mardi 30 avril 2013

Prétendants

Constatation / consternation
   Au cours de ces dernières années, malgré un nombre toujours aussi important de prétendants, l'escalafon des matadors de toros a affiché une accablante incapacité à se renouveler. Il faut remonter à 2007 avec l'alternative de Daniel Luque pour trouver un jeune matador capable d'alterner régulièrement avec les principales figures. Aujourd'hui, parmi les matadors récemment doctorés, seul Jimenez Fortes (alternative en 2011) apparaît dans les cartels des principales ferias.
   Peut-être faut-il voir dans ce vide une des explications aux difficultés actuelles des arènes à renouveler leur public.
   Peut-être faut-il y voir aussi la faillite des écoles taurines et d'un certain mundillo qui se sont imaginés que le meilleur moyen de former les toreros consistait à les protéger au maximum des aleas de la profession. On se souvient encore avec consternation des propos d'un novillero sin verguenza cherchant à se disculper d'un fracaso madrilène en accusant l'excès de combativité des novillos qui lui avaient été opposés.

Espoir
   Par le biais du petit écran, j'ai pu voir le rude combat mené contre les novillos de Guadaira mais aussi contre les éléments déchaînés (froid et vent) par les trois novilleros qui participaient à la finale des novilladas d'avril de Las Ventas. Rafael Cerro, Tomas Campos et Brandon Campos ont montré qu'ils avaient les qualités morales requises pour continuer leur route dans le monde des toros.
   Ils ont donné à penser qu'un renouveau était possible, que l'espoir était permis de voir de nouveaux toreros apparaître et tenir leur place au plus haut niveau.
   D'autant qu'ils ne sont pas les seuls : on parle beaucoup d'un certain Roman du côté de Valence, de Lama de Gongora du côté de Séville; on parle aussi de Posadas de Maravillas, de José Garrido. D'autres, encore anonymes, n'attendent qu'une occasion pour se signaler aux yeux de l'aficion.
   Parmi eux, il faut l'espérer, les valeurs de demain.

dimanche 14 avril 2013

En relisant Claude Popelin (8)

"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement". Claude Popelin, dans ses claires définitions de l'art tauromachique, est un peu notre Boileau à nous, aficionados. Exemple :


Lidia   [combat]  Désigne la très importante conduite du combat d'un taureau, dictée par l'observation de son comportement et seule capable d'assurer l'emprise de l'homme. Ainsi que disent les toreros, tout taureau a sa lidia particulière. Il faut donc la trouver et l'appliquer courageusement, avant de songer à briller dans des passes, à moins que l'animal n'offre vraiment aucune difficulté et se livre naïvement au jeu du matador.
  Le choix des suertes et leur exécution sont commandés par cette considération. Même les subalternes de la cuadrilla (picadors et banderilleros) y ont leur part, sous la direction de leur patron. Le matador le plus ancien au programme porte la responsabilité de la surveillance générale du combat et doit exercer son autorité chaque fois qu'elle est en cause. Le cas échéant, il assistera de sa compétence un collègue débordé. Aussi le qualifie-t-on de "directeur de lidia".
  Un objectif important de la lidia est également de tirer du taureau tout ce qu'il a de bon et de le mettre en valeur dans chacun des trois tercios, et pas uniquement au dernier. Ainsi, les suertes, de cape, de piques et de banderilles reprennent-elles leur sens et leur variété.


dimanche 7 avril 2013

Les cartels de la Madeleine 2013

Mardi 16 juillet
   concours landais

Mercredi 17 juillet
   Fuente Ymbro
El Juli - Matias Tejela - Ivan Fandiño

Jeudi 18 juillet
   Nuñez del Cuvillo
Enrique Ponce - José Maria Manzanares - Daniel Luque

Vendredi 19 juillet
   El Tajo La Reina (Joselito)
Juan José Padilla - Ivan Fandiño - Thomas Dufau

soir : corrida portugaise

Samedi 20 juillet
matin : novillada Fuente Ymbro
Roman - Clemente

   Victorino Martin
Juan Bautista - Alberto Aguilar - David Mora

Dimanche 21 juillet
   Escolar Gil
Fernando Robleño  -  Javier Castaño


Difficile de faire la fine bouche devant des cartels aussi bien rematés.
Ce qui m'enchante : le retour des Victorino Martin, élevage emblématique du Moun et leur competencia (à distance)  avec les Escolar Gil qui sortiront le lendemain; la présence d'El Juli et d'Ivan Fandiño face aux Fuente Ymbro, retour à la normalité pour le Madrilène et perspective d'une belle competencia entre les deux.
Je note par ailleurs que, pour Ivan Fandiño, ces cartels constituent une consécration. Il sera le seul à doubler ... face à des domecqs.
Un seul regret, l'absence de Morante mais il est indéniable que Mont de Marsan nous offre cette année des cartelazos dignes de tous les éloges.

image : Affiche Madeleine 2013



  

lundi 1 avril 2013

A propos de la corrida de Yonnet à Aignan

Il m'a semblé que, avec des vertus pédagogiques indéniables, les beaux toros d'Hubert Yonnet combattus en ce dimanche de Pâques à Aignan posaient au public la question : "Qu'est-ce qu'un toro brave?". S'ils donnaient parfois de fausses pistes, c'était pour mieux démontrer au final leur véritable condition.
Ainsi Aramis et Pescaïre respectivement sortis en deuxième et cinquième positions (le lot de M. Escribano) purent-ils donner le change en partant parfois de loin vers le piquero. Mais jamais ils ne poussèrent et rapidement ils sortirent du cheval. La suite de leur combat confirma ce comportement. Ils répondaient au cite du muletero avec noblesse mais aussi avec une fadeur et un manque de combativité qui les apparentaient à certains toros d'élevages plus commerciaux. Tout au plus pourraient-ils prétendre au qualificatif assez peu élogieux de bravitos.
Parpaïo en revanche, sorti troisième, après une hésitation qui aurait pu le faire passer pour un toro manso, livra une lutte terrible contre picador et cheval. Mettant toute son énergie dans le combat, il poussa la place forte sur plusieurs mètres, désarçonna le picador, enfin, interminablement, chargea le cheval maintenu à grand peine par un monosabio, sans qu'aucune manœuvre, pas même plusieurs quites coleandos, ne puisse le détourner de sa proie. Il prit une deuxième dure pique en poussant. Au troisième tiers, il ne cessa d'aller a mas, avec une charge longue et profonde sur la corne droite, mettant en difficulté son maestro (Alberto Aguilar) à la moindre approximation de celui-ci et vendit enfin chèrement sa peau à l'heure de la mort. Un toro authentiquement brave.
Je placerai dans la même catégorie Altara qui prit trois piques sérieuses en poussant puis par ses charges puissantes mais qui semblaient franches causa la déroute de Rafaelillo.
Parpaïo et Altara deux toros braves, deux raisons d'espérer pour Hubert Yonnet.