dimanche 27 juillet 2014

Roquefort : le retour des novillos de La Quinta

































Vendredi 15 août
11h. novillada sans picadors
erales de L'Astarac, Malabat, Alma Serena, Casanueva
Luis David Adame - El Adoureño

18h. novillada
La Quinta
Gonzalo Caballero - Borja Jimenez - Andres Roca Rey

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Les novillos du fer de La Quinta fouleront le sable du ruedo roquefortois pour la sixième fois. Il y a une dizaine d'années ils ont été les protagonistes de novilladas de haut niveau.

2002   La Quinta
Emilio Laserna - Javier Solis - Sanchez Mora
 Lot magnifique, tercios de pique de qualité et vuelta pour Bolichero, cinquième novillo de l'après-midi.

2003   La Quinta
Javier Solis - Miguelin Murillo - Luis Bolivar
 Le lot entier est de qualité exceptionnelle (vuelta du 1, Escandalo et du 4, Pavito), novilleros et picadors à l'unisson : une tarde pour le souvenir.

2004   La Quinta
Salvador Cortes - Carlos Doyague - José Luis Torres
 Vuelta pour le 3 Cantinero et triomphe de José Luis Torres.

2008   La Quinta
Antonio Nazaré - El Payo - Javier Cortes
 Retour en juin des La Quinta après une interruption due à la langue bleue, un lot un peu inégal mais encasté.

2009   La Quinta
Javier Cortes - Ignacio Gonzalez - Angelino de Arriaga
 Déception dans un ensemble où la fadeur domine.


photos au campo (mars 2014) : Xavier Martin


mercredi 23 juillet 2014

Madeleine 2014 : novillada et corrida de Victorino Martin

La novillada matinale
   Les novillos de l'éleveur gersois Jean Louis DARRÉ "CAMINO de SANTIAGO" ont apporté de la diversité et de l'intérêt à la matinée. Le premier bis faible de pattes (ça commençait mal car il remplaçait le titulaire invalide), le deuxième fuyard, puissant et mobile, le troisième noble et le quatrième manso mobile.
   Gines MARIN a laissé sa carte de visite : toreo fin et élégant, sincérité et aisance technique. Deux oreilles du trois et un novillero que l'on a envie de revoir.
   Louis HUSSON avec les deux mansos ne perdit pas pied et en termina par une grande estocade qui lui valu une oreille.

Corrida de VICTORINO MARTIN
   Le lot de Victorino en trois mots : trapío, fixité, noblesse. Avec trois très bons toros. Le 1 à la charge puissante, un de ces toros dont on dit qu'ils transmettent; le 3 un toro muy serio qui est allé à mas dans la muleta assurée d'Alberto Aguilar; le 5 enfin, mal mis en valeur au premier tercio puis avec une noblesse pastueña exigeant un toreo de qualité. 13 piques pour l'ensemble avec des poussées irrégulières.
   Diego URDIALES a conquis le public et son triomphe fut des plus légitimes. Quel engagement! Quelle sincérité! Quelle sûreté pour un torero qui torée si peu! Et quelle beauté dans son toreo!
   Maintenant une question. A 39 ans, après 15 ans d'alternative, Diego faisait sa présentation aux arènes du Plumaçon. Que penser d'un système taurin qui a caché aux Montois (et à bien d'autres) un torero d'une telle qualité?
   Alberto AGUILAR a connu une bonne tarde, rassurante dans une temporada qui, après une blessure cet hiver en Amérique qui lui a laissé des séquelles physiques bien visibles, s'avère difficile pour lui. Mais toujours cette faiblesse à l'épée.
   Manuel ESCRIBANO est passé à côté du 5. Profilé, superficiel, allant a menos ... et souffrant de la comparaison avec ses compañeros, il ne dut qu'à une excellente estocade de couper l'oreille. Le bon public montois sut lui signifier qu'il était en droit d'attendre mieux devant un tel toro.
  

