janvier 1928, avait, sur la Gran Via madrilène, expédié ad patres un toro qui avait pris la poudre d'escampette sur le chemin de l'abattoir. Le 9 mars 1973, les deux pieds nickelés lâchent un novillo dans les jardins de la Plaza de España. Luis intervient aussitôt de cape et d'épée et occit le novillo. Mais la police (toujours pleine de malice) trouve l'aventure douteuse et le maestro passera quelques semaines en prison. Deux ans plus tard, la vie de Luis Segura se terminera tragiquement dans une plaza de toros. Le 16 février 1975 il torée un festival à Valdemorillo. Alors qu'il vient de passer de cape son premier adversaire et rejoint la barrière, il s'écroule victime d'un infarctus. Il décédera dans les arènes. Ainsi s'achève la vie d'un artiste et d'un aventurier.

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mardi 8 décembre 2015

Quelques photos de la temporada

 Naturelle  de Miguel Abellan à Madrid face à un Parladé. On voit bien le fameux point d'interrogation inversé. Le torero s'est croisé au maximum et joue remarquablement de la ceinture. Madrid adore, oreille pour Abellan!


 Madrid, Ivan Fandiño, un homme seul
 "Encerraíto me ves
  en mi soledad
  con el torito de mi pena negra"


 Alejandro Marcos à Parentis face à un novillo de Castillejo de Huebra. Un réel espoir du côté de Salamanque, avec le Zapato de Oro à la clé.













  Joselito Adame, un des meilleurs torero de 2015, ici à Bayonne.










Photos Velonero (On peut cliquer sur les photos)