mercredi 30 juillet 2008

Victoriano del Rio et Dax rois de l'afeitado

C'est en plein milieu de l'insouciance estivale et dans la plus grande discrétion, quand la saison est bien avancée, les cartels établis depuis longtemps, les billets d'entrée achetés, que l'UVTF a choisi de publier les résultats de l'expertise des cornes pour la temporada 2007. Un peu comme un gouvernement qui profiterait de l'été pour faire passer les lois les plus impopulaires.

Il ressort de ces résultats que Victoriano del Rio est le roi incontesté de l'afeitado en France en 2007 avec un score impressionnant mais néanmoins améliorable : 7 cornes touchées sur 8 analysées, dont deux toros de la corrida du 9 septembre à Dax. On aurait pu penser qu'un tel résultat entraînerait des sanctions et bien au lieu de cela Victoriano del Rio a obtenu une promotion puisqu'il fournira cette saison deux lots aux arènes dacquoises. Il me semble que la balle est dans le camp des aficionados locaux.


Elevages qui ont le plus afeité en 2007 :
  • Victoriano del Rio (7 cornes sur 8 analysées)
  • Puerto de San Lorenzo (7/12)
  • Adelaida Rodriguez (4/8)
En ce qui concerne les arènes, c'est Dax qui a le pompon avec 9 cornes afeitées et Vic fezensac la moins indigne avec 2 cornes.
Il est pourtant possible de présenter des lots limpios (avec la réserve que les certificats d'arreglos n'ont pas, cette année, été rendus publics) - y compris lorsque toréent les vedettes - puisque les cornes analysées des élevages ci-dessous ont été jugées limpias par les vétérinaires.
  • El Pilar (qui semble s' etre acheté une conduite)
  • Domingo Hernandez ''Garcigrande'' (idem, au moins pour la France)
  • Los Bayones
  • Margé
  • Hoyo de la Gitana
  • Charro de Llen
  • Antonio San Roman
Pour l'an prochain, les vétérinaires ont du pain sur la planche après ce que l'on a vu aux deux premières corridas de la Madeleine. Les résultats de l'expertise des cornes des Miuras et des Torrestrellas sera particulièrement intéressant. Voici par exemple la photo de l'armure du Torrestrella n° 89, sorti premier et qui mit Enrique Ponce en difficulté.

cornicorto ou travail d'artiste?

PS Voir aussi les intéressantes analyses et propositions sur le site de la FSTF

lundi 28 juillet 2008

L'estocade selon El Fundi

Très bonne initiative que celle des nouveaux programmes distribués à l'entrée des arènes de Mont de Marsan : des entrevues parfois intéressantes (chose rare dans le milieu taurin), des chroniques pas forcément complaisantes de la corrida de la veille.
Je ne résiste pas au plaisir de citer la réponse d'El Fundi interrogé à propos de l'estocade :
"On pourrait penser que la mise à mort se fait toujours pareil, il y a des bases, des temps, or l'essentiel c'est qu'il s'agit d'un prolongement de la faena. Certains toros requièrent un toque brusque, à ceux qui ont chargé avec suavité on ne peut pas leur faire, car ils risqueraient de trop se déplacer. Il faut voir s'ils ont la tête haute, s'ils obéissent, s'ils regardent. C'est le couronnement de la faena, ce n'est pas une chose à part, c'est la conclusion. Voilà peut-être le secret : continuer de toréer pour conclure."


Il s'agit ici de Fernando Cruz à La Brède

dimanche 27 juillet 2008

Madeleine 2008 (III) les toreros

EL FUNDI : A tout seigneur tout honneur, même si sa prestation du dimanche resta discrète, avec notamment une grande responsabilité dans les mauvais tercios de pique du jour et l'assassinat en règle du brave et magnifique quatrième Miura.
Il se racheta le mardi face à deux La Quinta qui l'attendaient au virage. Le premier, qui n'avait pas humilié durant la faena, lui envoya les cornes à la poitrine à la première tentative d'estocade. Malgré cela le Fundi s'engagea à nouveau par deux fois avec un sincérité sublime. Face au genio et aux pitones astifinos de son second, il n'abdiqua jamais malgré une cogida impressionnante, trouvant parfois les solutions et finissant par le dominer. Une journée pleine de pundonor et d'héroisme.