mardi 22 juillet 2014

Madeleine 2014 : corrida de La Quinta

   Était clairement exprimée chez les aficionados à la sortie de cette deuxième corrida des fêtes de Mont de Marsan qui fut pourtant une corrida que l'on pourrait qualifier d'entretenida et qui vit le triomphe d'un matador (Ivan Fandiño) et le succès d'un autre (Antonio Ferrera) une très nette insatisfaction.
   Le cartel avait tellement fait rêver que la prosaïque réalité d'une assez bonne tarde ordinaire ne pouvait qu'avoir un petit goût de grise banalité.
   On attendait d'abord les toros de La Quinta. Leur bonne temporada 2013 avait ravivé ici le souvenir de l'immense lot de 2008, étaient présent aussi dans la mémoire de beaucoup les grands toros des corridas-concours vicoises ainsi que les excellentes novilladas roquefortoises d'il y a quelques années.
   Il y avait ensuite la perspective du duel El Juli - Ivan Fandiño, duel entre deux idoles montoises, l'ancienne et la nouvelle, mais duel aussi entre deux conceptions radicalement opposées de l'éthique taurine.
   Or, les toros de La Quinta ont été nettement en dessous des attentes; quant au duel il n'a pas eu lieu en raison de l'abdication de l'un des combattants.

   D'entrée, Espartero premier toro de La Quinta se chargea de doucher les espérances. Haut, maigre, pustuleux et invalide, il avait sans doute, grâce à l'opportunité de ce voyage vers Mont de Marsan, évité la triste fin de l'abattoir que ses six herbes semblaient devoir lui promettre. Il donna le ton de la course, celui de la faiblesse qui réduisit le tercio de pique à une simple formalité. Dès lors, malgré quelques retours de caste, surtout en fin de combat, la tarde ne pouvait dépasser le niveau d'une corrida pour vedette qui fonctionne. C'était nettement insuffisant en regard des espoirs de l'aficion.
   Celui qui ne fonctionna pas en revanche ce fut El Juli. Nous avons assisté de manière tout à fait inattendue à un surprenant effondrement moral de sa part. Des caricatures de julipiés ratés à son premier au renoncement à toute faena à son second (alors que le toro s'était montré d'une grande noblesse à la cape) jusqu'à la sortie sous les sifflets, le Juli a bu ce jour le calice jusqu'à la lie.
   Faut-il y voir un simple accident de parcours lié à un lieu - le Sud Ouest de la France - dans lequel il ne se sent plus en territoire conquis? Doit-on penser qu'il a surestimé ses forces et que ses épaules ne sont pas assez larges pour assumer à la fois la competencia sur le sable des arènes et la guérilla qu'il mène contre les organisateurs  dans les coulisses? ... Ses prochaines actuations nous en diront peut-être davantage...
   Tout cela ne doit pas occulter les satisfactions de la tarde. A commencer par Ivan Fandiño venu, lui, en découdre et repartant avec trois oreilles; et le plaisir de revoir, après tant d'années, Antonio Ferrera qui sut faire apprécier sa maturité rayonnante.
   A propos d'Antonio Ferrera, il est bon de se souvenir qu'il avait, lui aussi, en ses jeunes années, osé défier le Madrilène (rappelons-nous une certaine tarde dacquoise). Il avait alors été écrasé par le système Juli qui l'avait ostracisé sans ménagement.

Mais la temporada suit son cours. On attendra avec intérêt le combat des novillos de La Quinta à Hagetmau et à Roquefort ainsi que la répétition du cartel montois en août à Bilbao  tant "la corrida est le spectacle mêlé d'une déception et d'une espérance toujours renouvelées¹"

¹Bernard Marcadé, Ai no corrida, in Artpress 2 n°33 "L'art de la tauromachie" (une excellente surprise que ce numéro et une lecture passionnante)

mardi 15 juillet 2014

Jacques Faget de Baure, premier aficionado orthézien

   Avocat, homme politique (il sera député des Basses-Pyrénées sous la Restauration), historien, Jacques Faget de Baure, né à Orthez en 1755, est sans doute le premier aficionado local ... d'une longue lignée.

   Le voici vers 1780 à Pampelune, précisément pour la San Fermin : "Tout était en mouvement : les vieillards eux-mêmes étaient dans une agitation qu'il est difficile de concevoir."

   Il assiste bien sûr à un encierro :
   "Ces taureaux sont des animaux sauvages, on va les chercher au sommet des montagnes. On les attire en leur présentant des vaches, que l'on se hâte ensuite de chasser devant eux. Ils les suivent, entraînés par un penchant aveugle. On les conduit ainsi jusqu'à Pampelune; au moment où ils doivent entrer dans la ville, tous les habitants se rangent des deux côtés de la rue, laissant entre eux un passage libre. Les taureaux, toujours précédés par les vaches, s'élancent impétueusement à travers deux files de manteaux qui voltigent sur leur passage; des applaudissement retentissent autour d'eux; leur course est si rapide qu'ils ne se détournent jamais. On les prendrait pour des conquérants qui ne daignent pas jeter les yeux sur leurs conquêtes."

