mercredi 24 septembre 2014

Ganaderos en difficulté : La Quinta

   La bonne temporada 2013 réalisée par les toros de La Quinta avait, en toute logique, conduit les organisateurs à faire souvent appel à la devise rouge et verte au cours de cette saison. C'est ainsi qu'ont été lidiés  cette année en France quatre lots de toros (Istres, Mont de Marsan, Dax et Arles) et trois novilladas (Saintsever, Hagetmau, Roquefort). Hélas, au fur et à mesure que sortaient des lots décevants, l'espoir de voir l'encaste santacoloma reprendre sa juste place sur les affiches a peu à peu été réduit à néant.
   L' échec est grave et n'est pas sans conséquence car La Quinta  est actuellement le seul élevage d'origine santacoloma qui possède à la fois suffisamment de notoriété et de ganado pour pouvoir fournir sans difficulté plusieurs lots dans les arènes importantes de France et d'Espagne. Une bonne temporada aurait non seulement consolidé sa position mais aurait également pu entrainer dans son sillage d'autres élevages d'origine identique actuellement marginalisés ou en reconstruction. Face à la présence toujours plus grande des domecqs, cet échec rend la position plus fragile encore.
   Fragilité accrue par un malentendu certain. La mise à l'écart progressive de l'encaste - due en partie à sa difficulté à répondre aux exigences en trapío de la fin du siècle dernier - l'a paradoxalement poussé dans les bras de la famille torista alors que ni son histoire, ni son comportement, ni son trapío ne le prédestinaient à cela. Je me souviens parfaitement que, dans les années 70, époque où l'élevage était encore au firmament, aller voir une corrida de Joaquin Buendía c'était prendre le risque d'une sieste généralisée due à la fadeur de six toritos gris, rondouillards et peu armés. Ils n'étaient bien sûr tués que par des figures, figures capables de faire face lorsqu'un toro encasté - ça arrivait assez souvent aussi - sortait des chiqueros.
   On a aujourd'hui l'impression qu'Alvaro Martinez Conradi, propriétaire de La Quinta, n'a pas réussi à trouver la bonne alchimie. A trop vouloir créer un toro qui plaise aux figures d'aujourd'hui, il a laissé cette sosería, qui a toujours été le point faible de l'encaste, envahir son élevage au détriment de la caste.
   Mais regardons de plus près sa temporada.
   Des trois novilladas sorties en France, celle de Saintsever a été décevante car dominée par la mollesse, celle de Roquefort a été mauvaise, marquée par la faiblesse et le manque de caste, la palme revenant au sixième, de grand trapío (magnifique certes, mais hors du type) qui, durant les vingt minutes de sa vie publique, eut le comportement d'un véritable bœuf de charrette. Celle d'Hagetmau a partagé les avis. Satisfaisante pour les toreros car elle a permis de couper des oreilles, elle n'a pas convaincu l'aficion en raison d'une noblesse si fade qu'elle confinait au decastamiento.
   Les corridas seront de même tonalité. On y trouve les mêmes défauts qu'en novillada : faiblesse de pattes, sosería, incapacité à supporter le tercio de pique. Un ou deux toros acceptables à Istres, la rencontre avec un matador en forme (Ivan Fandiño) permettra de sauver la face à Mont de Marsan, mais, en fin de saison, les tardes de Dax et d'Arles constituent deux authentiques fracasos qui laisseront des traces ...  chez les organisateurs.
   La corrida de Bilbao aurait pu relever le niveau, mais elle aussi fut un fracaso avec notamment deux toros invalides et deux autres faibles; un seul, le quatrième, se montrera brave et encasté. Ce sera, avec la corrida de Gijon qui a vu deux toros récompensés par une vuelta al ruedo, la seule note d'espoir de la temporada.
   On le voit, pour Alvaro Martinez Conradi, le bilan tourne à la catastrophe : quand noblesse rime avec mollesse et faiblesse l'avenir sombre dans la grisaille. Il y a une dizaine d'années pourtant, à Vic Fezensac, Mont de Marsan, Roquefort, la noblesse des La Quinta se conjuguait avec caste et bravoure. En cette période d'uniformisation des encastes il serait dommage que les Santa Coloma ne puissent trouver leur place. L'aficion a toujours été prête à les soutenir, encore faudrait-il qu'ils ne la déçoivent pas trop souvent.

samedi 20 septembre 2014

Les lauréats du prix Hemingway

   Chaque année, depuis dix ans, les éditions Au diable vauvert éditent un recueil des meilleures nouvelles ayant concouru pour le prix Hemingway.

   Voici les lauréats :

2005 : Olivier Deck - Toreo de Salon
2006 : Olivier Boura - Pasiphae
2007 : Robert Bérard - Corrida de muerte
2008 : Vincent Bourg "Zocato" - Arequipa
2009 : Antoine Martin - Le frère de Perez
2010 : Jean Paul Didierlaurent - Brume
2011 : Robert Louison - Pas de deux
2012 : Jean Paul Didierlaurent - Mosquito
2013 : Miguel Sanchez Robles - L'ultime tragédie de l'Occident
2014 : Etienne Cuénant - Latifa

2015 : Philippe Aubert de Molay - Leçon de ténèbres

2016 : Adrien Girard - Uriel, berger sans lune 

2017 : Gil Galliot - Au milieu du monde

2018 : José Luis Valdés Belmar - Ombre de lune 

2019 : Cyril Fabre - Mecha de Plata

2020 : Elise Thiébaut - Un toro dans la reine

2021 : Hélène Goffart - Les liens du groupe sanguin

2022 : Antonio Blazquez Madrid - La dernière chance de El Lagartijo

 






Pour célébrer le dixième anniversaire en beauté, un petit livre bilingue français-espagnol a vu le jour dans lequel les huit premiers lauréats ont écrit une nouvelle avec contrainte (temps limité, thème tiré au sort, fin par le mot empreinte). Une preuve d'aficion (à la nouvelle) de la part de l'éditeur.




lundi 8 septembre 2014

Où sont les jeunes?

      En regardant les derniers cartels de la feria du Pilar à Zaragoza on a l'impression qu'aucun jeune matador n'existe. Le plus récemment doctoré n'est autre que Daniel Luque qui a pris l'alternative en 2007, il y a donc 7 ans! Vraiment incroyable!
   Certes on sait que Simon Casas, l'organisateur du lieu, sous des dehors agités, est depuis longtemps confit dans le conformisme. Mais quand même! On en viendrait à croire que personne n'a pris l'alternative depuis 2007. Bien sûr, on a connu des époques plus brillantes en jeunes pousses mais Alberto Lamelas, Pepe Moral, Juan del Alamo, Jimenez Fortes, David Galvan, Lopez Simon ou Juan Leal ne sont pas tout à fait des inconnus et, cette année, Rafael Cerro, Javier Jimenez et Roman sont devenus matadors de toro. Mais rien, nada, niente, pas la moindre petite place, ne serait-ce que pour l'un d'entre eux ... Une drôle de façon de préparer l'avenir!


Chronologie des alternatives depuis 2001


 





















 photo velonero