JUAN JOSE PADILLA : Sur le déclin.


RAFAELILLO : Une des plus belles et émouvantes estocades que j'ai vue dans ma vie d'aficionado. J'en avais les yeux tout embués. Elle venait après une faena sincère et parfaitement construite à un bon Miura. Deux oreilles incontestables.

ENRIQUE PONCE : J'essaie de plonger dans mes souvenirs, peut-être une ou deux fois à ses débuts et encore... non, je crois que je n'avais jamais vu le maestro de Chivas aussi en difficulté que face à son premier Torrestrella. Voilà qui sent sérieusement la retraite.

JUAN BAUTISTA : Est-ce parce qu'on l'annonçait en méforme et que j'attendais peu de lui mais je l'ai trouvé bien : classique, élégant, tueur sûr.

DANIEL LUQUE : Sevillanissime! Trincherazos, firmas, aidées par le bas, tout l'arôme du toreo sévillan dans une muleta privilégiée. Pour moi une révélation. Deux oreilles de triunfo grande.

JULIEN LESCARRET : Bon capeador et tueur en progrès; à la muleta en revanche rien ne va : trop de nervosité et d'embrouillamini.

ANTONIO JOAO FERREIRA : D'accord il a eu un sorteo de rêve (même s'il fait une longue carrière il y a peu de chance qu'il retrouve deux toros de cette qualité dans une même tarde). D'accord il est resté bien en dessous des possibilités offertes. Mais ''le petit portugais en qui personne ne croyait'' (à part Richard Millian bien sûr, et ses supporteurs portugais) m'a scotché d'admiration sur mon siège. Calme (un tel calme le jour de son alternative!), sens du placement, toreo de ceinture d'une grande pureté, temple. Une leçon de toreo. Si j'étais apoderado je parierai sur lui.

PEPIN LIRIA : Certes ce n'est plus le Pepin d'il y a dix ans, mais il a été un torero du Moun. En souvenir de tant de tardes glorieuses il a su faire l'effort qu'il fallait et le public a su lui manifester son attachement. Un beau moment. Avec en prime une magnifique série de naturelles con mucho temple.

ANTONIO FERRERA : J'ai du mal à digérer le coup du garrot sur une cuisse qui ne saigne pas. Un geste bien peu torero.

LUIS BOLIVAR : Vaillant.

Alberto LAMELAS : Un épigone de Padilla, sans en avoir le physique, ni, pour l'instant, le souffle.

Juan Luis RODRIGUEZ : Vert, élégant, superficiel.

Miguel TENDERO : Beaucoup plus puesto mais dans un jour sans.

C'est toujours un plaisir de savoir que EL CHANO sera dans le ruedo. Le jour des La Quinta il nous gratifia de deux excellentes paires de banderilles, la première en templant quasiment l'embestida du toro, ainsi que d'une excellente brega.

samedi 26 juillet 2008

Madeleine 2008 (II) les toros

MIURA : Deux points noirs, les cornes qui s'escobillent systématiquement après avoir frappé les burladeros, laissant supposer une manipulation frauduleuse, la faiblesse de pattes de certains; un point positif, la bonne caste générale : bravoure et noblesse, mais attention, quand je dis noblesse, c'est la noblesse du Miura, à qui il ne faut pas raconter de salades.

