vendredi 21 juillet 2017

Madeleine 2017 (2)

La feria de la Madeleine à Mont de Marsan n'est pas de la roupie de sansonnet. En nombre de corrida, il s'agit d'une des plus importantes ferias européennes de l'été : six spectacles majeurs (5 corridas et 1 novillada piquée). Le tout dans des arènes en général pleines d'un public au sein duquel s'expriment, parfois dans le conflit, toutes les tendances de l'aficion, des plus triomphalistes aux plus intransigeantes.   

   Mercredi 19 juillet : corrida de Juan Pedro Domecq

   Faut-il aller voir une corrida de Juan Pedro Domecq ? Au vu des résultats désastreux de la ganaderia depuis le début de la temporada, et même depuis le début de la décennie, et même depuis le début du siècle, la question se pose. Ceux qui se sont abstenus ce mercredi n'ont rien à regretter car s'il fallait qualifier la corrida en un mot ce serait : fadeur, en espagnol : sosería. Les porteurs du prestigieux fer de Veragua souffrent d'un inquiétant manque de caste qui réduit le tercio de pique à sa plus simple expression et qui, malgré ce traitement, n'empêche pas les toros d'aller a menos, finissant avec des charges décomposées. Des toros jolis à regarder mais sans âme. Une exception, le troisième. Un toro comme en rêvent tous les toreros, les figures déjà consacrées comme José María Manzanares aussi bien que les modestes qui ont un besoin urgent de triompher comme Thomas Dufau. Un toro sans trapío, anovillado, sin cara. Après deux picotazos (of course), une charge noble, longue, répétée et avec suffisamment de vivacité pour susciter l'intérêt des étagères. En plein mois de juillet, un toro de sapin de Noël.
   L'heureux élu fut Thomas Dufau et il ne laissa pas passer l'occasion. Depuis la réception par véroniques genou à terre jusqu'à l'estocade finale en passant par un début de faena à genoux suivi de séries de derechazos parfaitement enchainés et templés avec cite de loin, puis une séquence al natural, le Landais, très concentré, sut faire ce qu'il fallait pour couper les deux oreilles de son prodigieux Prodigioso.
   Et j'ai bien peur que Juan Pedro ait pensé : "Ne changeons rien, mes toros sont formidables."

   

  

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