   Et, bon sang ne saurait mentir, il nous offre une profession de foi toriste :
   "Le taureau est réellement le héros de ce spectacle. C'est sur lui que l'intérêt se réunit. Il est fier, impérieux, indomptable. Il a la force, la beauté, le courage : il est malheureux. Que faut-il de plus pour en faire un héros de tragédie?"

source : Bartolomé et Lucile Bennassar, Le voyage en Espagne anthologie des voyageurs français et francophones du XVIème au XIXème siècle, Robert Laffont bouquins.

vendredi 11 juillet 2014

Expertise des cornes 2013

   Les anti-taurins, nos meilleurs ennemis, se complaisent dans le rôle de petits roquets qui nous mordillent les mollets. Leurs visages haineux et leur agitation hystérique entrevus ces derniers temps à proximité des arènes en arriveraient, par comparaison, à nous faire passer pour les meilleures personnes du monde, auprès de nous mêmes comme auprès des nombreux quidams sans opinion bien définie sur les toros mais éberlués par leurs pantomimes grotesques et agressives.
   Leur action a également permis, on le sait, de renforcer la légalité de la corrida en France.
   En ce qui concerne la lutte qu'ont toujours menée les aficionados pour le respect de l'éthique de la corrida et en particulier contre la pratique de l'afeitado, j'ignore dans quelle mesure la perspective de les voir s'emparer de tout scandale impose la prudence aux mauvais penchants du mundillo. On peut en tout cas penser que les expertises de cornes réalisées sous la houlette de l'UVTF permettent de contenir le phénomène. Car, parmi les aficionados, qui ferait confiance aux matadors du G5 et à leurs éminences grises si la bride ne leur était pas un peu tenue?

   Voici donc publié le rapport portant sur les armures prélevées durant la temporada 2013 dans les arènes françaises de première catégorie (sauf Nîmes qui semble craindre ce contrôle et refuse de s'y soumettre).
   Rien de nouveau sous le soleil, les résultats ressemblent comme deux gouttes d'eau à ceux de l'an passé.
   Fuente Ymbro continue à abuser de l'arreglado (6 au total; soit 2 par course, ce qui correspond au maximum autorisé), de même que Dax chez les villes (8 arreglados déclarés dans la temporada!).

Au tableau d'honneur des élevages (ni afeitado, ni arreglado) :

      - José ESCOLAR GIL
     - Domingo HERNANDEZ ''GARCIGRANDE''
     - La QUINTA
     - Adelaida RODRIGUEZ

vendredi 4 juillet 2014

Soria (3)


Domingo de Calderas

   Si le catholicisme espagnol avec son culte des reliques, des saints et des innombrables vierges fleurte souvent avec le paganisme, la procession du domingo de Calderas est, elle, entièrement païenne. Chaque Cuadrilla dont les membres sont habillés de vêtements traditionnels accompagne dans les rues de la ville sa Caldera, un petit paso fleuri et décoré au centre duquel trône l'essentiel : la nourriture, disposée dans un chaudron (caldera). Poulet, viande de toro,chorizo, œufs, fruits, pain et vin traversent ainsi la ville depuis la plaza Mayor jusqu'au Parque Municipal.
















































































Corrida d'El Torreon : un Fandiño de haut niveau

   La corrida d'EL TORREON est discrète de présentation, médiocre de caste et souvent faible de pattes. 6 toros, 6 piques.
   Le public a quasiment rempli les arènes. C'est un public gentil sans être triomphaliste et qui garde certains critères. Ainsi le deuxième toro est sérieusement protesté pour sa faiblesse et son manque de trapío.
   Sébastien CASTELLA fait preuve de professionnalisme mais il lui a manqué l'étincelle que les toros n'apportaient pas.
   Ivan FANDIÑO, au contraire, est en permanence animé par une éclatante volonté de triompher. Avec, en plus, un toreo à la hauteur de ses ambitions. Sa faena  au cinquième fut marquée par la sincérité, le dominio et la profondeur. Deux oreilles méritées après une bonne entière.
   Sans pousser le contre-ut, Alejandro Talavante construit bien ses faenas et se montre efficace épée en main (oreille et oreille).
