Alvaro DOMECQ "TORRESTRELLA" : Des cornes très courtes laissant planer un doute sur leur intégrité. Le premier, une teigne, un des rares toros que j'aurai vu mettre Enrique Ponce en difficulté. Le quatrième, le plus beau, fait une sortie tonitruante, puis se fracasse les vertèbres en sautant à la poursuite d'un peon qui se réfugiait derrière le burladero. Finalement un lot assez conforme à ce qu'écrit Alvaro Domecq dans son bouquin : un peu de caste, de la race (le troisième) et beaucoup de noblesse qui tourne vite à la soseria sans intérêt (les deux derniers).
Velonero, le sobrero cinqueño de CHARRO DE LLEN, était sans doute un frère du grand toro du même nom sorti à Vic il y a deux ans. Il fit une sortie de toro corralero, puis se révéla au cheval en provocant deux batacazos, mais il ne tint pas la distance au dernier tiers refusant vite tout combat en se réfugiant au toril.

Novillada de BUCARE : Bien présentée, avec la variété de la caste santacoloma qui fait que l'on peut passer, dans un même lot, voire chez un même animal, d'une grande noblesse à la difficulté du toro qui semble avoir tout compris du jeu qu'on lui propose.

LA QUINTA : le sommet de la feria, peut-être de la temporada dans le sud-ouest. Frasquito, qui ouvrait le ban, sera honoré d'une vuelta al ruedo. C'est un magnifique cardeño typique de la casa. Paradoxalement, il fait une véritable sortie de bœuf de labour, marchant tranquillement, reniflant, refusant d'entrer dans les capes. Mais tout change dès qu'il est confronté au picador : une première pique, avec chute du cheval, suivie de deux autres sous lesquelles il pousse en brave. A la muleta beaucoup de fixité et de la noblesse sur les deux cornes. L'autre toro de l'après-midi sera le dernier, moins en vue à la pique, mais d'une noblesse pour chanter le toreo. Hormis le 5 en retrait, les autres d'un haut niveau avec leur pointe de noblesse (le 3) ou de sournoiserie encastée (le lot du Fundi).

VICTORINO MARTIN : Où placer la barre pour les toros du sorcier de Galapagar? Doit-on se contenter de l'encierro de ce jour? Certes le lot est largement supérieur à tout ce qui se voit habituellement dans les corridas de la région (si l'on excepte certains sommets comme les Escolar Gil de Vic ou les La Quinta ici même). Il y eut en particulier deux très bons toros : le premier, brave et noble, le cinquième, très encasté, à la charge puissante. Mais le reste est bien moyen. Et, en fin de compte ce qui m'a le plus déçu, c'est la présentation. Bien sûr le type est magnifique, mais l'ensemble affiche un très net manque de présence physique, certains exemplaires ayant la taille d'un top model plutôt que d'un toro de combat. Avec, en outre, des cornes qui parfois se détériorent rapidement. Je suis loin d'être partisan du toro grand et gras, mais l'inverse a ses limites et ce qui est acceptable en novillada ou dans un pueblo l'est moins dans une arène comme Mont de Marsan.

un novillo de Bucaré

vendredi 25 juillet 2008

Madeleine 2008 (I)

La Madeleine, ça commence par un problème de cornes. Celles des Miuras qui s'abîment chaque fois qu'ils cognent contre le burladero. Celle des Torrestrellas, très courtes. Ils auraient eu fière allure ces Torrestrellas avec quelques centimètres de pitones en plus!
A cela s'ajoute un problème de pique. Puisque les organisateurs ont signifié leur mépris pour le tercio de piques, maestros et piqueros s'en donnent à cœur joie. Mises en suertes bâclées, pique unique interminable avec pompage, charcutage, cariocas. Efficacité garantie. Et un résultat paradoxal : quatre ou cinq toros braves rendus inutilisables par une mesure dont le but était précisément de favoriser le jeu des toros au troisième tiers. Il me semble pourtant que les toreros, s' ils savaient qu'une deuxième pique suivra impérativement, seraient obligés de mesurer le châtiment lors de la première rencontre.

Et puis un jour vient la grande corrida. De beaux et bons toros de La Quinta. Des toreros con pundonor. Des lidias justes. La réconciliation du public avec sa feria.

