mardi 18 février 2014

Théorie du genre : les taureaux aussi

Ce blog s'est toujours voulu un parangon de bonne moralité. C'est pourquoi je voudrais adresser aujourd'hui à toutes les familles bien-pensantes qui me lisent (je sais qu'elles sont nombreuses) une recommandation des plus importantes : N'emmenez surtout pas votre progéniture visiter des toros de combat aux corrals ou aux champs. Vos enfants pourraient en effet être témoins de scènes aussi inconvenantes que celle représentée ici. Et l'on ne sait jamais jusqu'où cela serait susceptible de les mener...


















Voilà ce qui arrive lorsqu'on laisse trop longtemps les garçons entre eux.
Photo tirée du blog Toros y Sanfermines (se méfier aussi des Navarrais)

dimanche 9 février 2014

A la recherche des premiers aficionados



 "Le taureau porte sur la nuque un nœud de rubans fixé par un petit crochet qui entre dans la peau. La couleur de ces rubans indique de quel troupeau (vacada) il sort; mais un amateur exercé reconnaît, à la seule vue de l'animal, à quelle province et à quelle race il appartient." (Prosper Mérimée, 1830)

   A lire ces lignes il est clair que, en 1830, dans la plaza de toros madrilène de la Puerta de Alcala, une aficion entendue existait déjà. Reconnaitre à quel encaste, voire à quel élevage appartient un toro à la simple vue de son apparence est aujourd'hui encore l'apanage des aficionados un tant soit peu avertis des choses du toro.¹

    Plus surprenant, 150 ans plus tôt, en 1679 très précisément, Madame d'Aulnoy, plus connue pour ses contes de fées, nous explique :

   "On donne à manger aux taureaux, on choisit les meilleurs pour la course, et même on les connaît pour les fils ou les frères de ceux qui ont bien fait du carnage aux fêtes précédentes. On attache à leurs cornes un long ruban; à la couleur du ruban tout le monde les reconnaît, et cite l'histoire de leurs ancêtres, que l'aïeul ou le trisaïeul de ces taureaux tuèrent courageusement tels ou tels; et l'on ne se promet pas moins de ceux qui paraissent."

   Ce qui tendrait à prouver que, dès cette époque, les spectateurs ne se contentaient pas d'être les éléments passifs d'un évènement social qui constituait alors une démonstration publique de la grandeur de la noblesse mais étaient capables de porter un regard aigu voire expert (connaissance des lignées) sur les toros combattus. Les premiers aficionados?


 ¹ Lorsque l'on commente la visite que l'on vient de faire aux toros de la feria, il convient généralement de dire : "Ils sont parfaitement dans le type" pour montrer que l'on est vraiment dans le coup. Toutefois affirmer qu'ils ne sont pas du tout dans le type de l'élevage en imposera davantage.


Prosper Mérimée - Lettres d'Espagne
Madame d'Aulnoy - Relation du voyage d'Espagne
   dans Bartolomé et Lucile Bennassar - Le voyage en Espagne, anthologie des voyageurs français et francophones du XVIe au XIXe siècle - Bouquins Robert Laffont

Image tirée du blog Dominguillos : la plaza de toros de la Puerta de Alcala vit combattre les toros de 1749 à 1874