mercredi 26 janvier 2011

Juan Pedro Domecq (2)

17 août 1976, arènes de Dax, 6 toros de Juan Pedro Domecq pour Palomo Linares, Angel Teruel, El Niño de la Capea. Un cartel cumbre pour le jeune aficionado que j'étais alors, avec en particulier la présence de Teruel, mon préféré à l'époque; mais l'insignifiance et l'invalidité des Juan Pedro Domecq arment le scandale. "Certes, des jolis mais très légers Juan Pedro Domecq d'armures fines, on n'attendait guère de titanesques combats, trois se satisfaisant d'une brève varita, seul l'ultime, de Jandilla, rechargeant ... avec fer, et conservant jus et sustentation satisfaisants. Or, non seulement le tiercé (1, 2 et 4), noblotes et sans grande solidité, fut loin d'évoquer les Juan Pedro Domecq d'antan, mais les deux autres allaient être sources de scandales délirants." (Georges Lestié dans Toros n° 1035-1036)
Pour Dax, c'est l'année des scandales après la corrida frauduleuse envoyée deux jours auparavant par Fermin Bohorquez qui avait transformé ses novillos en toros en falsifiant leur guarismo (un 2 rajouté sur le 3!).
Pour les aficionados, une aubaine car on n'a quasiment jamais revu depuis ni Bohorquez ni Juan Pedro Domecq dans notre Sud-Ouest.
Pour moi, une première sans lendemain, je découvrais en effet ce jour-là les toros du prestigieux fer de Veragua; je n'en ai pas revu depuis!
Dans Terres Taurines, ce problème de faiblesse rencontré par l'élevage à partir des années 70 est expliqué par un excès de consanguinité lié à "l'utilisation de deux sementals issus d'unions entre père et mère nés des mêmes parents, ce qui avait permis de concentrer les qualités de ceux-ci, mais avait apporté aussi dans leur descendance divers caractères occultes."
Depuis, les comptes-rendus indépendants (les seuls susceptibles d'être pris au sérieux) nous montrent que l'élevage continue de se traîner dans les bas-fonds : faiblesse permanente quand ce n'est pas invalidité totale, soseria généralisée. De temps en temps, un individu moins faiblard prend ses 80 passes sans broncher. En général, on le gracie et toute la toreria s'en gargarise pendant quelques jours. Enfin dans le meilleur des cas un bon toro rappelle à tous que le sang brave coule encore dans les veines de l'élevage.

Si je suis prêt à donner crédit aux propos de J. P. Domecq sur sa recherche d'une plus grande fiereza c'est que je pense que la noblesse authentique est la conséquence d'une férocité portée à son point extrême. Ce que l'on voit chez les meilleurs Fuente Ymbro (du domecq) mais aussi Victorino, Cuadri et La Quinta.

En revanche mon romantisme taurin a été douché par les affirmations du ganadero selon lesquelles les toros jaboneros de l'élevage ne proviendraient pas du croisement avec les veraguas. Là encore, on peut croire l'éleveur mais on peut aussi s'en méfier. Le propos est peut-être destiné à ne pas effaroucher nos vedettes facilement vacillantes, lesquelles pourraient s'émouvoir à l'idée d'affronter des toros ayant une lointaine ascendance veragua.

Ce qui est sûr c'est qu'au final, la vérité sera dite par le comportement des toros dans le ruedo. Le ruedo, un des derniers lieux où le mensonge ne peut se réfugier?

dimanche 16 janvier 2011

Juan Pedro Domecq

Il faut bien l'avouer, ils sont beaux et passionnants les opus de Terres Taurines. Le dernier en date - n° 30 - consacré au Monde selon Parladé ne faillit pas à la règle.
Bien sûr, comme chaque fois, André Viard ne peut s'empêcher, chaussé de ses gros sabots, de nous fourguer à satiété de la toréabilité et de l'adéquation au marché, son credo d'homme du Mundillo qu'il partage pour l'occasion avec Juan Pedro Domecq Solis autour duquel est construit ce numéro. Reconnaissons lui toutefois le mérite d'admettre que la trop grande prévisibilité du comportement des toros d'encaste Domecq pourrait bien mener la corrida à sa perte et que seule la faculté de résistance des aficionados peut éviter le pire : "Sauront-ils faire entendre leur voix et influer sur la logique des ganaderos...?"

Juan Pedro Domecq justement, quel homme inquiétant! On le connaissait déjà pour ses propos mortifères : le toro-artiste (quel mépris pour les toreros!), la suppression des piques. Il apparaît ici enfermé dans un discours de toute puissance, de maîtrise absolue qui confine à la mégalomanie. L'utilisation du système de traitement informatique des données (intitulé Hal!) qu'il a mis au point en constitue l'aboutissement déshumanisé. Voilà une machine capable de donner à ses toros des moyennes extravagantes de toréabilité! Mais quand, sur le sable de l'arène, la réalité fait place aux fantasmes du ganadero tout s'effondre. Au point que voici deux ans, après trois tardes calamiteuses lors de la feria d'avril, les Juan Pedro ont été bannis de Séville. De fait, ce que le ganadero appelle adaptation au marché et qui lui assure une réussite commerciale indéniable c'est, je crois, l'assurance pour les figuras que ses toros, s'ils ne permettront rien de brillant ni de valeureux au moins ne les mettront pas en difficulté tant ils sont faibles et décastés.

Si l'on en croit André Viard, le ganadero serait conscient, après tant de fiascos, du manque de caste de ses produits. L'exclusion de Seville, les critiques virulentes de l'aficion et de la presse indépendante lui auraient-elles fait sentir que l'adéquation de ses toros au marché risquait de prendre du plomb dans l'aile? Toujours est-il qu'il aurait entrepris ces derniers temps un changement de cap dans la sélection afin d'augmenter la fiereza de ses toros. J'ignore ce que Juan Pedro Domecq met derrière ce beau terme de fiereza (férocité en français) mais rêvons un peu et soyons bon public, donnons lui rendez-vous dans quelques années pour voir si ses toros auront retrouvé cette fiereza qu'ils possédaient il y a un demi-siècle et qui était sans doute encore présente chez Disparate et Opiparo lidiés à Madrid lors de la dernière San Isidro...

samedi 1 janvier 2011

Bonne année 2011 Feliz año nuevo



El toro sale a las cinco

la suerte sale a las seis

a las siete de la tarde

quien sabe como saldré?


(copla flamenca)


photo Velonero