Du coup, je vends ma place pour la corrida de Ventorrillo. Voir les vedettes couper des oreilles ne m'intéresse plus. Je veux rester sur le buen sabor de boca des La Quinta jusqu'à la corrida de Victorino.

Finalement, dans l'emportement d'une feria réussie, tout s'achève sur un peu de triomphalisme (oreilles après estocades défectueuses, salida a hombros inopportune du mayoral de Victorino).

dimanche 20 juillet 2008

Alvaro Domecq "Torrestrella" - ganaderias

Liste des ganaderias de procedencia (en totalité ou en partie) Alvaro Domecq "Torrestrella"
  • Guadalest
  • Fernando Peña
  • Aldeaquemada
  • Condessa de Sobral
  • Cebada Gago
  • Cayetano Muñoz
  • Santiago Domecq
  • Torrealta
  • Juan Antonio Ruiz Roman
  • Carmen Segovia
  • Astolfi
  • Antonio San Roman
  • La Dehesilla
  • Varela Crujo
  • Laurentino Carrascosa
  • Juan Albarran
  • Aquilino Fraile
  • La Reina

samedi 19 juillet 2008

Alvaro Domecq El toro bravo - citations

"Despacio, como planean las águilas seguras de sus prisas. Despacio, virtud suprema del toreo. Despacio, como se apartan los toros en el campo. Despacio, como se doma un caballo. Despacio, como se besa y se quiere, como se canta y se bebe, como se reza y se ama. Despacio."

Sur le poids des toros :
"Qu'il soit entendu que, en ce qui concerne les toros, le poids, pour moi, tient moins d'importance que le trapío, l'estampe du toro brave." (19 El peso y el trapío)

"Cet excès de kilos, maintenant que sont combattus des toros de 600 kilos et plus, conduit à ce que les toros deviennent aplomados, se transformant en gigantesques blocs de marbre. Ce n'est pas qu'ils ne voudraient pas embestir; c'est qu'ils ne peuvent se déplacer durant quelques minutes sans s'asphyxier. Le toro ''regordío'' porte atteinte à la lidia que l'on désire, basée sur une suite de mouvements continus." (46 Los pastos, la alimentación)

Sur les toros qui tombent :
"La mission du ganadero aujourd'hui est de bannir en les envoyant à l'abattoir toutes les vaches qui accusent un manque de force... Les sementals, il faut les choisir avec de l'énergie et des forces si nous voulons annuler ce défaut qui est si important aujourd'hui dans toutes les ganaderias." (30 La selección)

"Parmi les toros qui ont la même alimentation, certains tombent et d'autres ne tombent pas; certains ont de la force et d'autres pas." (46 Los pastos, la alimentación)

Sa grande interrogation sur les rapports de la bravoure et de la suavité :
"Voici un danger qui nous guette à tous, dans ce compliqué et subtil monde des toros. Que le mot ''suave'' ait lors de la prueba du becerro plus d'importance que le mot ''bravoure''. Parce que, jusqu'à quel point noblesse et codicia pourront rester liées? jusqu'à quel point une suavité excessive et permanente ne peut affaiblir la bravoure? jusqu'à quel point un toro très suave commence à ne plus être un toro brave brave?" (33 La suavidad y la seriedad del toro)

Sur les toros qui grattent :
"Gratter le sol est considéré comme raison suffisante pour éliminer car cela dénoterait un manque de bravoure. Toutefois on voit des toros d'une classe et d'une bravoure extraordinaire qui, parfois, grattent le sol. Cela réduit les points dans un examen de bravoure, mais cela ne disqualifie pas, car il y a des toros qui, tout en grattant, font preuve d'une bravoure de très grande qualité." (32 La bravura en si)

Deux toros, récents vainqueurs des corridas-concours de Saint Sébastien et Vic Fezensac viennent corroborer cette opinion car tous deux, de grande bravoure, ont gratté durant leur lidia.

