jeudi 29 août 2013

Quelques jours à Bilbao (2)

Samedi
   Pas de miracle pour les Adelaida Rodriguez. Leur problème de faiblesse de pattes bien que moins catastrophique qu'à Vic Fezensac où ils avaient passé l'après-midi à rouler au sol n'est pas résolu. Deux d'entre-eux eurent droit au mouchoir vert, tous les autres, sauf le 6, fragiles des paturons. Une présentation à Bilbao qui tourne donc au fracaso. Même le trapío n'y était pas : malgré leur poids (moyenne 561 kg) plusieurs avaient l'allure de novillos.
   Alberto Aguilar torée très bien un sobrero éléphantesque (675 kg) du Puerto de San Lorenzo, plus grand que lui. L'animal est un manso bonasse et faible. Le Madrilène torée avec douceur et engagement, et, pour une fois, tue bien. Oreille méritée.
   A force de toréer marginalement David Mora se marginalise. Ses faenas s'effilochent, ses toros ne sont pas dominés, le public n'adhère pas. Certes c'est un magnifique capeador mais cela ne suffit pas. Que va-t-on lui proposer l'année prochaine?
   Il me semble que l'on a donné davantage d'importance cette année au tercio de piques : mises en suerte à distance, toro arrêté, cite du picador. L'effet Castaño? ... Pour l'emplacement de la pique c'est autre chose :  même les picadors de première n'y arrivent pas ...

Dimanche
   Retour at home. Très bonne corrida de Victorino vue sur le petit écran, et Urdiales qui sauve sa saison et montre à quel niveau (stratosphérique) se situe son toreo.
   Dans les Landes, la veille, des hordes d'animalistes barbares ont cherché par tous les moyens à attirer l'attention des médias. Dans les arènes de Vista Alegre, ce dimanche, le public est rare. Certes il pleut et certains spectateurs se sont réfugiés dans les partis abritées des gradins, mais chaque siège vide semble occupé par le spectre d'un anti-taurin. Moins tapageur mais plus inquiétant.

mercredi 28 août 2013

Quelques jours à Bilbao (1)

 

Jeudi
   Des Jandilla encastés ça existe. Il en est sorti trois ce jeudi à Bilbao. Le second, con mucho que torear comme on dit dans le jargon taurin, a trouvé son maître en la personne d'Ivan Fandiño. Le hasard fait parfois bien les choses : un toro con casta avec un torero con casta. Une épée un peu décalée lui a sans doute fait perdre la seconde oreille.
   Tout auréolé de ses succès madrilènes (trois oreilles en trois corridas), Juan del Alamo remplaçait Morante de la Puebla. Il brinda son premier toro au maestro sévillan (présent dans les gradas, ce qui est de bonne augure pour la suite de sa temporada) et, sur la lancée, lui coupe l'oreille. Une bonne chose pour le jeune Salmantin, même si le toro était de deux.
   Juan José Padilla était là pour assurer la taquilla et pour que le public puisse donner libre cours à son capital sympathie envers lui. Il a parfaitement rempli son rôle.

Vendredi
   Un bon toro sur six. La série noire continue pour les Fuente Ymbro ... et pour ceux qui, parmi les spectateurs, supportent leur médiocrité depuis Bayonne et Dax ... et pour Ivan Fandiño qui avait beaucoup misé sur eux tout au long de cette temporada. Sans doute va-t-il falloir apprendre à se passer des pupilles de Ricardo Gallardo...
   C'est Miguel Angel Perera qui, aujourd'hui, toucha le bon. Faena dans son style moderne, impersonnel et templé, en essayant de mettre moins de pico que d'habitude (on est à Bilbao). Oreille indiscutable ... mais, pour moi, aucune envie de le revoir.

