samedi 28 mars 2009

La corrida du siècle

Madrid 1 juin 1982
Toros de Victorino Martin
Ruiz Miguel - Luis Francisco Esplà - José Luis Palomar

L'excellent blog Sol y Moscas a récemment mis en ligne cette fameuse corrida dite ''corrida du siècle''.
Elle fait partie des trois corridas intégrales que je possède dans ma vidéothèque taurine, il m'arrive donc de la regarder de temps en temps, la dernière fois il y a quelques jours à peine.
Bien sûr l'appellation corrida du siècle n'est pas à prendre au pied de la lettre, mais il est rassurant de constater que cette dénomination hautement symbolique a été donnée à une corrida où furent lidiés de véritables toros de combat. Et par trois toreros qui, même si deux d'entre eux sont d'authentiques figures de la tauromachie, ne comptent pas parmi les plus célèbres du siècle. Et que dire de José Luis Palomar, modeste torero soriano, si poignant ce jour-là dans son désir d'être à la hauteur d'un évènement qu'il contribuait ainsi à créer.

Des toros de Victorino deux furent supérieurs, les deux de Ruiz Miguel. Pobreton, le premier de la tarde est sans doute le meilleur de l'encierro. Avec ses 509 kg - vous avez bien noté 509 kg! - son trapío est parfait, il donne une impression de toro fait, harmonieux, alluré. Une des grandes réussites de Victorino, c'est aussi cela : produire des toros de 500 kg qui paraissent bien plus sérieux que la plupart des bœufs gras de 600 kg que certains ganaderos croient bon d'envoyer à Madrid régulièrement. Et puis trois vraies piques en partant avec alegria et en poussant sous le fer.
A Luis Francisco Esplá les deux extrêmes : une alimaña con mucho poder, puis un toro pastueño à l'excès après avoir fléchi au premier tiers.
Les deux de José Luis Palomar dans l'honnête moyenne de ce que produit aujourd'hui encore l'élevage.
Esplà, ce jour-là, a explosé aux yeux de l'aficion. Il a montré les deux facettes de son talent : macho, lidiador et poderoso à l'un; con temple y adornandose à l'autre.
Le grand Ruiz Miguel est franchement passé à côté du premier, trop d'hésitations, d'accrochages. Il se retrouvera à son second pour une faena parfaitement adaptée au toro (deux grandes séries de naturelles).
Et José Luis Palomar, le modeste José Luis Palomar, quelle leçon de toreo il a donné! Il a tout tenté, beaucoup raté (le cœur devait battre fort) mais beaucoup réussi malgré tout. Toreo pur, profond, dominateur et de saveur ancienne. Ah! ces naturelles citées de face et ces ayudados por alto au sixième! Et cette manière d'incurver l'épée contre la barrière au début de chaque faena, semblant dire au public : "Regardez, je vais toréer avec l'épée de verdad et lorsque, à la dernière passe de la faena, le toro sera dominé et cadré, je le tuerai. Ainsi faisaient les grands maestros des temps anciens."
Et les piques de Rubio de Quismondo, les banderilles d'El Formidable, la lidia de Martin Recio!

Pour finir, la sortie en triomphe dans une ferveur typiquement espagnole, mélange de grandiose et de grotesque.
Voici qu'en écrivant les derniers mots de ce texte une question me vient à l'esprit : A la fin de l'actuel XXIème siècle, à quoi ressemblera la ''corrida du siècle"?

samedi 21 mars 2009

Anagrammes taurins

On sait qu'en chaque mot se cachent d’autres mots qui peuvent enrichir la signification du mot original.
Ainsi, peut-on faire une correspondance entre la noblesse vigoureuse d’un bon Domecq (il en existe encore) et la soyeuse rondeur d’un Médoc .
Voici d’autres exemples que nous offrent les noms d’élevages de toros de combat espagnols. Libre à chacun d’en trouver de nouveaux.