Enfin, sur la souffrance du toro, bien avant les travaux de Juan Carlos Illera :
"Je soutiens que le toro ne souffre pas ou souffre peu durant la lidia, si celle-ci s'effectue harmonieusement, de manière continue et sans laisser l'animal se refroidir.
La colère joue le role d'analgésique de la douleur et le toro est une poudrière de colère concentrée." (31 El secreto de la bravura)

NB traduction personnelle SGDG



vendredi 18 juillet 2008

Alvaro Domecq El toro bravo

Les livres de ganaderos sont rares. Celui-ci fut publié en 1985. En une cinquantaine de courts chapitres d'intérêt inégal, le célèbre ganadero jerezano traite de tout ce qui concerne l'élevage des toros depuis la naissance des becerros jusqu'à la contratacion des corridas.
Alvaro Domecq y Diez n'est pas le premier ganadero venu. Fils de Juan Pedro Domecq y Nuñez de Villavicencia, il fut dès son plus jeune âge immergé dans l'élevage paternel (lorsqu'il n' était pas en pension chez les jésuites bordelais) et assista donc à la création du fameux croisement Veragua La Corte à l'origine de la majorité des élevages d'aujourd'hui. Homme de campo et de chevaux, il fut dès les années quarante un excellent rejoneador. Il créa son élevage ''Torrestrella'' en 1954 et parvint, en mélangeant les sangs de Curro Chica (Veragua/Ibarra), Carlos Nuñez et Juan Pedro Domecq, à créer son propre encaste. Ce fut une réussite qui a permis à la ganaderia de se maintenir au premier plan durant 50 ans, alternant toutefois les périodes fastes avec des baches au cours desquels la faiblesse l'emportait sur la caste. Alvaro Domecq n'hésita pas à vendre vaches et sementals à ses collègues ganaderos et aujourd'hui un nombre non négligeable d'élevages sont basés sur son sang.
S'il se fait le chantre d'un mode d'élevage traditionnel, Alvaro Domecq fut aussi parmi les premiers à utiliser les ressources des progrès scientifiques de la fin du siècle passé : insémination artificielle, banque de sperme, recherches sur la cause des chutes de toro.

C'est au milieu du livre, dans les chapitres sur la sélection et sur la bravoure, que l'auteur nous fait part de sa conception du toro et de ses principes en ce qui concerne la conduite de son élevage.
Pour lui, la bravoure est la qualité qui consiste pour le toro à foncer (embestir) vers tout ce qui bouge devant lui."Précisément cette énorme, tragique, interminable arrancada vers l'avant, contre tout et contre tous, et qui ne se terminera qu'avec la mort, est l'expression qui caractérise un toro brave".
La classe est une forme d'embestir en galopant, en mettant la cara et, face au cheval, en poussant avec les reins.
Il distingue la race de la caste. La race est la sublimation de la bravoure. Elle illumine le ruedo et tous les spectateurs la perçoivent; elle s'exprime par exemple au moment de la mort lorsque le toro résiste, debout, jusqu'à son dernier souffle.
La caste est essentiellement nerf et tempérament. Elle peut aussi exister chez le toro manso. Elle donne beaucoup d'intérêt à la lidia. Mais son équilibre est très difficile à trouver au sein d'un élevage. Absente, elle donne des toros dociles et faibles, en excès,elle rend les toros illidiables et donc invendables.

Tout au long du livre on sent que le rapport entre suavité et caste est la grande problématique du ganadero. Il est bien conscient que la recherche par certains éleveurs d'une trop grande noblesse les a conduits à une perte de bravoure, mais il se méfie des excès de caste qui rendent difficile le toreo que réclame la majorité du public d'aujourd'hui et posent à l'éleveur des problèmes de commercialisation.