samedi 17 août 2013

Roquefort : des Valdefresno dignes d'intérêt

A l'issue de la course les appréciations divergeaient sur la qualité du lot de VALDEFRESNO. Personnellement ils m'ont plu. Pourquoi? en trois mots : pour leur trapío, leur poder, leur noblesse.
Trapío : incontestablement les ganaderos ont réussi à obtenir un type de toro d'une grande beauté et homogénéité. Negro zaino, le poil luisant, une ligne harmonieuse, des cornes bien développées et bien dirigées, le tout donnant une impression de sérieux.
Poder : 15 dures piques et une chute, au cours desquelles les piqueros cherchèrent avant tout à détruire (cariocas, pompage), sans d'ailleurs y parvenir puisque tous les novillos sortirent du châtiment guillerets, certains possédant encore une belle mobilité au moment de la mise à mort.
Noblesse : malgré ce traitement, tous mettaient la tête avec franchise dans la muleta et permettaient (auraient permis) de se confier au troisième tiers.
   Certes ces novillos possédaient une bravoure particulière qui n'a rien d'orthodoxe puisque chacune de leur charge, même franche et soutenue, s'apparente clairement à une intention de fuite, avec en particulier une recherche évidente des terrains des tablas. Mais il est bon de rappeler que ce comportement est conforme à leur origine Atanasio Fernandez et que, dans un passé pas si lointain, tous les toreros s'en régalaient.
   Ce jour, si l'on s'ennuya parfois, ce fut en raison du manque de ganas ou de bagage de deux des novilleros de la terna.
   Rafael CERRO, sans envie, se contenta de faire prendre l'air à son costume et à ses outils, ce qu'il fit, il faut le reconnaître, avec une certaine élégance. Le malheur fut qu'il dut tuer trois novillos en raison de la blessure de Gonzalo Caballero.
   Brandon CAMPOS passa inaperçu, sans laisser le moindre souvenir. La pire des choses pour un torero.
   Seul Gonzalo CABALLERO a montré de l'envie, du courage et même de belles capacités techniques puisqu'il sut tirer parfaitement profit de l'attirance du novillo pour les planches ... jusqu'à l'idée saugrenue de lui donner des bernardinas qui lui valurent deux grosses cogidas successives. Oreille de poids après une grande estocade, malgré la douleur, et avant un départ vers l'infirmerie dans l'émotion générale et sous l'ovation que l'on réserve aux braves.

lundi 12 août 2013

Diversité

   Ce qui fait le charme des novilladas de PARENTIS c'est l'assurance de ne pas assister à un spectacle formaté. Ici il ne suffit pas de découper en suivant les pointillés ... rien ne s'ajuste parfaitement, il y a toujours du jeu, un grain de sable.
   Ainsi chaque novillo envoyé par le ganadero salmantin Paco MADRAZO (origine santa coloma) est différent du précédent aussi bien en trapío qu'en comportement.
Le 1 peu en chair, manso, vicieux.
Le 2 avacado, manso perdido (et peut-être en outre malvoyant).
Le 3 léger mais bien fait, avec de la fixité et de la noblesse.
Le 4 soso mais de peligro sordo.
Le 5 con trapío, puissant en 3 piques qui malmènent picador et cheval; mais de peu de fond, il se réfugie aux tablas à la première occasion.
Le 6 le meilleur de l'envoi, fixe et noble.
   Les trois novilleros actuèrent en novilleros c'est à dire pleins de bonne volonté et de courage.
Mario ALCALDE avec l'expérience que donne le temps.
Tomas ANGULO sans se démonter face à l'adversité.
César VALENCIA, le mieux servi, connectant facilement avec les tendidos, terminant ses séries par de magnifiques pechos, mais avec le défaut d'abuser des positions fuera de cacho.
Hélas, tous trois eurent un point commun, celui de faire un usage calamiteux des aciers tauricides.
   A noter et à saluer, l'initiative des organisateurs d' offrir un prix conséquent (1500 €) au meilleur picador de la feria. Du coup, tout le monde s'applique : novilleros et cuadrillas pour la mise en suerte, picadors pour essayer de bien piquer. Je dis bien essayer parce que les toros étant ce qu'ils sont et les hommes à l'avenant, les résultats pouvaient être difficilement meilleurs que ce qu'ils furent. Ainsi va le monde...

mardi 6 août 2013

Jack-Alain Léger

Auteur d'un disque culte au début des seventies, écrivain polyfacétique, amateur de corrida, pédé, maniaco-dépressif, Jack-Alain Léger, alias Melmoth, alias Dashiell Hedayat, alias Paul Smaïl, alias Daniel-Louis Théron s'est suicidé le 17 juillet dernier.


"La joie que je connais ce soir dans les arènes de la Maestranza, cette joie est nouvelle, soit, mais ne m'est pas inconnue. Elle est faite de tout ce que j'ai vu, entendu, retenu; de tout ce que j'ai vécu. Elle est aussi la manifestation heureuse d'un pessimisme fondamental, natif. Comme telle, elle est  a recibir. A provoquer et recevoir avec toute sa violence, toute sa charge d'affects. Elle est à accepter avec grâce car elle donne un nouveau coup de grâce au passé. Nouvelle victoire sur la bête! Elle est intelligence du présent, intelligence avec le présent. Accord avec ce qui est et ce qui advient. Temple."

Extrait de Maestranza publié en 2000 aux éditions L'Arpenteur, livre surprenant et recommandable, ni essai ni roman ce qu'on voudra.





















Obsolete de Dashiell Hedayat 1971