La Quinta – Taquine là
Palha – Y a pal
Cobaleda – Bal et cadeau
Galache – Egale chat
Prieto de la Cal – Eclat de torpille
Albaserrada – Sade à la barre
Pablo Romero – Beau pâle héros mort
Partido de Resina – Part d’hérésie en toi
Victorino Martin – Niveau taurin marquis
Cebada Gago – Ah ! ces bogues dagues
Dolores Aguirre – Guerre aux idoles
Perez Tabernero – Trop berné espéra
Torrestrella – Restaure l’art
Murube – Brouet mou
Montalvo – Votant mol
La Corte – Trop calé
Samuel Flores – Mâle fol et rusé

mardi 17 mars 2009

Vic-Fezensac les cartels de la feria 2009

Samedi 30 mai novillada
Flor de Jara (antes Bucaré)
Juan Luis Rodríguez - Juan Carlos Rey - Tomasito

corrida
Escolar Gil
Rafaelillo - Sergio Aguilar - David Mora


Dimanche 31 mai corrida-concours
Miura - Palha - Victorino Martin
Cebada Gago - Escolar Gil - Fuente Ymbro
El Fundi - Javier Valverde - Luis Bolivar

corrida
Fidel San Roman
Diego Urdiales - J. Lescarret - Alberto Aguilar


Lundi 1 juin corrida
La Quinta
L. F. Esplá - El Fundi - Sergio Aguilar


Du solide.
Côté toros la liste des élevages de la corrida-concours fait rêver, du haut de gamme de principio a fin.
Bonne idée d'avoir fait confiance aux toros de Fidel San Roman après l'excellent exemplaire qui était sorti l'an dernier lors de la corrida-concours. L'origine (Villamarta) est prestigieuse, elle est la même que celle des Salvador Guardiola Fantoni. Ils étaient lidiés en leur temps par la famille Guardiola sous l'appellation Señores Guardiola Dominguez avant d'être vendus à l'homme d'affaire (véreux, bien entendu) Fidel San Roman.
Je ne vois, parmi les neuf élevages annoncés pour la feria, aucun élevage français et je me demande si ceux-ci ne sont pas les dindons de la farce de la langue bleue. Quid des Margé bons ici-même deux années de suite? Quant aux Yonnet, depuis leur échec initial il y a maintenant 25 ans, on ne leur a toujours pas donné une deuxième chance!

Côté torero, le cartel de la concours a été logiquement étoffé avec la présence du Fundi. On remarque les deux contrats de celui-ci ainsi que de Sergio Aguilar. Même si on peut penser que le fait d'avoir deux contrats incite à se relâcher un peu sur une corrida, on ne peut que se réjouir de ces doublons. D'autant que derrière il n'y a personne qui pousse.
Heureuse initiative que celle d'avoir permis à Luis Francisco Esplá de venir faire ses adieux, même si le malin torero d'Alicante n'a jamais été (cosas de la vida) un torero de Vic.

dimanche 8 mars 2009

Les moutons sur les prairies fleuries sont monotones

Bel effort d'objectivité samedi de la part de France 3 pour l'émission Signes du Toro. Il était temps!
On ne nous a pas présenté, comme on aurait pu le craindre, l'indulto de Desgarbado comme un sommet de la tauromachie, mais, plus justement, comme un moment étrange, un peu décalé du réel. La qualité des intervenants - François Capdeville, Olivier Deck, Roger Merlin (remarquable dans son recadrage sur ce qui fait l'essence de la corrida) - a sans doute permis aux téléspectateurs de prendre du recul, de se poser des questions. En ce sens l'émission a joué le rôle que l'on est en droit d'attendre de la télévision : témoignage et réflexion plutôt que l'habituelle entreprise de mythification.
Je ne sais comment ceux qui découvraient l'évènement l'auront ressenti mais pour moi le binôme Desgarbado/Perera représente l'illustration parfaite de la corrida light. Un peu comme si, convié à un banquet, on se voyait offrir un hamburger arrosé d'eau gazeuse.
Ce qui me gène le plus dans ce genre de corrida, ce n'est pas son existence, mais le fait que certains voudraient nous faire croire que la tauromachie c'est ça et tentent de l'ériger comme modèle pour l'avenir. Grave contresens, car ce qui, pour moi, ressort de ces images - et j'avais ressenti la même chose lorsque je l'avais vécu en direct - c'est une impression de trop grande facilité. Comment? Être torero ce n'est que cela : faire tourner à l'infini, autour de soi, un animal inoffensif. Tauromachie toxique qui porte en elle sa propre fin car elle s'autodétruit en s'ôtant elle-même le plus grand de ses biens : el valor.
Mais rassurons-nous. Miguel Angel Perera est aussi le torero qui a été héroïque à Madrid cet automne (Dax était pour lui jour de récréation). Victoriano del Rio est capable d'envoyer à Madrid un lot de toro complet. Et Dax n'est qu'une arène de troisième ordre avec un public de troisième ordre.