Il me semble que les fluctuations de l'élevage de Torrestrella sont une parfaite illustration des préoccupations d'Alvaro Domecq. Il a parfois réussi à trouver l'équilibre entre caste, bravoure et noblesse. En témoigne le grand lot sorti à Madrid pour la San Isidro 1979; ce jour-là, Buenasuerte, primé d'une vuelta al ruedo, permit par sa bravoure et sa caste, un des plus grand triomphe du maestro Paquirri.
Le plus souvent, il a produit des toros d'une grande suavité, recherchés par les figuras et présents dans les grandes ferias. Mais il y a toujours eu dans son élevage un fond de caste qui l'a distingué des autres branches de la famille Domecq. Il suffit pour s'en persuader de voir la modestie du cartel torero qui les affrontera lors de la prochaine feria de Bilbao.
Son élevage a également été touché par les problèmes de faiblesse de pattes. Pour lui les causes de cette faiblesse sont de trois ordres.
Il pense qu'il existe un gène de la faiblesse de pattes que les ganaderos ont laissé s'installer dans leurs élevages en n'éliminant pas lors des tientas les vaches qui avaient un bon comportement mais s'étaient montrées faibles de pattes."En n'étant pas exigeants sur la force de la mère nous sommes tombés dans le manque de force de ses fils."
Ensuite il avance que la recherche excessive de bondad des toros s'est faite au détriment de la caste et que le toro encasté ne tombe pas.
Enfin il n'oublie pas tous les problèmes parasitaires et sanitaires qui contribuent à affaiblir les reses braves.

On a peu vu ces dernières années la devise bleu et or dans les ruedos français. La corrida de lundi prochain à Mont de Marsan sera une bonne occasion de se rendre compte où en est, 3 ans après le décès de don Alvaro, l'élevage de Torrestrella, actuellement dirigé par son fils Alvaro Domecq Romero. La politique du ganadero était d'avoir des lignées pastueñas, d'autres plus encastées et de les mélanger équitablement lors de la constitution d'un lot.Une façon de ménager la chèvre et le chou. A ver...
NB Il existe une traduction française parue en 1993 aux Presses du Languedoc

jeudi 3 juillet 2008

Après la novillada de Roquefort

Voilà une novillada qui aura fait couler beaucoup d'encre (si l'on peut dire car sur internet qu'est-ce qui pourrait couler? la sueur au bout des doigts? l'expression reste à inventer).
C'est tout le charme de la tauromachie de susciter ce genre de discussions qui, vues de l'extérieur, doivent sembler bien byzantines. Et c'est tout l'intérêt d'internet de permettre l'expression de ces opinions. Laurent Larrieu dans Campos y Ruedos livre
une analyse intelligente qui remet, il me semble, les choses à leur juste place. La lecture de ce texte est intéressante à plus d'un titre et notamment pour ce qu'il ne dit pas par des mots mais apparaît pourtant,en creux, comme une évidence. A savoir : si l'on n'accepte pas de voir lidier ces petits novillos aux armures discrètes ça veut dire qu'il faut envoyer pères et mères à l'abattoir, ça veut dire que l'on met en danger de mort un encaste, celui de santa coloma. Au moment où les aficionados se plaignent de l'impérialisme du sang domecq et où, essentiellement grâce aux élevages de La Quinta et de Bucaré, le sang buendía santacoloma est en train de sortir d'un bache profond, ce ne serait pas le moindre des paradoxes. N'oublions pas que la ganaderia de Joaquin Buendía a complètement périclité pour avoir voulu, dans les années 80, suivre la mode du toro grand et cornalon. Il sera à cet égard intéressant de voir le jeu que donneront les toros de La Quinta à Bilbao pour la feria. Il paraît qu'ils ont muchos pitones. Personnellement, je reste sur la déception du lot qui y fut lidié il y a deux ans, irréprochable de présentation mais faible et de mala casta. On le voit, rien n'est simple dans le monde des toros.
Quant aux Roquefortois, ils devraient retomber sur leurs pieds pour le 15 août avec un lot de Gallon que la rumeur annonce con cuajo y pitones. Ce sera du domecq, bien sûr.