mardi 19 juillet 2011

Madeleine 2011 : une corrida de verdad

La banalité des cartels de cette Madeleine ne m'ayant pas incité à reprendre mon abonnement j'ai jeté mon dévolu sur la corrida du lundi. Des amis de bon goût m'assurent que samedi Alejandro Talavante a eu une excellente actuacion face à un Nuñez del Cuvillo et que, le lendemain, Matias Tejela a connu une grande journée face à deux bons toros de Margé.

Quel lot celui de Samuel FLORES en ce lundi 18 juillet! Un corridon! Et quelle personnalité  chez ces toros mêlant en permanence et à des degrés divers selon les individus mansedumbre et bravoure. Deux d'entre eux (le 2 et le 5) hélas se lésionnèrent à un pied  et ne purent donner toute leur mesure. Mais il y eut deux très bons toros. Infantil le premier, poussant fort jusqu'à la chute sous la première pique puis con mucho que torear au dernier tiers, puissant, mobile, bronco; cela ajouté à une armure extrêmement  développée faisait de lui un adversaire particulièrement redoutable. Juagarzo enfin le sixième qui alterna au premier tiers ruades de manso et poussées dévastatrices (sur plus de 20 mètres face au cheval de réserve qui parvint remarquablement à conserver son équilibre). Un toro d'une grande fixité et noblesse au troisième tiers. Deux toros enfin chez lesquels domina la mansedumbre (le 3 et le 4).

Bien qu'il ne soit pas parvenu à triompher pleinement Enrique PONCE (salut et vuelta) sort grandi de l'épreuve. D'abord parce qu'il est le seul matador du G10 à accepter d' affronter des toros d'un tel trapío et d'un encaste non encore aseptisé. Ensuite parce qu'il réussit, face aux plus difficiles de l'après-midi (l'un par son agressivité qui paraissait indomptable, l'autre, à l'inverse, par son refus du combat et ses fuites incessantes), en puisant dans ses réserves les plus extrêmes de sang froid, de savoir torero et d'amour propre, à dominer in fine ses deux adversaires. Des lidias passionnantes à suivre et à l'issue longtemps incertaine. De la vraie tauromachie en somme.
Juan BAUTISTA m'a semblé être venu à Mont de Marsan avec la ferme intention de ne pas salir son costume. Mission accomplie.
Alberto AGUILAR toréa bien Juagarzo sur sa droite mais son incapacité à tuer lui fit perdre toute possibilité de trophée.

Au bilan de l'après-midi, des toros imposants, une vingtaine de piques, trois chutes de picadors, des combats : bref une corrida.


Je m'envole demain pour un pays où le taureau est le symbole de la puissance de l'argent... Suerte à Tyrosse et Orthez...

mercredi 6 juillet 2011

Tiroirs



Dans les maisons il y a des meubles qui ont des tiroirs. Dans les tiroirs il y a des trésors. Parmi les trésors qu'enfant j'avais plaisir à retrouver, il y avait une série de photographies d'encierro rapportées par mon père d'une escapade à Pampelune. Et parmi ces photographies celle-ci que je ne pouvais regarder sans une pointe d'effroi. Cette petite fille sous la menace de ces cornes si acérées avait-elle survécu? Et ces gens qui semblent tous porter le deuil et que la panique fait trébucher se sauveront-ils?
Ce n'est que bien des années plus tard que je découvris, au hasard d'un article ou d'un livre, les circonstances de l'accident et l'absence de toute jeune victime.
Aujourd'hui je vois dans cette photo une métaphore de l'état de l'Espagne en juillet 1939, exsangue, à genoux, après trois années de guerre civile et la victoire sans pitié des franquistes.


Le 8 juillet 1939 Liebrero  de Sanchez Cobaleda rompt l'unique barrière de l'encierro matinal et sème la terreur parmi les spectateurs. Il épargna l'enfant mais blessa une femme avant de mourir sous les balles d'un garde civil. L'année suivante on décida d'installer une double barrière.

photo Galle