NB
Jueves la Saca
On peut voir sur l'affiche de la feria une photographie qui interroge. Il s'agit de l'évènement taurin le plus original de la feria, attesté depuis le XVIème siècle. Au cours de ce qui s'apparente à une abrivado, les douze novillos qui seront combattus le lendemain sont amenés depuis le monte Valonsadero situé à cinq kilomètres de la ville jusqu'à la plaza de toros.
Pour plus de précisions sur cet évènement et bien d'autres, tant ces fêtes semblent regorger de richesses, voir le site très complet : sanjuaneando.com

jeudi 3 juillet 2014

Soria (2)

Sabado Agés

   Dans le déroulement des Sanjuanes de Soria chaque jour a sa spécificité. Le samedi, les douze Cuadrillas (sorte de peñas qui sont l'émanation de chaque quartier de la ville) organisent la distribution à la population de la viande des douze novillos (un par quartier)  tués la veille lors des novilladas non piquées données dans des arènes survoltées. Dans la soirée a lieu la vente aux enchères des abats.


Corrida d'Adolfo Martin

   Demi-arène d'un public composé essentiellement d'aficionados pour une corrida d'Adolfo MARTIN brave sous neuf piques et de jeu inégal par la suite. Difficile le lot de Javier CASTAÑO, faible et sans caste celui de Manuel ESCRIBANO, les meilleurs pour Morenito de ARANDA avec le bon troisième, un toro complet, ovationné à l'arrastre, et le noble sixième.
   L'évènement de la course fut la blessure de David Adalid par le cinquième toro. La fameuse cuadrilla de Javier Castaño s'est montrée toute l'après-midi très en-dessous de sa réputation; lors de sa dernière paire, David Adalid, déjà hésitant et sans réussite lors des poses précédentes, trébuche devant le toro qui le prend au sol et lui inflige un coup de corne dans la cuisse.
   L'ovation de la tarde sera destinée à Luis Carlos Aranda pour une magnifique paire au sixième. Son maestro, Morenito de Aranda, avec une actuation certes pleine de classe, mais manquant d'entrega et de dominio et achevée par des épées calamiteuses, ne saura profiter d'un sorteo particulièrement favorable.
  






















Photos Velonero

mercredi 2 juillet 2014

Soria (1)


Soria inspiratrice de poètes

                     ¡Soria fria! La campana
                    de la Audencia da la una.
                     Soria, ciudad castellana
                   ¡tan bella! bajo la luna.
                       Antonio Machado


   Petite capitale de province, éloignée, depuis la fin de la transhumance et du commerce de la laine, des grands axes de communication et de production, Soria a su retenir l'intérêt des poètes. Ce sont tour à tour Gustavo Adolfo Becquer, poète romantique du XIXème siècle, puis Antonio Machado et Gerardo Diego au début du XXème qui trouvèrent dans le charme de la vieille cité castillane, de ses alentours ... et de ses femmes une inspiration pour leur œuvre poétique.




















 Antonio Machado devant le lycée de Soria ou il fut professeur de langue française de 1907 à 1912. Ces cinq années révélèrent au poète l'âpre terre de Castille qui sera l'une des sources les plus fécondes de son œuvre en particulier dans le magnifique recueil "Campos de Castilla" paru en 1912.
























Proverbios y cantares VIII

Entre el vivir y el soñar
hay una tercera cosa
Adivínala.
Proverbios y cantares V



















Il épouse en 1909 Leonor, jeune Soriana de 16 ans qui décède de la tuberculose en 1912.

Soñé que tú me llevabas
por una blanca vereda,
en medio del campo verde,
hacia el azul de las sierras,
hacia los montes azules,
una mañana serena.

Sentí tu mano en la mía,
tu mano de compañera,
tu voz de niña en mi oído
como una campana nueva,
como una campana virgen
de un alba de primavera.

¡Eran tu voz y tu mano,
en sueños, tan verdaderas! ...
Vive, esperanza, ¡quien sabe
lo que se traga la tierra!




















Gerardo Diego, poète avant-gardiste ... et taurin, fut lui aussi nommé, quelques années plus tard, professeur au lycée de Soria. On le voit ici devant le luxueux Casino Numancia dont il était socio. Le troisième étage du casino est aujourd'hui un musée dédié aux poètes de Soria.



J'ai rêvé que tu m'emmenais  sur un blanc sentier 
parmi la verte campagne,  vers l'azur des sierras,
vers les montagnes bleues,  par un matin serein.
J'ai senti ta main dans la mienne,  ta main de compagne,
ta voix d'enfant à mon oreille  comme une cloche neuve,
comme une cloche vierge  d'une aube de printemps.
Ta voix et ta main, en rêve,  étaient si vraies!...
Vis mon espérance! qui sait  ce qu'emporte la terre!


photos: Velonero